Shingiro Mbonyumutwa:Mes observations sur la recension de François Lagarde

Un certain François Lagarde a recensé tous les écrits publiés sur les événements survenus au  Rwanda au cours de la période 1990-1994 et leur extension dans le monde. Limité par la langue, il avoue ne pas avoir  travaillé sur des mémorialistes s’exprimant en langue rwandaise. « Mémorialistes et témoins rwandais (1994-2013) » est publiés chez L’Harmattan (Paris-2009). Mon intention n’est pas de faire une recension de François Lagarde à mon tour mais de faire quelques observations sur de vielles allégations remises à jour par cette recension par le procédé habituel du copié-collé.

1. Les listes de génocidaires : Rédigées sur dénonciations de ce qu’on appelait naguère « les hutu modérés ou de service », François Lagarde reconnaît lui-même que ces listes publiées par Kigali sont d’une fiabilité incertaine. Ces listes ont été effectivement inspirées par la haine ambiante de l’époque en vue de s’attirer les faveurs du nouveau vainqueur ou de se venger des anciens collègues de parti. Elles méconnaissent manifestement le principe sacré de la responsabilité pénale individuelle.

2. « Il est cité dans les médias du génocide de Jean-Pierre Chrétien pour avoir tenu des propos incitants aux violences sur Radio Rwanda le 21 avril 1994, et s’être exclamé en particulier: « Et que personne ne ralentisse l’effort! »».

« Il est directement mis en  cause dans la pièce du « Groupov, Rwanda 94 ».. La commission  des  réfugiés  de  Bruxelles lui a refusé l’asile politique pour s’être « progressivement investi au service d’un régime génocidaire ». Il n’a pas été inculpé par le TPIR, qui a pourtant pris connaissance de son dossier ».

Parlant de moi, François Lagarde aura néanmoins l’honnêteté de rappeler que malgré toutes ces allégations «  Il n’a pas été inculpé par le TPIR, qui a pourtant pris connaissance de son dossier. » Je confirme. A mon initiative et à 4 reprises, j’ai eu effectivement l’occasion de me présenter au TPIR-Arusha à titre de témoin. Devant les juges du TPIR, le procureur n’a ménagé aucun effort pour soulever ces allégations, mais aucun moindre enregistrement n’était produit pour étayer ces prétendus propos que j’aurais tenus. C’étaient soit de simples interprétations, soit de montages fictifs, ce qui m’a évité effectivement d’être inculpé par le TPIR ni pour comparaitre devant lui ni pour être transféré devant une juridiction nationale (voir www.ictr.org.(état des affaires).

3 François Lagarde dit ensuite lui-même que «  je suis accusé d’avoir été Power » et que j’interprète les choses à ma décharge et de conclure que j’ai  des positions extrémistes. Je maintiens que le slogan power du parti MDR a été détourné en «  hutu power » ce qui n’est pas la même chose. Le slogan Power était un slogan de meeting se référant au pouvoir des urnes par rapport au pouvoir des armes (TIP) que l’on voyait pointer à juste titre à l’horizon Il n’avait pas de caractère de haine ou d’ethnisme. Lors des meetings, la foule ne scandait-elle pas « MDR Power ; PL POWER  .PSD Power » ! Jamais  « hutu power ». L’acquittement par le TPIR de Justin Mugenzi, président du PL est en la meilleure preuve vivante visible même aux aveugles.

 

Bruxelles 25 Novembre 2014
Shingiro Mbonyumutwa

 Extrait du livre de Lagarde ci-dessous en fichier PDF (pp.93-95).

Source: musabyimana.net