RDC-RWANDA-OUGANDA: Le M23, une partie visible de iceberg!

Par Erasme Rugemintwaza

Le 28 Mars 2022, les villageois de Chanzu et Runyoni, dans le Rutshuru, au Nord-Kivu, ont été réveillés par les coups de canons. Depuis lors, voici déjà une semaine, les bruits de bottes se font entendre, les paysans plient bagages et prennent les jambes a leurs cous, et la MONUSCO compte les victimes. Cette résurgence du Mouvement du 23 Mars (M23), qui se rebaptise d’ailleurs l’Armée Révolutionnaire Congolaise, alimente les débats avec de nombreuses questions sur l’état des relations qu’entretiennent la RDC et ses deux voisins le Rwanda et l’Ouganda. Le risque d’escalade des tensions, entre nos trois “amis” a atteint son paroxysme. Pourtant tout cela prend l’ampleur vertigineuse la vielle de l’adhésion de la RDC dans la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), avec l’espoir que l’acte allait changer la donne et apaiser le climat qui est aux abords de s’embraser? Le M23, n’est-elle pas une boite de Pandore dans la région, une partie visible de l’iceberg ou un arbre qui cache une immense forêt?

  • Qui est le M23?

Le Mouvement du 23 Mars (M23), est un groupe rebelle contre le Gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC), créé a la suite des guerres qui ont dévasté le Kivu et meurtri la population de cette partie orientale de la RDC. Le M23 est compose d’ex-rebelles du Congres National pour la Défense du Peuple (CNDP), qui est une rébellion attribuée au Général Munyamulenge Laurent Nkunda (qui vit actuellement à Kigali au Rwanda) mais dont le bastion n’est la zone de Mulenge au Sud Kivu plutôt une zone dans le Nord Kivu s’étalant entre le Rutshuru et le Masisi. Le General Laurent Nkunda avait a fait défection avec les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), avec beaucoup de militaires Tutsi en 2007, pour chasser les FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda), un groupe rebelle composes de Hutus refugies au Congo. Le Général Nkunda, aide par Kigali voulait continuer de combattre les FDLR que les FARDC avaient cesse de chasser alors que ces Hutus constituent une menace pour le régime minoritaire Tutsi de Kigali. Ainsi le problème ethnique rwandais fut exporte et puis colporte en RDC. Et Kigali ne manquera pas depuis toutes les guerres de la RDC de créer et d’armer une panoplie de groupes pour créer un bouclier en dehors de son territoire. C’est cette philosophie de créer une sorte de “zone tempo” que l’homme fort de Kigali, Paul Kagame a, avec arrogance, souligne quand il dit “ nous avons les yeux braqués là-bas parce qu’il y a des groups armes qui nous menacent, notamment l’ADF[Groupe arme, en provenance de l’Ouganda, actuellement base en Ituri, loin du Rwanda, que les FRDC-UPDF, combattent conjointement dans une opération dénommée “Shujaaʺ. ʺNous avons les yeux ouverts sur ce problème, mais soyez rassurés que nous trancherons ultimement ce problème, nous utiliserons tous les moyens, la persuasion et les accords pour trouver les solutions. Mais quand  quelqu’un franchit la ligne rouge, nous ne demandons pas de permissions pour à personne pour intervenir. Tout simplement nous nous y engageons et nous arrangeons le problème. Nous sommes toujours à l’étape de l’évaluation de la situation et en balançant nos options. Mais quand nous trouverons que le Rwanda sera impacté par les développements du problème, nous nous engagerons, avec ou sans consentement des parties [actuellement] concernées, quiconque nous veut la guerre, nous la lui donnons. Nous avons de professionnels pour faire la guerre. Notre doctrine est e faire la guerre sur le territoire de notre ennemi parce que notre est trop petit pour y faire la guerre“. Et c’est cette pernicieuse philosophie, accompagnée d’un zèle arrogant qui ne cessera jamais d’être la raison d’imputer à Kigali le soutien des groupes rebelles dans l’Est de la RDC. Kigali fait beau de démentir, mais ne parviendra jamais à convaincre l’opinion internationale d’autant plus que l’histoire reste le témoin de cette macabre philosophie.

Le M23 est alors composé de ces ex-rebelles du CNDP, réintégrés dans les FARDC, à la suite d’un accord signe le 23 Mars 2009, entre le CNDP et le Gouvernement de Kinshasa. Ces ex-rebelles du CNDP, ont été réintégrés dans les FARDC mais se sont ensuite mutinés en Avril 2012, accusant le Gouvernement de ne pas respecter les accords du 23 Mars 2009, d’ou leur nom de M23. La généalogie du M23 montre très bien qu’il est la création de Kigali, pour créer une zone “sécurisée” ou mieux  se  procurer un bouclier.

Mais une multitude de questions peuvent se poser. Depuis Novembre 2021, il y a eu regain des activités militaires de M23. Pourtant les éléments du M23, étaient sensés se trouver dans les camps ad hoc et au Rwanda et en Ouganda. Comment alors ces éléments, archi-armes, ont pu traverser les frontières de ces deux pays  avec la RDC qui sont militairement bien contrôlées. Ou ont-ils pu trouver armes et munitions alors qu’ils ont été désarmés avant d’être entérinés dans les camps ? Qui est réellement derrière cette résurgence du M23 qui risque d’embraser la région? N’est-ce pas que le M23 est un arbre qui cache un immense foret, une partie visible de l’iceberg? Kampala se tait. Est-ce normal ou une connivence conclue entre Kagame et Muhoozi pour un plan de balkanisation de l’Est de la RDC, dont d’ailleurs les fameux pourtant officieux “Accords de Lemera” sont une ébauche? N’est-ce pas la renaissance du rêve de l’Empire Hima-Tutsi dans les Grands Lacs africains? Brassons les cartes et scrutons les réalités.

  • Kigali se trouve un alibi de s’ inviter en RDC

Depuis quelque temps, le Rwanda cherche tous les moyens d’aller officiellement en RDC, car officieusement le Rwanda n’a jamais quitté cet Eldorado. L’alibi, qui n’est pas solide est celui de traquer les combattants des FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda) et tous les autres réfugiés Hutus qui n’ont pas été rapatriés ou  autre peuples bantous de ces contrées car ils sont tous  appelles Interahamwe ou leurs complices. Devenu gendarme de l’Afrique, Paul Kagame a bien fait comprendre que le moment venu, le Rwanda ne demandera l’autorisation a personne pour aller en RDC!

Pour une préparation psychologique de la communauté internationale, Kagame a publiquement critiqué l’opération menée par l’armée congolaise (FARDC) en collaboration avec les Forces armées ougandaises (UPDF) pour traquer les Forces démocratiques alliées (ADF), qui n’ont jamais cessé de ravager la région des Grands Lacs, tuant la population civile  tout en  pillant les richesses de la RDC pour s’autofinancer. La région d’Ituri  où se déroule l’opération conjointe FARDC-UPDF contre l’ADF, est bien voisine  de l’Ouganda, pays d’origine du ce groupe terroriste, et de surcroit l’ADF a récemment perpétré des attentats-suicides en Ouganda. L’Opération conjointe entre le deux armées est mille fois justifiable même si l’Ouganda a été condamné par le Tribunal de La Haye pour son rôle dans violations de droits humains et autres les ignominies des années 2000 sur le sol congolais.  Paul Kagame, écarté,  cherche alors tous les moyens d’envoyer officiellement son armée en RDC. A côté de la menace sempiternelle de Kigali, sous forme d’un marchandage du Génocide contre les Tutsis de 1994, c’est-a-dire chasser ceux qui ont fait le Génocide et continuent d’avoir l’idéologie génocidaire d’attaquer le Rwanda pour continuer le Génocide contre les Tutsis, les FDLR et acolytes. Subtilement Kigali a fomente une fausse nouvelle selon laquelle, le Rwanda est la cible des ADF, répandant partout qu’il y a les combattants ADF arrêtés au Rwanda venus exercer des représailles contre le Rwanda pour ses opérations au Mozambique. Mais ceci semble ne pas tenir debout et moins convainquant. A côté de ces allégations qui voulaient tout simplement montrer que Kigali devrait être de la partie de la chasse contre les ADF, la Police nationale rwandaise a signé un protocole d’accord avec la police congolaise pour une assistance mutuelle au cas échéant, mais les Congolais se sont lances dans les rues de Goma pour protester contre cette coopération entre les forces de police des deux pays, décriant la manœuvre subtile de Kigali d’infiltrer le Congo. Cela aussi n’a pas suscité d’enthousiasme chez les autorités congolaises, ce qui fâcha de plus Paul Kagame. Kagame essaya de faire une action caritative de construire un village moderne aux familles congolaises éprouvées par l’éruption de Nyiragongo, mais ceci échoua encore car la condition de construction du village était que le village devrait être construit par une brigade spéciale de la police rwandaise de construction. Ceci était une façon de faire entrer dans la ville de Goma les forces spéciales de Kigali, qui le jour venu, devraient prendre Goma. 

Tout cela a provoqué la colère de Paul Kagame, qui soupçonnait que l’Ouganda se rendait en RDC pour aider les groupes armés opposes à son régime. Et c’est dans cette hystérie paranoïaque, pour susciter l’attention vers Kigali que Kagame va, prononcer un discours qui a laissé le monde entier ébahi, et pour accompagner ses paroles par les actions, il va jeter dans la région sa boite de Pandore qu’est le M23. 

Alors que la communauté internationale est maintenant sérieusement préoccupée par la guerre russo-ukrainienne, le moment semble propice pour Kagame de faire une  incursion en RDC, avec ses forces spéciales sous la bannière de M23 pour s’emparer de la ville de Goma, afin qu’il puisse trouver un espace pour sécuriser son régime, en empêchant quiconque d’approcher de la ville de Goma. Et toujours sous le couvert de M23, Kagame va continuer à exploiter  les richesses naturelles dont les minerais dans les zones qui entourent Goma, en utilisant ses troupes et des groupes armes, créés et armes par lui et dispersés dans la province du Nord-Kivu.

L’on soupçonne que lors des pourparlers de Kagame avec le fils de Museveni, le Général Muhoozi Kainerugaba, la question de la volonté du Rwanda  d’aller en RDC aurait été débattue et Kagame aurait corrompu le son “neveu”, Muhoozi Kainerugaba afin d’expliquer  a son père et le convaincre de la nécessité des RDF d’aller en RDC : la survie des Tutsis leurs frères menacés par les Hutus génocidaires qui se sont établis dans l’Est de la RDC. Et que tout simplement le Président  Museveni pourrait fermer les yeux sur l’entrée du Rwanda tout en s’accordant sur les lignes de démarcation pour éviter  le désastre de Kisangani. 

Quoi qu’il en soit, la résurgence de M23 va  ressusciter les vieux démons en premier lieu l’exacerbation de l’anti-Kagame qui se manifeste chez les Congolais, chaque fois qu’on parle du Rwanda. La présence du Rwanda en RDC va certainement cristalliser les clivages ethniques et ainsi pousser chaque tribu à vouloir s’armer contre l’envahisseur, non seulement suite à cet instinct d’autoconservation qu’a chaque groupe d’individus mais aussi parce que les atrocités de l’armée de Kagame sont toujours fraîches dans les mémoires de Congolais. Un nationalisme sans bord sera le paroxysme de cette présence forcée de Kigali sur le sol Congolais. Voici le hic!

  • Les réactions de Kinshasa

Les réactions en RDC ont été toutes presque unanimement la condamnation des attaques du M23. Ainsi le gouvernement a condamné, le même jour, lundi le 28 mars 2022, cette nouvelle incursion du M23 à Chanzu et Runyoni dans la province du Nord-Kivu, par la voix du ministre de la Communication et médias, porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe..

Ensuite ce fut la condamnation de toute part du Rwanda car le M23 ainsi que plusieurs groupes armés qui pullulent dans l’Est de la RDC, d’aucuns parlent même de l’ADF, sont des machines du régime de Kigali. Du Général de l’armée au simple paysan, en passant par la société civile congolaise connue pour son activisme, tout Congolais condamne le Rwanda et s’indigne de cette hypocrisie du Rwanda envers la RDC. 

  • Que dit le militaire?

Après plusieurs mois de soupçons, et surtout depuis novembre 2021, et des décennies de méfiance, les FARDC accusent ouvertement les RDF(l’armée rwandaise) de soutenir une rébellion active dans l’Est de la RDC, ce qu’ont démenti mardi les autorités de Kigali.

Lundi soir, le 28 mars 2022, le Général Sylvain Ekenge, porte-parole du gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu, a accusé les Forces de Défense du Rwanda (RDF) de soutenir le M23 qui, disait-il, a « mené des incursions et attaqué les positions des FARDC  de Chanzu et Runyoni, dans le territoire de Rutshuru ».

L’on est sans ignore que le M23 qui se rebaptise  « Armée Révolutionnaire Congolaise », est issu d’une ancienne rébellion tutsi congolaise jadis créée et soutenue par le Rwanda et l’Ouganda, pays frontaliers de cette partie orientale en proie, depuis plus de 25 ans, aux violences de nombreux groupes armés.

Défait en 2013 par l’armée congolaise, le M23 fait de nouveau parler de lui depuis novembre 2021, lorsqu’il a été accusé d’avoir attaqué plusieurs positions militaires. Mais le mouvement reproche notamment aux autorités de Kinshasa de n’avoir pas respecté des engagements pris pour la démobilisation et la réintégration de ses combattants.

Pour étayer ses accusations contre le Rwanda, le Général congolais Ekenge a affirmé que deux militaires rwandais ont été arrêtés durant les attaques de lundi, le 28 mars 2022, et a précisé leurs identités: l’adjudant Jean-Pierre Habyarimana et le soldat de rang John Uwajeneza Muhindi, alias Zaje, du 65e bataillon de la 402e brigade des RDF.

Les deux militaires rwandais présumés, habillés de vêtements civils, se tenaient près de lui et ont été montrés par la télévision congolaise. 

En fait, depuis l’arrivée massive en RDC de Hutus rwandais accusés d’avoir massacré les Tutsi durant le génocide de 1994, le Rwanda a été régulièrement accusé par Kinshasa d’incursions au Congo et de soutien à des groupes armés dans l’est du pays.

Mais les tension se sont apaisées avec l’accession au pouvoir début 2019 de Félix Tshisekedi, qui a rencontré à plusieurs reprises son homologue rwandais Paul Kagame. Mais le regain d’activité du M23  ravivé encore une fois le soupçon sur le Rwanda.

  • La société civile: Une haine fielleuse contre le Rwanda

Signalons que, a l’annonce du nom Kagame ou Rwanda, la société civile congolaise se lève ou mieux se soulève pour crier, comme une seule personne “NON au meurtrierʺ. On l’a remarqué dans des manifestations meurtrières quand la rumeur circulait selon laquelle, la Police Nationale Rwandaise allait venir assurer la sécurité dans la ville de Goma suite a un accord signé entre deux polices. On a suivi la saga qui a suivi l’annonce de la construction d’un village pour les personnes éprouvées par l’éruption de Nyiragongo, à Goma par Kigali par sa brigade d’ingénieurs. L’on sait bien que sous une fausse nécrologie de la mort de Kagame, la ville entière de Goma a fête en liesse cette nouvelle, procédant même à son enterrement symbolique. Les propos de Kagame sur le “Rapport Mapping” et le Prix Nobel de la paix, Docteur Mukwege ont poussé le Président Etienne Tshikekedi de sortir de son mutisme pour  rappeler à son homologue rwandais le retour à la raison! Quoi qu’on fasse, le Rwanda n’est pas le bienvenu en RDC ! 

Avec le M23, qui a pris Goma, il y a 10 ans la concorde de la société civile pour accuser le Rwanda et de mise.

Ainsi, dans un communiqué conjoint signé le mardi 29 mars 2022 par ses coordinations urbaines et territoriales du Nord-Kivu, la société civile soupçonne le Rwanda à travers le M23 de vouloir ʺsaboterʺ la coopération bilatérale au beau fixe entre la RDC et l’Ouganda. Elle fait remarquer que depuis le mois de novembre dernier, ces rebelles qui bénéficieraient d’un ʺsoutien avéréʺ de l’armée Rwandaise, mènent des attaques armées contre les militaires congolais dans Runyoni et Chanzu, dans la partie Est du territoire de Rutshuru, à la frontière avec le Rwanda, causant des déplacements des milliers de populations.

Selon la société civile congolaises, ces attaques dénotent d’un plan du Rwanda pour nuire à la coopération multisectorielle entre Kinshasa et Kampala, estime-t-elle, d’où le raisonnement par hypothèses démontre que ces attaques seraient soutenues par des motifs inavoués, ci-après :

– La tentative d’obtenir l’entrée officielle des militaires Rwandais en concurrence avec les Ougandais qui travaillent aux côtés des FARDC dans la lutte contre les Forces démocratiques alliées (ADF) ;

– Les velléités pour le Rwanda de bloquer le projet de construction des routes reliant la RDC à l’Ouganda ;

– Bloquer l’arrivée du Pape pour obtenir les négociations entre les M23 et le gouvernement congolais autour de l’accord « diabolique » de Nairobi ;

– Détourner l’attention des militaires congolais face à la guerre contre les ADF qui sont déjà ʺmalmenéesʺ.

La société civile recommande cependant au chef de l’État et au gouvernement congolais de dépêcher des renforts « robustes » dans le territoire de Rutshuru pour déjouer ce ʺplan d’occupationʺ et de jouer à la diplomatie pour amener la communauté internationale dans son ensemble de décourager les ʺappétits démesurésʺ du Rwanda. 

  • Et le politique?

Invité du Journal Afrique de TV5 Monde, le ministre congolais de la Communication et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe, a condamné cette énième incursion et pense qu’ « Il est temps de mettre fin à cette forme d’hypocrisie qui existerait ou cette forme de complicité entre le M23 et le gouvernement du Rwanda », a-t-il déclaré, « parce que nous, nous voulons regarder le Rwanda comme un pays partenaire, comme nous regardons l’Ouganda”.

C’est ainsi, a-t-il poursuivi, la RDC a adhéré à la Communauté des États de l’Afrique de l’Est dans le soucis de construire les relations de paix pour consolider l’économie entre les Etats afin que la région de grand Lac soit celle qui permettra le décollage et le développement de toute l’Afrique

 Au vu des « affirmations de l’armée » de RDC, a-t-il ajouté, « mon collègue des Affaires étrangères invitera l’ambassadeur du Rwanda, pour qu’il vienne nous donner des explications ».

C’est ainsi que le Vice-premier ministre, en charge des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, a convoqué  29 mars, l’ambassadeur du Rwanda en RDC, Vincent Karega, au sujet des allégations de soutien de son pays au groupe rebelle M23.

Dans sa réaction, le diplomate rwandais a nié toute implication de son pays dans les attaques perpétrées la nuit du dimanche 27 au lundi 28 mars 2022, à Chanzu, dans le territoire de Rutshuru, province du Nord-Kivu, par le M23.

“A travers nos conversations, nous avons rassuré le vice-premier ministre que le Rwanda n’a aucun intérêt à épauler le M23. Par contre, ensemble, en tant que pays voisins en bonne coopération, nous devons travailler pour nous assurer qu’il n’y ait pas insécurité à nos frontières” , a déclaré, Vincent Karega.

Mais Vincent Karega a tout de même reconnu qu’il y a eu beaucoup d’activités menées ces derniers temps par le mouvement du M23 dont certains membres habitent au Rwanda et en Ouganda dans les camps des réfugiés.

Parlant des présumés militaires rwandais arrêtés lors de cette attaque, Vincent Karega a indiqué qu’il s’agit des personnes arrêtées non pas lundi le 28 Mars 2022, mais plutôt il y a un mois.

Il a soutenu que son pays est intéressé à travailler avec l’armée congolaise pour interroger ensemble les captifs afin de confirmer ou infirmer par rapport aux numéros matricules et à leur identification.

“Nous n’avons pas, de telles unités dans notre armée. Nous sommes confiants de le dire, parce que nous n’avons aucune intention, aucun plan, ni projet de l’armée rwandaise à épauler une cause qu’on ne maîtrise pas de M23, alors que nous sommes signataires de tous les accords, entre autres, celui d’Addis-Abeba. Nous venons de discuter de comment travailler ensemble. Nous espérons qu’à la suite de toutes ces réunions qui ont eu lieu ici avec les Présidents régionaux et tous les autres pour accélérer la mise en œuvre. Et cette mise en œuvre sera plus rapide cette fois ci par rapport au passé », a-t-il déclaré.

Au terme des discussions, les deux personnalités ont convenu de mettre sur pied une mission de vérification et de restauration de la confiance et de la coopération.

Dans une interview accordée à RFI, Patrick Muyaya Katembwe, ministre de la communication et médias, porte parole du gouvernement calme la donne, pour tenter d’éviter l’escalade de la tension entre la RDC et le Rwanda.

“ Il y a eu une incursion de rebelles du M23, c’est pour la deuxième fois, la première c’était au mois de novembre dernier, c’est les mêmes méthodes, on connaît la proximité qui a toujours caractérisée ces forces rebelles avec le pays dont vous parlez, évidemment, si les militaires en parlent, c’est eux qui peuvent l’attester ; mais aujourd’hui, nous on ne peut pas se focaliser sur ces choses parce que le temps est venu de construire une relation de paix dans la sous région”, a indiqué Patrick Muyaya dont la réponse ne semble pas convaincre l’opinion qui pense qu’il a été trop Clément envers le Rwanda qui depuis la nuit de temps est aux côtés des rebelles du M23.

Selon plusieurs analystes, le Ministre qui soutient le nouveau narratif dans sa vision avec les pays voisins, n’apporte pas un appui au gouverneur militaire qui a présenté les deux militaires rwandais capturés dans le rang des rebelles du M23.

“On ne peut pas aller dans cette rhétorique des militaires pour la quelle il existe de mécanismes de vérification entre les deux pays, ces mécanismes seront activés, les contacts diplomatiques vont se faire s’il s’avère que les choses puissent être clarifiées”, a déclaré le porte-parole du gouvernement, il déclara même qu’il était pas certain que les deux personnes présentées par le gouverneur militaire puissent être des militaires rwandais.

“Je ne voudrais pas aller sur ce champ pour personnaliser le sujet, nous travaillons pour la paix dans la région”, a martelé Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement.

On trouve bel et bien que le gouvernement de la RDC se trouve devant un dilemme et ne sait pas quoi faire. La condamnation du Rwanda est plus pire qu’une attitude évasive, du genre de Muyaya car condamner le Rwanda c’est en même temps s’attire les foudres de l’armée professionnelle de Kagame. Mais cette contradiction, ce tâtonnement du gouvernement congolais ne prouve pas seulement la peur de Kigali mais également de témoigne une fois de plus, qu’il y a un problème de coordination dans l’action gouvernementale, estime quelques congolais.

  • Que dit Kigali: un non catégorique!

Le Rwanda a réagi aux accusations des autorités congolaises, sur son soutien présumé aux rebelles du M23. Kigali a dénoncé ‘’des accusations sans fondament’’.

Concernant les deux  hommes qui. lundi, le 28 mars 2022, ont été présentés par les autorités congolaises à la presse, qu’ils feraient partie des soldats rwandais qui combattent aux côtés du M23 selon les autorités congolaises. Kigali réfute catégoriquement 

D’abord, c’est le Gouverneur de la Province de l’Ouest, frontalière des zones d’incursion, Habitegeko François, qui réfute catégoriquement les accusations de Kinshasa. “Nous réfutons catégoriquement les accusations sans fondement de l’armée congolaiseʺ, a répliqué mardi le 29 mars dans un communiqué, sur la chaine de la Télévision Nationale. L’armée rwandaise « n’est en aucune façon impliquée dans les activités belliqueuses » en RDC, a-t-il ajouté.

Les deux militaires présumés, habillés de vêtements civils, ont été montrés au public se tenant près du General Ekenge, à la télévision congolaise. Mais là aussi, M. Habitegeko a « contesté ces fausses allégations ». Selon lui, les noms de ces deux hommes avaient été évoqués par la partie congolaise lors d’une réunion, le 25 février 2022 à Kigali, d’un mécanisme conjoint de renseignement.

Ces deux hommes auraient donc été arrêtés « il y a plus d’un mois », a souligné le gouverneur rwandais, en affirmant de surcroît que l’armée rwandaise ne comptait pas dans ses rangs de soldats répondant aux noms mentionnés.. « On a vérifié chez nous, ces gens [les deux individus présentés par les FARDC comme des soldats rwandais, Ndlr] n’appartiennent pas à l’armée rwandaise. Si les autres [la RDC, Ndlr] continuent à insister ou à aller dans cette voie-là, ils peuvent saisir le mécanisme, parce que les mécanismes sont là pour ça. Et attendre les résultats des investigations de ces mécanismes. », a déclaré Alain Mukuralinda, porte-parole adjoint du gouvernement rwandais.

Accusations balayées aussi par les rebelles. Le mouvement est « congolais » et ne bénéficie « d’aucune aide, ni de près, ni de loin, d’un quelconque pays voisin », souligne Willy Ngoma, porte-parole du M23.

Même si le M 23 est né, il y a des années, d’un groupe armé soutenu par le Rwanda et l’Ouganda à l’époque, Kigali semble dire que cela est du passé, car il dit mettre désormais en avant, sa volonté d’assainir ses relations avec la RDC.

« Ce qui préoccupe le gouvernement rwandais, c’est de continuer à avoir de bonnes relations avec nos voisins, spécialement avec la RDC qui vient de devenir membre de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est. On ne dit pas qu’il peut ne pas y avoir un problème, mais s’il y a un problème, il y a des mécanismes qui ont été prévus pour les résoudre. Mais pour le moment, il faut se focaliser sur la continuité et le renforcement des bonnes relations ‘’, explique toujours, Alain Mukuralinda, le porte-parole adjoint du gouvernement rwandais.

  • Conclusion: Kigali accuse

L’ambassadeur du Rwanda en RDC, Vincent Karega, a finalement, ce 31 mars 2022, soutenu la position de son Boss, Paul Kagame. Comme pour faire la trêve de la saga autour de la probable présence des éléments de la RDF sur le sol congolais sous le couvert de M23, Vincent Karega a souligné qu’il existe des groups armés dans la RDC qui ont l’intention de faire la guerre contre le Rwanda dans le but de commettre a nouveau le génocide.

Vincent Karega a fait ses remarques, ce 31 mars 2022, lors d’une conférence de presse après avoir rencontré Claude Ibalanky Ekolomba, coordinateur  de la mise en œuvre de l’accord d’Addis-Abeba concernant M23.

L’Ambassadeur Karega a déclaré “Nous sommes frères, nous avons une histoire amère. Il y a eu un terrible génocide au Rwanda, il y a des refugiés avec des armes au sein des groupes armés de Congo. Il y a des groupes qui veulent encore une fois envahir le Rwanda et continuer le génocide. Bref, c’est révoltant, il faut lutter contre ça”

“ Le Rwanda n’a pas de mauvaises intentions de déstabiliser le Congo ou d’en occuper une partie, comme on le dit souvent. Dans l’Est du Congo, il y a des groups armés dont les FDLR, le P5 et tous les autres qui ont des mauvaises intentions sur le Rwanda”, souligne Karega.

Les paroles de l’Ambassadeur Vincent Karega sont une bonne et honnête  répétition de ce que son chef, le président Kagame a récemment déclaré, disant que le Rwanda a un ennemi de longue date en RDC et  mérite qu’on s’y oppose. “ Notre ennemi, qui existe depuis plus de 25 ans, est toujours là de telle sorte que les actions de lutter contre lui, semblent au contraire avoir permis l’accroissement du problème. Il semble que ça permet à certains même de pérenniser leurs emplois”

Je ne peux jamais imaginer un problème qui pourrait durer 25 ans et coûter des dizaines de milliards de dollars mais rester un problème. Il doit y avoir quelque chose qui ne va pas”. Depuis en fait 1999, l’ONU a une mission de la paix au Congo, voici déjà 23 ans, mais le problème perdure malgré les coûts estimés à 1000 milliards de francs rwandais, chaque année. Pour conclure Kagame a déclaré que même si la question semble avoir été insolvable le Rwanda est va y faire face

L’ambassadeur Vincent Karega prévient ceux qui veulent déstabiliser le Rwanda en utilisant la RDC qu’ils seront combattus.

Devant l’hystérie paranoïaque de Kagame et sa puissance militaire dans la région, et surtout sa détermination, Kinshasa doit adopter une attitude non-belligérante et accepter l’entrée officielle sur le sol congolais. Sinon, Kagame, qui fait le marchandage du Génocide Tutsi, va entrer en RDC sans invitation, et ce sera plus désastreux qu’avant. Et pourquoi Museveni se tait? Est-ce une connivence de bienvenue ou une rancune pour se plans économiques en RDC avortés? Et les Congolais sont là à faire des condamnations verbales! Tout simplement, à tout prendre, le M23 est une partie visible de l’iceberg ou un arbre qui cache une immense forêt. 

A bon entendeur, salut!

1 COMMENT

  1. Ce que qu’un chef d’Etat qu’est Tshisekedi doit faire.
    Dans un cas comme celui-ci, gouverner c’est prendre les décisions qui s’imposent et peu importe ses effets.
    Il en va de l’intérêt général et de la crédibilité du gouvernement congolais. L’intérêt général passe avant toute autre considération. Les crimes qui ont été commis en RDC, Kivu sont établi et conséquemment constitutifs d’un fait établi.
    1/ Emettre des mandats d’arrêt nationaux ou internationaux contre les Congolais qui se sont enrôlés dans ce M23 ci celui-ci existe effectivement dont les éléments sont les présumés auteurs de ces crimes;
    2/ Faire exécuter ces mandats c’est-à-dire les chercher sur l’ensemble du territoire congolais, les arrêter et les traduire en justice pour qu’ils répondent de leurs méfaits; S’ils sont à l’étranger, ces mandats d’arrêt internationaux doivent être adressés aux Etats dans les Etats lesquels ces congolais se trouvent ou résident et demander leur extradition.
    3/ L’existence des soldats rwandais dans la guerre contre la RDC est un fait établi. L’Etat Congolais doit porter l’affaire devant la Cour Internationale de Justice de la Haye , compétent pour trancher le litige entre deux Etats (voire les arrêts enrichissant de cette Cour). Le Rwanda sera contraint d’exécuter la décision de la Cour; A défaut, la RDC doit saisir le Conseil de Sécurité de l’ONU qui ne pourra fuir sa responsabilité première: faire régner et promouvoir sécurité internationale et la paix entre les Etats. L’avantage est que la procédure devant le Conseil de Sécurité est plus rapide que celle devant la CIJ qui est longue sauf si l’urgence le requiert. Le Rwanda ne pourra sûrement pas nier l’évidence ou contester l’effectivité des fait flagrants; Par ailleurs, la procédure devant le Conseil de Sécurité sera une occasion de mettre les cinq membres permanents devant leur responsabilité; il leur sera difficile de faire avaler aux Congolais qu’ils font une campagne internationale et prennent des sanctions contre la Russie pour agression de celle-ci contre l’Ukraine et que les agissements du M23 Composé des soldats Rwanda et dont le QG est au Rwanda contre la RDC ne sont pas constitutifs d’une agression armée contre celle-ci c’est-à-dire que les Ukrainiens méritent plus de compassion et de justice que des milliers voire des millions de Congolais.
    4/ Rejeter les manoeuvres de Kagame tendant à faire admettre l’existence de M23 comme organisation politico-militaire congolaise comme il l’a fait lors de sa guerre contre le Rwanda (FPR, organisation politico-militaire rwandais alors qu’elle étai notoirement issue de l’armée ougandaise) et conséquemment faire admettre l’intégration des bouchers présumés des milliers de Congolais dans l’armée congolaise c’est-à-dire demander aux victimes de loger et nourrir les auteurs présumés des crimes contre les leurs.
    Il en va de la crédibilité du Président Tshisekedi, chef de l’Etat, commandant en chef de l’armée congolaise, garant de la sécurité des Congolais et de la justice pour tous les Congolais. L’absence de justice pour les victimes de la part de la RDC est constitutive de déni de justice contre des milliers de victimes congolaises.
    5/ La RDC devra également demander au Conseil de sécurité de l’ONU la création d’une Tribunal Pénal International chargé rechercher et juger les auteurs des crimes évoqués dans le Rapport Mapping.
    Il est incompréhensible que Tshisekedi reste apathique aux crimes de masse qui ont emporté des millions de Congolais, femmes, enfants et homes de tous âges et conditions y compris les religieux dont Monseigneur Christophe Munzuhirwa au surplus bien détaillée dans le Rapport Mapping, le tout pour ses petits intérêts personnels à savoir ses liens avec Kagame. Un tribunal spécial a été créé pour les crimes qui ont été commis en RCA sur demande de celle-ci. Une question se pose de savoir pourquoi Tshisekedi refuse de saisir le Conseil de Sécurité de l’ONU aux fins de création d’un tribunal international pour la RDC ci-dessus évoqué. Pourquoi les opposants politiques restent-ils passifs alors que leur mission est entre autres de corriger les méfaits du gouvernement au pouvoir? Il en est de même des médias congolais. Ils dissertent sur tout et encensent leur président mais ils n’informent jamais le public congolais de cette affaire et du refus manifeste du Président Tshisekedi de faire rendre justice aux millions de victimes congolaises. Ses petits intérêts sont-ils supérieurs à ces des millions de Congolais du Kivu? Une victimes d’une escroquerie de de 100000 francs congolais mérite plus justice et de compassion que celles des massacres de masse.

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