Le népotisme et la discrimination dans l’embauche au Rwanda

Fanfan Rwanyindo Kayirangwa, Ministre de la Fonction publique et du Travail

By The Rwandan Analyst

Introduction 

Le terme a été emprunté en 1653 à l’italien nepotismo, lui-même dérivé de nepote qui signifie « neveu », par référence au favoritisme accordé par un pape à l’un de ses neveux par la cession indue de titres ecclésiastiques ou de donations réservés au Vatican3. Mais souvent à cette époque, le terme est un euphémisme et les « neveux » sont les propres enfants des ecclésiastiques ; Savonarole prêchait ainsi contre l’Église de Rome en 1497 : « autrefois, si les prêtres avaient des fils, ils les appelaient leurs neveux ; maintenant on n’a plus de neveux ; on a des fils, des fils tout court.

Le népotisme  est la tendance de certains supérieurs ecclésiastiques, évêques et papes, et par extension de certains dirigeants d’autres institutions, à favoriser l’ascension des membres de leurs familles dans la hiérarchie qu’ils dirigent, au détriment des processus de sélection ordinaires et du mérite.

Par extension, le terme désigne une tendance à accorder des avantages à des relations, des amis proches, voire à des membres d’un groupe d’origine, ethnique ou religieux commun1, indépendamment de leur valeur2. Il est alors synonyme de favoritisme ou de copinage.

En politique, le népotisme est caractérisé par les faveurs qu’un homme ou une femme au pouvoir montre envers sa famille ou ses amis, sans considération du mérite ou de l’équité, de leurs aptitudes ou capacités. On distingue généralement le népotisme de la transmission héréditaire du pouvoir ou de l’hérédité des offices. L’ONG Transparency International l’assimile à la corruption.
cet article évalue cette pratique corruptionnelle dans le domaine du recrutement des agents de l’Etat au Rwanda sous le régime du FPR.

1.Ils ont osé dénoncer ça!

La contestation du pouvoir de Kigali vient d’où on ne l’attend pas. La CNDH  dont les sept membres sont nommés par le pouvoir, avait été accusée de manque d’indépendance par le CLIIR (Centre de lutte contre l’impunité et l’injustice au Rwanda) lors de sa création en mars 1999 par  la loi n° 04/99 du 12 mars 1999. Si actuellement, elle ose dénoncer les pouvoirs publics, c’est qu’il y a  feu dans la demeure. Mais ceci on le savait déjà!

La Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) présente auprès des parlementaires rwandais, un rapport critique sur les conditions déloyales de recrutement dans les institutions publiques. La Présidence de la CNDH, qui s’adresse aux honorables de deux chambres, dénonce fermement les manigances dans l’embauche des agents de l’Etat et  personnel dans différents établissements publiques.  Ces pratiques inacceptables se traduisent souvent par le népotisme qui ronge la plupart des institutions publiques et par certaines manœuvres déjouées qui consistent à privilégier tel candidat plutôt que l’autre dans l’octroi du travail. Ledit rapport ne pointe seulement pas son doigt accusateur les pratiques d’embauche contraires à loi, mais aussi à une suite de plaintes de la population rwandaise. Entre autres faits mis en exergue, la CNDH s’oppose au non respect des normes de la détention et à la peine infligée aux condamnés. Le rapport donne l’exemple des procès qui durent plusieurs jours, classés sans suite, pendant que  le présumé coupable demeure coincé entre quatre murs de la prison. Les mauvaises conditions de détention ont été  aussi désapprouvées par le rapport de la CNDH. La Commission a vivement critiqué les pénitenciers plongés dans l’insalubrité et le régime alimentaires des prisonniers qui laisse à désirer. Mme Kayitesi affirme qu’elle en a parlé au Ministre qui a dans ses attributions la santé, afin qu’un effort soit conjugué pour mettre fin à cette situation sanitaire critique.

Une dizaine a rejeté ce rapport en raison de manque d’éléments crédibles. Ils ont recommandé plutôt une enquête  plus exhaustive qui aboutirait  aux résultats fiables.

2.L’interview où le règne de la subjectivité

Comme la maitrise de l’outil informatique ne figure plus dans les tests d’emploi, malgré la denunciation par le sénat, les employeurs publics accordant 50% des points au test écrit et 50% au test oral contrairement à ce qui se pratiquait dans les années 1995-2005 où l’écrit était évalué à 80% et l’interview à 20%.Cette fois-là les plus forts candidats pouvaient facilement passer ou du moins quelques-uns passer dans les mailles du filet.

Pour le moment avec seulement 50% à l’écrit, le candidat mediocre s’arrange pour obtenir 25/50 espérant gagner le maximum à l’interview car c’est son frère, sa soeur, son parent, son amant; etc qui est dans le panel.

3.Effets du népotisme sur les tâches attendues du poste

En embauchant des cancres, les employeurs entendent arranger le problème familial des frères, soeurs, neveux venus vivre chez eux car sans argent malgré le papier(diplôme); le souci des concubines qui les harcèlent sans cesse, rembourser les sommes leur versées pour acheter le poste convoité et non le service qu’il faut rendre. Ainsi, les occupants des postes sensibles exigent que soient engagés consultants alors qu’ils pouvaient faire le travail eux-mêmes s’ils étaient réellement compétents. D’autres pris au dépourvu recourent aux anciens collègues de classe chômeurs mais intelligents et leur paient quelques sommes pour qu’ils fassent à leur place des rapports complexes; il suffit de se communiquer par email; d’autres vont plus loin en payant des séances d’explication quand ils auront à presenter verbalement ce qu’ils ont rédigé ou plutôt ce qu’on a rédigé en leur nom et compte.

4.Mon candidat ou rien

Bien de services se plaignent du manque de cadre compétents alors que le pays regorge de chômeurs. Malgré que la plupart des jeunes diplômés sont le fruit de la politique d’éducation pour tous où sans education de base tout le monde afflue à l’université et est formé par des enseignants aussi recrutés sur base de la famille, des sous versés, des faveurs sexuels etc, il n’en demeure pas moins de trouver des gens diplômés plus forts mais qui ne peuvent pas décrocher un boulot mal payé car tout se marchande dans ce pays.

Le diable dans tout cela est que quand l’employeur lance un communiqué de vacance d’emploi et que ses proches sous toutes ces considérations ne figurent pas sur la liste des plus chanceux, ils préfèrent supprimer l’annonce et tout simplement conclure qu’il n’y a pas de candidats viables.Le president lui-même a dénoncé cette pratique lors d’une retraite des officiels fustigeant les prétextes des dirigeants qui imputaient leur dysfonctionnement à la carence des cadres efficaces, en soulignant que les candidats compétents ne manquent pas mais manquent juste leur favoris.

5. Débrouillarise ou self-employment

La politique vide de se faire patron de soi-même est souvent chanté par les politiques et c’est réellement bon. Toutefois, l’Etat ne leur facilite en rien et les projets visiblement rentables qu’ils concoctent et soumettent aux bailleurs de fonds locaux sont souvent volés et exploités par les proches et amis des responsables de ces entités financières.Par pis-aller quiconque se lance dans le petit commerce avec le peu qu’il a acquis sur la sueur de son front ou en vendant ce qui lui restait de parcelle est rapidement confronté aux taxes élevées; loyers des maisons de commerce au prix qui flambe; difficultés de contracter des credits bancaires sans garantie et une fois ladite garantie disponible elle sera vendue aux enchères car les affaires ne marchent guère dans un tel climat. Et le petit capital s’effondre sans tarder.

Conclusion

Rien ne va et l’on étudie pour rien, se plaignent souvent les jeunes qui fréquentent les universités rwandaises. Pour endiguer le fléau du chômage au Rwanda, il urge de créer des emplois comme c’est le cas dans les pays industrialisés car les jeunes sans occupation deviennent des mécontents seront bientôt tentés par l’inattendu et l’Etat récoltera ce qu’il aura semé.

1 COMMENT

  1. Il fallait parler de l’apartheid au sens exact du terme et ce, dans toutes ses dimensions contre des millions de Hutu Rwandais.
    Cet apartheid rwandais inique en Afrique d’aujourd’hui est entretenu et financé par les Etats, prédicateurs du respect des droits de l’homme d’une part et l’Afrique du Sud, dirigé par les victimes d’hier de l’apartheid.
    Il convient de préciser que sous peine de s’exposer à plusieurs années de prison pour divisionnisme et/ou négationnisme du génocide des Tutsi, il est strictement interdit aux Hutu de dire qu’ils sont Hutu. Par contre, tout Tutsi est appelé à dire à tout instant et partout il est qu’il est Umututsi. Il est donc interdit aux Bahutu et à leurs progénitures de dire publiquement ce qu’ils sont. Ils doivent dire qu’ils ne savent ce qu’ils sont. Ce qui se passe ici est édifiant. Le comble est qu’aucun des soi-disant dirigeants des partis politiques d’opposition n’a dénonce cet apartheid alors qu’il est lourd de conséquences pour le Rwanda et ce, pour plusieurs générations. Ils ergotent sur les réconciliations.Réconciliation entre qui et qui? Entre les victimes de cet apartheid et les auteurs de celui-ci? Enfin, les Rwandais de l’extérieur en l’occurrence doivent savoir tout Tutsi ici au Rwanda est tenu de posséder une armée au moins et que des jeunes Tutsi de l’intérieur et de l’extérieur, garçons et filles r doivent suivre une formation militaire. Ce fait est de notoriété publique.
    Il me semble tout doit être fait pour dénoncer cet apartheid et l’expliquer aux jeunes Rwandais aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur d’une part et dénoncés le financement de ce système inique en Afrique par Etats donneurs de leçon en matière d’égalité entre les Hommes et du respect des droits de l’homme en commençant par les dirigeants d’Afrique du Sud. Le cas de notre pays est sui generis dans les annales de l’Afrique moderne. Il appartient aux Rwandais de relever ce défi. Pour ce, faire, il faut qu’il se forgent et intègrent le sens de sacrifice. Pour être exiger le respect, il faut d’abord prouver qu’on mérite ce respect. A défaut, même un chien ne peut respecter l’intéressé. Nos anciens m’ont appris qu’un Homme sans honneur et sans dignité , même son chien ne peut le respecter. En l’espèce, au regard des agissements des maître de ce système inique et d’une époque révolue, les victimes de cet apartheid doivent prouver aux auteurs de ce méfait que le mépris de leur honneur et dignité ne peuvent rester impunis. Les gémissements et les discours stériles étant inopérants. Les maître du Rwanda croient maintenir et renforcer ce système dans toutes ses dimensions et ce, pour l ‘éternité .

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