Une commission internationale indépendante devrait enquêter sur les assassinats ciblant les membres du FDU INKINGI au Rwanda

Seth Sendashonga

L’Institut Seth Sendashonga pour la Citoyenneté Démocratique (Iscid asbl) est profondément préoccupé par les assassinats et disparitions ciblant les opposants au régime de Kigali et plus particulièrement les membres du FDU INKINGI vivant au Rwanda.

En effet, il est très inquiétant de voir que depuis un an seulement lorsque Madame Victoire Ingabire Umuhoza, présidente de ce parti non encore enregistré officiellement, est sortie de la prison par une grâce présidentielle, tous ses proches collaborateurs sont systématiquement victimes d’assassinats ou disparaissent mystérieusement. Ces assassinats et disparitions semblent être planifiés et exécutés par le régime du président Paul Kagame dans l’objectif d’écraser dans l’œuf l’émergence de toute opposition démocratique. La communauté internationale qui a joué un rôle crucial dans la libération de Madame Victoire Ingabire Umuhoza devrait pouvoir réagir à ces crimes qui pour certains observateurs constituent la contrepartie de la fameuse grâce présidentielle.

Pour rappel, Monsieur Boniface Twagirimana qui était premier vice-président du FDU INKINGI a disparu le 8 octobre 2018 (soit trois semaines après la libération de Victoire Ingabire). Il était pourtant dans l’une des prisons les plus surveillées du pays, à savoir la prison de Mpanga, où il venait d’être transféré en provenance de la prison de Mageragere. Ce transfert qui précédait une disparition pose aussi de sérieuses questions d’autant plus qu’aucune justification n’a été donnée par les autorités pénitentiaires et aucune enquête sur la disparition n’a été annoncée. Un an après cette mystérieuse disparition beaucoup pensent que Monsieur Boniface Twagirimana a été tout simplement assassiné. Par la suite, les crimes ciblant les membres du FDU INKINGI se sont poursuivis dans l’indifférence totale du pouvoir. Ainsi, le 8 mars 2019, Anselme Mutuyimana, un autre membre du FDU INKINGI qui venait de purger une année en prison, en raison de son adhésion à ce parti, fut enlevé en pleine journée par les services de police alors qu’il rendait visite à ses parents à Karongi, dans la province de l’ouest. Son corps sans vie fut retrouvé le lendemain dans un bois.

De même, le 15 juillet 2019, Eugène Ndereyimana, qui représentait le FDU INKINGI dans l’est du pays a été enlevé alors qu’il se rendait à Nyagatare en mission pour le parti.

Le cas le plus récent est celui de Sylidio Dusabumuremyi qui était coordinateur national du parti et qui a été assassiné à son lieu de travail (le centre de santé de Shyogwe) le 23 septembre 2019. Tous ces crimes répertoriés sur une année suivent d’autres qui ont emporté notamment Jean Damascène Habarugira (mai 2017) et Illuminée Iragena (mars 2016) et qui n’ont jamais été élucidés.

Considérant que ces crimes ont des motifs politiques étant donné qu’ils sont orchestrés par les agents du pouvoir et que pour les mêmes raisons ils ne sont suivis d’aucune enquête judiciaire, l’Institut Seth Sendashonga estime qu’une enquête menée par une commission internationale indépendante est nécessaire pour faire la lumière sur ces assassinats et disparitions qui seraient utilisés par le régime de Paul Kagame pour se maintenir le plus longtemps possible.

Une telle enquête permettrait à la communauté internationale de prendre des mesures appropriées pour prévenir de tels crimes.

Fait à Bruxelles, le 02/10/2019

Jean Claude Kabagema 

Président de l’Iscid asbl