FRANCE-RWANDA: CES RAPPORTS QUI N’EN FINISSENT PAS!

Par RUGEMINTWAZA Erasme

Que veut la France au Rwanda et que veut le Rwanda à la France (et non en France)? Une question que tout  un chacun se poserait à voir la guerre diplomatique entre ces deux pays qui dure voici déjà 27 ans! Nous allons analyser les relations diplomatiques qui à un certains moment furent traitées d’amitiés franco-rwandaises pour péricliter un jour et transformer nos deux colombes en chiens de faïence. Des relations diplomatiques qui vont se mesurer à l’aune d’une autre unité de mesure : la période sombre qu’a traversée le Pays des Milles Collines et des milles problèmes, entre 1990-1994. Mais qu’en disent les 4 quatre rapports d’experts faits sous la commande de ces amis devenus « ennemis, qui ont marqué cette guerre  tant diplomatique que médiatique, une guerre qui actuellement donne les signes d’une accalmie ! Quatre rapports pareils aux obus, deux sur le compte de chaque côté!

UNE HISTOIRE QUI HYPOTHEQUE LE DESTIN DE TOUT UN PEUPLE

L’histoire  du Rwanda au 20e Siècle, a été marquée par l’esprit francophone et francophile  cultivé par le colon belge. Avant même l’arrivée de la France au Rwanda, ce Pays de Milles Collines était traité, de pays des Français. Cette francophonie et francophilie souvent excessives vont marquer des générations durant presque tout un siècle (1916-1994). La civilisation française va se filtrer dans toutes les strates de la vie tant sociale, politique et économique.  Dans les écoles primaires d’avant 1994, les devoirs à domicile n’étaient que deux : la langue française et les mathématiques! Même le paysan au marché, savait fixer les prix  des ses pommes de terres ou bananes en français! Après l’indépendance du Rwanda, en 1962, la Belgique perdit son hégémonie au Rwanda. Depuis lors sont nées des vraies relations diplomatiques franco-rwandaises par les ambassades, coiffées d’une coopération militaire, le tout souvent assaisonné d’amitiés privées des familles présidentielles. Habyarimana et Mitterrand constituaient un tandem de « frères »  comme celui de la France–Allemagne dans la construction de l’Europe. Voici le Rwanda, francisé jusqu’à la moelle, contre lequel  Paul Kagamé, qui prononça sa première phrase officielle en Français le 4 Avril 2017, va lancer une expédition de conquête, le 1er Octobre 1990. Dans sa petite phrase mais profonde de signification « Les faits sont têtus », Kagamé voulait monter que l’inimitié de la France contre lui est comme un cancer qui récidive. Un terrain bien fermé et très hostile à tout intrus anglophone. Mais le Rwanda constitue. de part sa position géographique, une porte d’entrée ou une barrière vers la République Démocratique du Congo, le grand Zaïre, pays aux richesses naturelles convoitées par les puissances et de surcroit, premier pays francophone après la France. Tout cela indique combien la France ne devrait pas laisser son lit douillet aux anglo-saxons. Paul Kagame savait très bien la hardiesse de son entreprise, mais il avait derrière lui l’Ouganda, protectorat des anglo-saxons selon lesquels il est un pays chrétien qu’il fallait protéger contre l’intégrisme musulman et le terrorisme de la corne de l’Afrique auxquels les Américains venaient de goûter. L’attitude de la France au Rwanda, sa présence au front contre le FRP-Inkotanyi n’était que légale et légitime. Son Opération Turquoise est dans la même philosophie: peut-on lâcher lâchement les orphelins d’un ami qu’on n’a pas su protéger, devant un lion furieux qui vient de perdre ses bébés auxquels il espérait partager le butin de la chasse ? Sans trop de fanatisme, la présence de la France au Rwanda dans cette période de 1990-1994 devrait être analysée en tenant compte de tous ces éléments. Et sans nul doute ni sentimentalisme, Paul Kagamé a attaqué la France, le sachant, le voulant!

DES  RAPPORTS INCENDIAIRES!

Après  la conquête du pouvoir à Kigali, le FPR portait toutes fraîches les blessures de la guerre, et par là de la France qui lui a lancé des obus des mortiers jusque là  à la pointe! La rancune et la rancœur contre la France étaient à son comble. Et toujours, quand l’occasion se présentait, Paul Kagamé déversait une haine fielleuse contre la France. Aucune commémoration du Génocide ne pouvait passer sans clamer publiquement la France comme complice. La tension était à son comble, l’éclatement latent, il suffisait d’une simple étincelle pour allumer la mèche!

L’escalade politique entre la France et le  Rwanda au sujet du Génocide de 1994, va connaitre son paroxysme avec la mise en cause du régime de Kigali. En fait chargé d’enquête sur l’attentat contre l’avion  du président Juvénal Habyarimana et son homologue burundais Cyprien Ntaryamira, le 06 avril 1994 -attentant qu’on le veuille ou non a entrainé le déclenchement du génocide contre les Tutsis-  le juge antiterroriste  Jean-Louis Bruguière  a émis les mandats d’arrêts internationaux contre les neufs proches de Kagamé. Le juge Bruguière accusait Kagamé d’avoir éliminé le Président Habyarimana pour parvenir à ses fins politiques. Les mandats vont être émis le 22/11/2006, contre neufs personnes, sans Kagamé qui était protégé par l’immunité. Toute la procédure judiciaire était  cautionnée par le gouvernement français et validée par le Parquet de Paris. Les neufs personnes sont presque toutes des militaires qui occupaient des hautes fonctions dans les le Forces rwandaises de Défense entre autres  trois généraux, le Général  James Kabarebe, chef d’Etat Major des Forces rwandaises de défense, le Général Faustin-Kayumba Nyamwasa, ambassadeur en Inde (actuellement en disgrâce et opposant de Kagamé), le General Charles Kayonga chef de l’armée de terre et une femme colonelle Rose Kabuye Directrice Générale  du protocole d’Etat

Les mandats vont provoquer un vif tollé dans la classe politique du Rwanda. L’affaire Bruguière fut considérée comme une injure, et va créer l’effet boomerang car dans seulement quelques jours Kigali ferma son ambassade à Paris et chassa l’ambassade de France à Kigali, dans une effervescence de manifestations populaires organisées par le gouvernement! La ligne rouge était dépassée, Paul Kagamé écuma de colère et la réplique ne va pas tarder. Ce fut le « rapport Mucyo ».

Le rapport qui portait le nom de Mucyo, alors Procureur Général de la République du Rwanda, est fait dans l’esprit de faire le match nul avec la France.  PUBLIE LE 5 Aout 2008, ce rapport est une réplique plus virulente que jamais de l’attaque du juge Bruguière. La commission qui était chargée de faire ce rapport portait d’ailleurs un nom révélateur qui bel et bien démontre la mission lui assignée. Il s’agissait de « La Commission nationale indépendante chargée de rassembler les éléments de preuves montrant l’implication de l’Etat français dans la préparation et l’exécution du génocide perpétré au Rwanda en 1994 ». Remarquons en passant qu’ici le syntagme nominal de « génocide contre les Tutsi » n’existait pas encore! La conclusion du rapport Mucyo impliquait beaucoup dignitaires français, au nombre de 13, tant civiles que militaires dans la préparation et l’exécution du génocide. Le rapport Mucyo était une offense politique contre la France comme en fut le rapport Bruguière contre le Rwanda. Le rapport provoqua une vive indignation dans les milieux français qui le traitait de diffamatoire avec des falsifications de l’histoire et faux témoignages, fait avec le dessein d’annulation de mandats contre Kigali. Le rapport Mucyo ouvrait par-dessus toute possibilité de poursuite judiciaire contre la France. Ce que Mucyo laissa entendre un jour, semblait être une sorte de chantage contre la France. Il déclara publiquement que si la France savait « faire un geste », il s’agit bien évidemment de « demander pardon », l’ensemble du dossier pourrait retourner à l’histoire et les relations diplomatiques franco-rwandaises, reprendre. Le match était alors nul, les relations diplomatiques glacées ! Les années se passent, les tentatives se font mais toujours est-il  vrai que « il faut laisser le temps au temps ».

VERS LA NORMALISATION DES RELATIONS

Du 26 mars 2016 au 19 Avril 2021, une période de moins d’un mois vient de démontrer que « Vouloir, c’est pouvoir ». Deux rapports commandés par les chefs d’Etats français Emmanuel MACRON et rwandais Paul KAGAME en disent beaucoup. Tout commence en hexagone quand un jeun président veut en finir avec le passé sombre de son pays, c’est Emmanuel Macron avec sa République en  Marche! En fait à son élection en 2017, Emmanuel Macron  se penche sur le contentieux Franco-rwandais et veut en finir avec ce sombre spectre du génocide. Cette impulsion « macronienne »  inspire Kagamé qui va, à son tour se pencher à nouveau sur le dossier de la France. Et tous les deux presque simultanément font les commandes similaires.  Macron veut interroger l’Histoire par la « Commission Duclert », mais Kagame lui veut interroger le Loi par les avocats Américains de la Muse,  car il sait très bien que les conclusions de la Commision Mucyo étaient une dissuasion ou diversion bien techiniquées. 

La France s’accuse!

Dans son rapport du 26 mars 2021, la commission historienne dénommée « Commission de recherche sur les archives françaises relatives au Rwanda et au génocide de Tutsi (1990-1994) »  créée par Macron pour étudier le rôle de la France et conduite par Vincent Duclert, conclut à « un ensemble de responsabilités lourdes et accablantes » au sein de l’Etat français, tout en écartant l’idée de complicité de génocide. Cette conclusion a révolté certaines anciennes autorités de la France. Edouard Balladur, qui fut premier ministre(1993-1995), défend  avec acharnement que la France a fait quelque chose même si ce n’est assez et rapide. Que la responsabilité dans le génocide des Tutsi  doit être demandée aux autres pays comme les Etats-Unis, la Belgique et même l’ONU, et non à la France. Malgré sa révolte aux conclusions qui accusent la France, il admet que la majorité de la classe politique, dont le président François Mitterrand lui-même, était obnubilée par une vision coloniale et animée par une  volonté de soutenir un régime ami qui pourtant commettait le génocide. Mais si les faits établis par la Commission Duclert  sont avérées, elles peuvent constituer de graves préjudices contre la France. L’historien a établi les faits, aux juristes d’en extraire les crimes!

Mais Kigali déculpabilise!

« Le rapport rwandais sur le rôle de la   France dans le génocide de Tutsi de 1994 en 1994 »  rédigé par le cabinet d’avocats Lévy, Firestone et Muse, désormais Muse,  documente l’implication de la France tout en s’efforçant de ne pas jeter de l’huile sur le feu, dans ce contexte d’apaisement entre les deux pays. Il évite de raviver les plaies anciennes de ce contentieux qui dure 27 ans! Dans ce rapport jamais de mot de « responsabilités » ni de « complicité ». Kigali semble ménage Paris qui semble faire un mea culpa, et qui a montré la volonté de tourner cette page sombre et de normaliser les relations depuis que Macron est entré à l’Elysée en 2017. Le rapport Muse réfute, toutefois, certaines conclusions Duclert qui laissent entendre que l’Etat français était aveugle et inconscient au sujet du génocide. L’arrogance coloniale du président Mitterrand est criante, remarque Muse. Et pour conclure Kigali n’exige pas d’excuses à Paris.

Qu’est ce qui se cache derrière cette volte-face d’idées ?

En d’autres mots que veut la France au Rwanda et que veut le Rwanda à la France ? Tout simplement derrière cet engouement politique se profile des combines politiciennes. Le Rwanda constitue, pour la France, une position géopolitique pour avoir une présence dans les pays de grands lacs, pour des intérêts tant économiques que culturels. D’où elle doit roucouler avec Kigali et se culpabiliser s’il le faut, au lieu d’être culpabilisée. Un simple mot d’excuse, de la part de la France, tant attendu à Kigali, peut balayer d’un revers da la main tout le contentieux comme l’a bien dit  feu Jean de Dieu Mucyo. Kigali quant à elle ne veut ni argent, ni autre dédommagement matériel ; elle veut le soutient politique de la France, membre influent de deux grandes communautés politiques, l’ONU et l’UE. Mais à bien voir  le rapprochement de Kigali et Paris va aboutir à un contrat d’amitié bâtie sur le silence des parties : le silence  de Kigali sur le rôle probable de la France dans le génocide contre les Tutsi et le silence de la France  sur le massacres  des hutus à commencer par les deux présidents, par le FPR et ses acolytes. L’Histoire nous dira si une telle alliance construite dur le sang des innocents  résistera! 

1 COMMENT

  1. Ci-après les nouvelles sur l’employé du FPR , confondu avec l’Etat Rwandais.
     » Le CPCR se constitue partie civile dans de nouveaux dossiers de génocide
    Editor — April 24, 2021 add comment

    By Alain GAUTHIER*

    Le CPCR (Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda) vient de se constituer partie civile dans de nouvelles affaires de génocide. Courant 2019, le Parquet avait enfin pris la décision d’ouvrir des informations judiciaires à l’encontre d’une douzaine de Rwandais vivant en France et visés par des mandats d’arrêt internationaux. De son côté, le CPCR avait récolté des témoignages concernant certains d’entre eux pendant plusieurs années.

    Le CPCR a demandé à maître Noémie COUTROT-CIESLINSKI de le représenter dans trois nouvelles affaires. La première concerne l’abbé Marcel HITAYEZU, prêtre en Charente- Maritime, dans le diocèse de La Rochelle et Saintes. La presse rapporte qu’il a été mis en examen et a été incarcéré le 14 avril 2021 mais notre constitution de partie civile date du 17 février 2021. En décembre dernier, nous avions pu recueillir plusieurs témoignages le mettant en cause et justifiant la constitution de partie civile du CPCR. Notre association s’est aussi constituée partie civile contre deux autres ressortissants rwandais.

    La deuxième affaire concerne monsieur Jean-Pierre KALISA. C’est en octobre 2014 que le CPCR avait pu rencontrer des témoins de la région de Kamonyi le mettant en cause Nous aurions pu, à l’époque, déposer plainte et nous constituer partie civile mais nous n’avions pas les moyens d’enquêter suffisamment. Le Parquet, en ouvrant une information judiciaire, nous a ouvert la voie. Nous nous sommes constitués partie civile le 30 mars 2021.

    C’est à la même date que nous nous sommes constitués partie civile dans une troisième affaire. Elle concerne monsieur Innocent MUSABYIMANA. En janvier 2013, la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Dijon avait émis un avis favorable à son extradition, mais la Cour de cassation, fidèle à sa jurisprudence, avait cassé et annulé cette décision en avril de la même année. L’affaire était renvoyée devant la Cour d’appel de Paris qui, à son tour, se prononçait pour l’extradition en novembre 2013. La Cour de cassation donnera un nouvel avis défavorable à l’extradition en février 2014. C’est en 2019 que le Parquet a finalement décidé d’ouvrir une information judiciaire contre cet habitant de la région de Dijon. Ce qui nous a donné l’occasion de nous constituer partie civile.

    Alors que nous commémorons pour la 27ème année le génocide perpétré contre les Tutsi du Rwanda, la justice est plus que jamais nécessaire. Le CPCR continue son engagement au service des rescapés et des familles de victimes. (Fin).

    *Alain GAUTHIER est Président du CPCR, une ONG à l’origine de la plupart des plaintes contre les présumés auteurs du génocide des Tutsi du Rwanda qui ont trouvé refuge en France. »

    Gauthier est gonflé par les nouveau maîtres de pays qui se sont autoproclamés amis de Kagame, confondu maladroitement et pathétiquement avec le Rwanda.
    Au regard de la gravité de ses agissements contre ces paisibles exilés Rwandais en France, je suggère les personnes visées de porter plainte contre Alain Gauthier pour diffamation et atteinte à l’honneur et à la dignité (des intéressés). Une plainte contre une plainte. S’ils ne disposent pas des moyens, pour payer les honoraires des avocats, ils peuvent formuler une demande d’aide juridictionnelle.
    A défaut, ils en subiront les conséquences dont il est difficile de mesurer la gravité a priori. Aussi, l’inertie des proies de Gauthier encourage celui-ci dans ces méfaits.
    Plus les proies de Gauthier restent passifs, plus ils ne seront pas entendus. Plus ils agissent rapidement contre les employés du FPR opérant en français, plus ils seront entendus, plus Gauthier réfléchira mille fois avant de récidiver. Il faut stopper Gauthier. Seules les actions judicaires peuvent être opérantes à son endroit.

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