Un rapport de l'ONU accuse le ministre rwandais James Kabarebe de commander le M23

NATIONS UNIES (Sipa-AP) — Le Rwanda commande de fait les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) qui viennent de prendre le contrôle de Goma, dans l’est de la république démocratique du Congo (RDC, Congo-Kinshasa), accusent les Nations unies dans un rapport publié mercredi.

« Le gouvernement du Rwanda continue à violer l’embargo sur les armes en fournissant un soutien militaire direct aux rebelles du M23, en aidant au recrutement, en encourageant et en facilitant les désertions au sein des Forces armées de la RDC, et en fournissant des armes, munitions, renseignement et conseil politique », dénonce l’ONU.

« La chaîne de commandement de facto du M23 passe par le général Bosco Ntaganda et abouti au ministre de la Défense du Rwanda, le général James Kabarebe », assène encore le rapport.

L’ONU accuse le M23, composé d’anciens rebelles majoritairement tutsis qui ont fait défection de l’armée régulière en avril-mai, de crimes grave. Les rebelles recruteraient des enfants soldats et se livreraient à des exécutions sommaires et viols.

L’Ouganda est également de nouveau accusé de soutenir la rébellion, ce qu’il nie, tout comme le Rwanda, menaçant même de retirer ses troupes des opérations de maintien de la paix de l’ONU s’il était nommé dans le rapport.

« De hauts-responsables du gouvernement de l’Ouganda ont également fourni un soutien au M23 en envoyant le renfort direct de troupes dans le territoire congolais, en livrant des armes, en fournissant de l’aide technique, en les aidant dans l’organisation, en leur donnant des conseils politiques et leur facilitant les relations extérieures, » souligne le rapport.

Le Rwanda et l’Ouganda « ont également coopéré en soutenant la création et le développement de la branche politique du M23 et se sont systématiquement mis du côté des rebelles » , ajoute-t-il. « Parmi le M23 et ses alliés se trouvent six individus qui ont été sanctionnés, dont certains d’entre eux résident ou se rendent souvent au Rwanda et en Ouganda. »

Le Rwanda a été élu par l’Assemblée générale des Nations unies pour occuper un siège en tant que membre non-permanent du Conseil de sécurité pendant deux ans à partir de janvier.

Le M23 s’est emparé mardi de la ville de Goma, qui compte plus d’un million d’habitants, et a affirmé vouloir prendre le contrôle de tout le pays, y compris la capitale, Kinshasa. Des milliers de soldats et policiers de Goma ont rejoint ses rangs mercredi.

Le représentant spécial de l’ONU pour la RDC, Roger Meece, a expliqué mercredi au Conseil de sécurité que la force de maintien de la paix de la MONUSCO, qui compte pourtant 19.000 hommes, était dispersée en raison des multiples milices qui sévissent dans l’est du pays. Le Conseil examine l’action de la MONUSCO, dont les 1.500 hommes n’ont pas opposé de résistance à la prise de Goma par le M23.

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