RWANDA : SOS pour M. Zikamabahari Théogène porté disparu le 26/12/2018 au soir.

ZIKAMA Théogène

Communiqué n°140/2018

Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda (CLIIR) dénonce et condamne l’enlèvement suivi de la disparition forcée de Monsieur ZIKAMABAHARI Théogène dans la soirée du mercredi 26 décembre 2018 à son travail à l’Usine à Thé de NYABIHU. Il avait été embauché il y a à peine deux mois et 15 jours.

Monsieur ZIKAMABAHARI Théogène est né en 1967 et est âgé de 51 ans. Il est le fils de MARUHE Antoine et de KIROHA Félicité. Il est marié à Madame NTAMUKUNZI Médiatrice née en 1970. Il est originaire de l’ancienne Commune de KARAGO en préfecture GISENYI (dans la province du Nord). Le couple Zikamabahari et Ntamukunzi a six enfants : quatre filles et deux garçons. Ce couple a la chance d’avoir quatre petits enfants.

Chronologie de la disparition à l’Usine de Nyabihu :

1. Dans la soirée de mercredi 26 décembre 2018,M. ZIKAMABAHARI Théogène était à son boulot de veilleur de nuit à l’Usine à Thé de NYABIHU dans la province du Nord.

2. Des agents de la Directorate of Military Intelligence (DMI) sont venus l’enlever à son son lieu de travail. Depuis son enlèvement, ni sa femme, ni ses enfants, sa mère, ses proches parents, ses amis et ses voisins ont perdu sa trace depuis hier soir mercredi.

3. Ce n’est pas la première fois que les descendants de Monsieur MARUHE Antoine sont victimes des enlèvements et des disparitions forcées au Rwanda.

4. Monsieur TUYUBAHE Placide, petit frère de M. Zikamabahari Théogène, a été enlevé et porté disparu depuis le 08 décembre 2012 dans le district de GASABO de la Ville de Kigali. Il avait trouvé du travail là-bas où il avait été embauché pour corriger les examens officiels des élèves. M. TUYUBAHE Placide était en dernière année de sa Licence en Sciences de l’Education dans l’Université de Ruhengeri. C’est en cette qualité qu’il avait été recruté pour exécuter ce travail de confiance.

TUYUBAHE Placide

5. Monsieur TUYUBAHE Placide, âgé de 27 ans à l’époque, n’a plus donné signe de vie depuis six ans déjà. Il a laissé une femme et une fillette en bas âge.

Conséquences de ces deux disparitions (celles des deux frères) :

1. L’épouse de Zikamabahari, ses six enfants et ses quatre petits enfants s’interrogent sur le sort qui lui a été réservé. Ils s’inquiètent de cette deuxième disparitiondes descendants de Monsieur MARUHE Antoine et KIROHA Félicité qui perdent ainsi deux fils en SIX ans d’intervalle. Les ravisseurs sont des agents de l’Etat rwandais qui est incapable d’assurer la sécurité de tous. Parce que l’Etat ne peut pas assurer la sécurité et en même temps enlever ses citoyens. Qui va protéger les rwandais contre les disparitions forcées ?

2. L’épouse de TUYUBAHE Placide se considère comme veuve et sa fille orpheline. Toutes les autorités rwandaises concernées par ces enlèvements sont incapables d’expliquer ce que deviennent ces nombreux citoyens, qui disparaissent dans un pays qui prétend être le plus sûr de l’Afrique. La majorité des familles se taisent pour ne pas subir le sort qui a été réservé à la Famille RWIGARA dont l’épouse Adeline et la fille Diane ont été acquittés par un tribunal de Kigali le 06 décembre 2018 après plus d’une année de détention préventive arbitraire.

3. Le Rwanda devra-t-il rapatrier ses nombreuxmilitaires et policiers engagés dans des missions de pacification de l’ONU en Afrique, à Haïti et ailleurs ?

4. Les deux frères portés disparus auraient un frère dans les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) en RDC. Dans ce cas, le régime rwandais serait-il entrain de commettre les mêmes crimes de génocide comme ceux qui ont été commis par certains militaires et agents de sécurité Hutus qui ont massacré des Tutsis innocents en 1994, sous prétexte que leurs frères Tutsis combattaient dans la rébellion Tutsie du Front Patriotique Rwandais (FPR)qui a envahi le Rwanda à partir de l’Uganda en 1990 ?

RECOMMANDATIONS :

– Le CLIIR demande à toute personne pouvant avoir la moindre information sur la disparition de M. ZIKAMABAHARI Théogène (disparu le 26/12/2018) et de son petit frère TUYUBAHE Placide (disparu le 08/12/2012 à l’âge de 27 ans) de bien vouloir la communiquer au CLIIR, à leur famille et aux autorités rwandaises.

– Le CLIIR demande à toutes les organisations de défense des droits humains nationales (composantes du CLADHO) et internationales (HRW, Amnesty International, FIDH, RIPRODHOR… de nous aider à rechercher activement ces deux frères (tous deux fils de MARUHE Antoine et KIROHA Félicité originaires de Karago.

– Le CLIIR demande au gouvernement rwandais d’interdire à ses agents de sécurité d’opérer ce genre d’enlèvements. Les crimes d’enlèvements sont des crimes contre l’humanité imprescriptibles. C’est-à-dire que les auteurs de ces crimes, leurs commandants ainsi que leurs chefs seront poursuivis jusqu’à leur mort.

– Le CLIIR demande au Premier Ministre du Rwanda, Dr NGIRENTE Edouard, de faire tout son possible pour faire cesser les tueries, les enlèvements, la torture et les disparitions forcées, sous peine de se voir lui-même poursuivi pour ces crimes en tant que chef du gouvernement. Cela lui arrivera tôt ou tard s’il ne démissionne pas rapidement.

Fait à Bruxelles, le 27 décembre 2018
Pour le Centre, MATATA Joseph,

Coordinateur (gsm 0476701569)

1 COMMENT

  1. Les cas comme celui de Zikamabahari sont très nombreux dans ce pays.
    Au regard des faits, il serait judicieux d’établir une liste des disparus sous le régime Kagame via CLIIR et autres associations rwandaises de défense des droits de l’homme. Celles-ci feront le nécessaire. L’auteur direct de ces disparitions est Kagame. Celui-ci est garant de la sécurité des Rwandais. Par conséquent, c’est à lui de répondre de ces méfaits. C’est l’inertie qui l’encourage dans ses méfaits. En effet, aucune plainte n’a été déposée contre lui par les associations de défense des droits de l’homme opérant dans les Etats dits de droit et démocratiques pour arrestation, séquestration et assassinat des Rwandais nommément désignés, le tout devant les tribunaux de ces Etats. Sous peine de subir le même sort que les leurs, les membres des familles des disparus ne peuvent rien faire contre les assassins. Parler c’est bon mais agir c’est encore mieux. Les publics sont plus sensible à l’action qu’au discours. CLIIR est à la disposition de tous les Rwandais victimes directes ou indirectes des méfaits de Kagame, dit Président du Rwanda, garant de la justice pour tous les Rwandais et de la sécurité de ces derniers. En cette qualité, il est responsable au premier chef des disparitions des centaines voire des milliers de Rwandais. L’Etat ou lé régime est une fiction. Un crime est commis par l’homme et nullement par l’Etat. L’Etat peut être responsable mais des actes commis par son agent, auteur direct du crime. Il n’y a donc pas de responsabilité pénale directe contre un régime ou un Etat. D’ù action pénale contre Kagame et non contre le Rwanda(= les Rwandais).

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