Balthazar BICAMUMPAKA est un citoyen rwandais devenu homme politique avant de devenir un homme d’affaires. Il est né officiellement au cours de l’année 1920, à Rwaza, dans la chefferie du Bugarura, dans ce qui est devenu plus tard la Commune Ruhondo, et aujourd’hui District de Musanze. Mais pour ce qui est de cette date de naissance, il s’agit d’une approximation. En effet, à sa naissance, ses parents n’étant pas baptisés, cette naissance ne fut enregistrée nulle part. C’est donc bien plus tard qu’il a été enregistré.
Alors qu’il gardait le troupeau de ses parents, il avait rencontré par hasard un prêtre missionnaire blanc qui visitait, à pieds, les groupes de chrétiens sur leurs collines. Ce missionnaire ayant engagé la conversation avec lui, il le trouva très ouvert et lui demanda pourquoi il n’allait pas à l’école. L’autre lui répondit qu’il s’y était présenté pour son inscription, mais qu’il avait été recalé pour cause d’un problème d’âge. En effet, on l’avait trouvé bien trop grand pour être scolarisé. Le missionnaire le convoqua alors à la paroisse de Rwaza pour le lendemain. Une fois sur place, on l’inscrivit à l’école et il put commencer ses études primaires. Pour ce qui est alors de son âge, ce fut le même missionnaire blanc qui fixa sa date de naissance comme étant l’an 1920, sans donner de date precise. Mais en réalité, il était né bien avant cette date, on ignorait l’année exacte. En fixant sa date de naissance à l’année 1920, ce missionnaire ne voulait pas que le jeune BICAMUMPAKA qui par ailleurs n’était pas encore baptisé et donc ne portait pas encore le prénom de Balthazar, apparaisse dans les dossiers scolaires comme étant beaucoup trop grand par rapport à ses camarades de classe. Ce fut donc pour lui un heureux hasard et une chance exceptionnelle que d’avoir rencontré ce prêtre.
I. Vie religieuse en tant que membre de la congrégation des Frères Joséphites.
Balthazar BICAMUMPAKA est Fils de Pancrace RUTABAGISHA et d’Hélène NYIRARWANGO. Rutabagisha ne fut baptisé que sur son lit de mort; il se prénomma alors Pancrace. Il mourra juste après ce baptême. Quant à son épouse Nyirarwango, elle sera baptisée quelques temps après la mort de son mari, après avoir suivi la formation normale en catéchèse, laquelle était dispensée par les pères missionnaires blancs de la mission catholique de Rwaza. Elle se prénommera donc Hélène.
B. BICAMUMPAKA est l’aîné d’une fratrie de neuf enfants. Brillant élève, il fera tout son cursus primaire à l’école de la paroisse de Rwaza. Après ses études primaires (lesquelles duraient cinq ans à l’époque), il fit la sixième année, avant d’aller au noviciat des frères joséphites, à Kabgayi. Au terme de ce noviciat, il deviendra frère joséphite. Par la suite, il entamera des études secondaires à l’École normale. Cette dernière formait les moniteurs, soit les futurs enseignants rwandais. Cette formation se terminera par l’obtention du diplôme de moniteur.
Étant déjà frère joséphite, une fois diplômé, les responsables de sa congrégation l’affectèrent au sein de la communauté des frères joséphites de la paroisse de Kansi, dans l’ancien territoire d’Astrida, actuellement province du sud du Rwanda. À Kansi, il exerce deux responsabilités : il est nommé Frère-économe. En même temps il enseigne les jeunes de cette région. Comme on va le voir ci-dessous, cette responsabilité en tant que Frère-économe va bouleverser sa vie et va conditionner son avenir politique. En effet, parmi le groupe de frères joséphites de Kansi, B. BICAMUMPAKA était le seul frère d’ethnie hutu. Tous les autres étaient d’ethnie tutsi. Il va alors connaître une situation qu’il n’avait jamais connu auparavant, notamment à Kabgayi. N’oublions que nous sommes à la fin des années 1930.
En effet, alors que, en tant que Frère-économe, c’était lui qui était notamment responsable des approvisionnements, de la préparation des repas, ainsi que du personnel domestique de la congrégation, les frères d’ethnie tutsie ont commencé à refuser à s’asseoir avec lui sur une même table, pour partager leur repas. Plus d’une fois, il lui est arrivé de s’asseoir à une table, et de voir aussitôt un autre frère qui y était assis avant lui, se lever pour aller s’asseoir ailleurs et continuer à y prendre son repas! On remarque ici les pesanteurs qui caractérisaient, encore à l’époque, les relations sociales entre les tutsis et les hutus, ces derniers étant considérés par les tutsis comme leurs serviteurs ou les manants, alors que les tutsis se considéraient comme des membres d’une ethnie supérieure. B. BICAMUMPAKA qui, comme ses camarades frères, avait reçu une éducation chrétienne en tant que frère, ne comprenait pas comment ses collègues puissent se comporter ainsi à son égard. Il se décida alors d’engager des discussions approfondies sur un certain nombre de thèmes, dans le but de les secouer et de les amener à changer de comportement. Il leur opposa alors les valeurs chrétiennes qui leur avaient été inculquées tout au cours de leur formation, en tant que frères joséphites d’abord, ensuite en tant que futurs formateurs de la jeunesse rwandaise, au sein des écoles catholiques. Mais, ces discussions ne donnèrent rien de positif, car pour ces frères d’ethnie tutsie, le hutu restait inférieur au tutsi, et ce malgré ces valeurs chrétiennes qu’ils prétendaient vivre quotidiennement et qu’ils étaient sensés développer autour d’eux! Déçu de ce comportement indigne et décidé à œuvrer pour changer les choses dans la société rwandaise, il prit la décision de quitter la congrégation des frères joséphites.
En effet, il ne pouvait pas accepter le mépris, l’injustice, l’exploitation et l’asservissement dont lui et les autres hutus subissaient constamment dans leur pays, de la part notamment des tutsis. Après réflexion, il se rendit aussi compte que les choses ne pourront changer au sein de leur congrégation que le jour où elles auront changé dans la société rwandaise en général. Il faut aussi souligner que Balthazar BICAMUMPAKA était issu d’une famille qui, par tradition, refusait toute injustice et toute soumission à l’arbitraire. Cela avait progressivement façonné son caractère depuis sa tendre enfance.
Ainsi par exemple, son oncle du nom de MPAMIJE, avait été tué par un soldat allemand, vers 1905, alors qu’il refusait que deux soldats allemands s’emparent d’un bœuf du troupeau de son père. À l’époque, c’était de tradition que pour leur consummation proper, les colons s’emparent de biens appartenant à des Rwandais (animaux domestiques, aliments, etc.), sans leur payer de contrepartie. MPAMIJE avait donc résisté vaillamment appelant même à la rescousse sa grande famille. Les soldats allemands ayant vu cette résistance acharnée avaient renoncé à leur projet de pillage et ils avaient continué leur route à pied. Seulement ayant fait environ 150 mètres, l’un d’eux s’est retourné et a tiré avec son fusil, visant le jeune MPAMIJE. Ce dernier s’était écroulé, mort sur le coup. Malgré cette mort, son courage était devenu une histoire qui se racontait dans bien de soirées au sein de la grande famille, de génération en generation. Il existe d’autres éléments presque similaires qui s’ajoutent au cas de MPAMIJE pour avoir influencé et avoir façonné le caractère de B. BICAMUMPAKA.
Ainsi donc, il quitta cette congrégation et rentra chez ses parents, à Rwaza. Il va vite trouver du travail de comptable dans une entreprise coloniale implantée à Kinigi (Ruhengeri). Cette entreprise s’occupait de la culture du pyrèthre. Plus tard, il réintègrera l’enseignement à Rwaza. C’est ainsi que beaucoup de futurs cadres rwandais originaires de la région de Rwaza et au-delà, ont été ses élèves. Rapidement, il sera promu pour devenir le directeur des écoles de Rwaza.
II. Vie civile et sensibilisation aux idéaux de liberté, d’égalité et de démocratie.
C’est au début de l’année 1947 que Balthazar BICAMUMPAKA va se marier avec Basile NTAKAZALIMARA, une jeune fille originaire de Rwaza. Elle était la fille d’un agent paroissial à Rwaza même. Ils auront ensemble dix enfants, trois filles et sept garçons. Mais pour mieux comprendre l’hypocrisie qui régnait dans le cercle régnant, à l’époque au Rwanda, une fois que B. BICAMUMPAKA venait d’embrasser la vie civile de laïc, l’influent Jean-Baptiste RWABUKAMBA, à l’époque chef du Bugarura, avait tout fait pour le pousser à épouser une de ses filles, tutsie donc. Le paradoxe… Alors que les frères joséphites de Kansi, d’ethnie tutsie, l’avaient discriminé et méprisé du fait qu’il était hutu, voilà qu’un important chef tutsi veut lui donner sa fille en mariage. C’est ainsi que se passait les choses dans le Rwanda traditionnel de l’époque. En effet, dans bien de cas, on approchait quasiment tout jeune hutu qui présentait de bonnes perspectives, notamment professionnelles, pour lui présenter une jeune fille appartenant à une famille tutsie, et on lui faisait subir des pressions de toute sorter pour qu’il accepte de l’épouser. B. BICAMUMPAKA avait repoussé les avances du chef RWABUKAMBA, à l’étonnement de ce dernier, pour épouser sa fiancée Basile NTAKAZALIMARA.
Il est important de noter que c’est juste à la fin de la deuxième guerre mondiale que B. BICAMUMPAKA quitte la vie religieuse. Cela coïncide avec l’éclosion des idées de libération des colonies en Afrique et ailleurs. Plusieurs idées circulent dans de rares médias, mais surtout l’ONU, qui vient d’être créée, demande aux puissances coloniales de permettre à leurs colonies de s’émanciper. Cela n’échappe pas à B. BICAMUMPAKA et l’encourage même à aller de l’avant dans son engagement pour l’émancipation du peuple rwandais vis-à-vis de l’aristocratie tutsie. C’est ici que l’Association des Moniteurs Rwandais (AMR), une sorte de syndicat des enseignants rwandais dont il fut l’un des membres les plus influents, va jouer un rôle capital. En effet, dès sa création, cette association permet à B. BICAMUMPAKA de rencontrer d’autres intellectuels rwandais issus de toutes les régions et paroisses du Rwanda, d’échanger des idées sur la situation sociale, politique et économique du pays, et de voir ensemble comment sortir le peuple du marasme dans lequel il se trouvait. L’AMR constituera un réseau implanté dans tout le pays et il sera très efficace.
Parallèlement à cela, B. BICAMUMPAKA va rencontrer d’autres personnalités rwandaises qui seront déterminantes dans son action future. C’est ainsi qu’il rencontre particulièrement
Grégoire KAYIBANDA, Calliope MULINDAHABI, Dominique MBONYUMUTWA et plusieurs autres. La plupart de ces personnalités s’étaient connues, encore jeunes, soit au sein des séminaires ou alors dans les écoles normales plus connues à l’époque sous l’appellation d’écoles de moniteurs. Avec Grégoire KAYIBANDA, B. BICAMUMPAKA va développer des liens très solides. Ensemble, notamment en voyageant, seuls ou ensemble, partout dans le pays (Gitarama, Gikongoro, Butare, Cyangugu, Kibuye, Gisenyi, Ruhengeri, etc). Ils noueront de solides liens avec beaucoup d’autres personnalités rwandaises, mais aussi religieuses, voire coloniales. Certains de ces Rwandais deviendront plus tard d’importants responsables politiques ou administratifs. Ainsi, en plus du réseau de l’AMR (Association des Moniteurs du Rwanda), une solide base aura été constituée en vue de la libération de la masse, notamment de la servitude.
III. Lutte pour l’émancipation du peuple et l’égalité de tous devant la loi.
L’action de ce groupe naissant va rapidement se structurer, dans le but de porter leur parole beaucoup plus loin. Avec ses amis politiques dont surtout Grégoire KAYIBANDA, on a la création du MSM, le Mouvement Social Muhutu. Ils commencent donc prudemment, et ils choisissent d’abord de travailler sur le plan social. Mais comme la situation du pays va rapidement évoluer sur une courte période (1954-1959), le MSM cèdera la place au parti Parmehutu (Parti du mouvement de l’émancipation hutu), lequel sera rebaptisé par après MDR-Parmehutu, MDR voulant dire « Mouvement démocratique républicain ». Par cette appellation, on a le résumé de tout un programme politique. En effet, ce fut vers le milieu des années 1950, que l’engagement politique de B. BICAMUMPAKA avait pris un tournant déterminant, surtout du fait de l’avènement d’une certaine coordination des activités politiques, à l’échelon national, des premiers leaders qui prônaient le changement politique au Rwanda. Cette coordination s’était s’installée petit à petit, et elle leur permettait de travailler ensemble pour une même cause, et de se connaître davantage. Cela fut déterminant pour la suite de son parcours.
B. BICAMUMPAKA va bénéficier d’un élément accélérateur pour ses activités politiques, au début de l’année 1957. Jusque-là, il se déplaçait à vélo pour aller un peu partout au Rwanda. En effet, les véhicules étaient encore rares dans le pays. Le réseau de l’AMR lui permettait de pouvoir se reposer et de loger chez des amis, avant de reprendre son chemin plus tard. Mais, en 1957, son grand-oncle du nom d’Augustin RUGIRANKANA, observant la dureté de son travail, lui donne en cadeau sa propre voiture! Augustin RUGIRANKANA s’était enrichi en tant que producteur de briques et de tuiles, près de Rwaza, après qu’il ait longtemps été le contremaître de la Mission catholique de Rwaza pour diverses activités de production (briques, tuiles, tabac, chaux, etc.). Il possédait une voiture, et à un moment donné, il a considéré que cette voiture serait plus utile si B. BICAMUMPAKA l’utilisait dans sa lutte pour l’émancipation du peuple rwandais. Avec cet outil, ce dernier n’avait donc plus de problème de circulation. Il y avait dorénavant du confort, de la vitesse, mais aussi cela permettait l’organisation d’un meilleur travail de groupe, dans la mesure où on pouvait voyager à plusieurs! Deux ans plus tard, soit en 1959, B. BICAMUMPAKA aura accumulé suffisamment de moyens pour s’acheter son propre véhicule. C’était une voiture neuve de marque américaine « Plymouth ».
Au cours de l’année 1957, le Mwami Charles MUTARA RUDAHIGWA finit par accepter que le problème d’inégalité ethnique rwandais qui avait été posé par le MSM soit discuté au plus haut niveau. Il mit en place une commission spéciale. B. BICAMUMPAKA fera partie du groupe de douze personnalités rwandaises qui seront chargées d’étudier ce problème et de faire rapport au Mwami et au Conseil supérieur du pays. Cette commission était paritaire, car constituée de six personnalités tutsies et de six autres hutues. Toutefois, une fois que le débat passera de la commission au Conseil supérieur du pays, et ce en présence du Mwami MUTARA RUDAHIGWA en personne, ce sera l’échec total. Ce dernier refuse en effet de reconnaître qu’il y avait un réel problème d’injustice et d’inégalité structurelle entre les hutus, les tutsis et les twas! Il menacera même quiconque osera vouloir diviser les Rwandais en évoquant ce soi-disant problème. Avec cet échec, le leadership politique hutu décide alors d’en référer à l’autorité de tutelle, à savoir la Belgique.
Depuis l’année 1958, plusieurs colloques seront organisés, tantôt par l’autorité de tutelle, tantôt par l’ONU, dans le but de trouver des solutions appropriées aux problèmes structurels rwandais. Ils se tiendront tantôt au Rwanda (Gisenyi), tantôt en Belgique (Ostende), et même à New-York (siège de l’ONU). B. BICAMUMPAKA participera à la quasi-totalité de ces rencontres qui rassemblaient les représentants du Mwami, les tutsi dirigeants de certains partis politiques pro-tutsis dont l’UNAR et le RADER, les hutus dirigeants de certains autres partis politiques (MDR-Parmehutu et Aprosoma), de même que des représentants de la tutelle belge, et parfois ceux de l’ONU.
IV . La population impose B.BICAMUMPAKA à la tutelle et au roi pour les diriger
Au cours de l’année 1958, la population rurale de Rwaza, dans la sous-chefferie de Gashaki, va parvenir à imposer au Mwami MUTARA RUDAHIGWA la nomination de B. BICAMUMPAKA comme sous-chef de Gashaki. Ce fait montre à lui tout seul, combien la situation socio-politique des années 1955-1959 était explosive, au Rwanda. L’avoir ignoré de la part du pouvoir aristocratique tutsi a conduit à la révolution de 1959. La population de la sous-chefferie de Murandi, frontalière de celui de Gashaki, était fatiguée des outrages et des nombreuses injustices que le sous-chef Donat KANAKINTAMA lui faisait subir. Ce dernier venait par ailleurs de perdre un procès, de manière retentissante, et cela l’avait beaucoup discrédité par rapport à ses administrés. Espérant trouver de solution à ce problème, le chef du Bugarura, Jean-Baptiste RWABUKAMBA, soit le supérieur hiérarchique de Donat KANAKINTAMA, avait décidé de muter ce dernier vers la sous-chefferie de Gashaki, voisine de celle de Murandi. Cette mesure avait irrité la population de Gashaki, laquelle par ailleurs connaissait bien les déboires du sous-chef D. KANAKINTAMA! C’est ainsi que ces paysans population décidèrent de contester cette nomination en recourant à l’administration territoriale de Ruhengeri.
Il faut préciser que, petit à petit, cette population avait commencé à s’éveiller grâce aux idées nouvelles liées à la liberté, l’égalité de tous devant la loi et devant Dieu, que les nouveaux leaders politiques professaient depuis quelques années. Ce fut dans ce cadre que plusieurs centaines de gens de Gashaki décidèrent de se rendre au chef-lieu de la Tutelle, dans la ville de Ruhengeri, pour réclamer que Donat KANAKINTAMA, leur nouveau sous-chef soit immédiatement destitué. Au fur et à mesure de leur voyage sur une distance d’environ 15 kilomètres, beaucoup d’autres personnes se sont adjoint à eux, si bien qu’ils étaient très nombreux quand ils sont arrivés devant le bureau du Territoire.
L’Administrateur du Territoire, M. D’arianoff, un homme connu pour ses sympathies envers les tutsis, est venu leur parler directement. Il devait trouver une solution acceptable et vite, car il se faisait aussi tard. C’est alors qu’il demanda à la foule qui ils souhaitaient comme leur futur sous-chef. Ils lui ont alors répondu qu’ils ne voulaient d’autre sous-chef que B. BICAMUMPAKA! D’Arianoff fut obligé de leur promettre de rencontrer leurs exigences. C’est donc très contents de ce coup de force réussi, qu’ils rentrèrent chez eux en chantant et en dansant, si bien que sur leur chemin de retour, tard dans la nuit, beaucoup d’autres gens qui dormaient, se réveillaient et quittaient leurs maisons pour se joindre à eux. Cette nouvelle a eu un grand retentissement dans toute la région du nord du Rwanda et les représentants du Mwami ont commencé à avoir peur.
Sur proposition de l’autorité de Tutelle, qui fit rapport du coup de force populaire des gens de la sous-chefferie de Gashaki, le Mwami MUTARA RUDAHIGWA fut obligé de nommer B. BICAMUMPAKA au poste de sous-chef de Gashaki. Ce fut ainsi le premier poste politique officiel de B. BICAMUMPAKA. Ce dernier quitta alors sa résidence de Mukono pour aller s’installer dans une résidence officielle située à Gashaki, au bord du lac Ruhondo. C’était la première fois qu’au Rwanda, le peuple d’en bas se révoltait et tentait d’imposer un administratif, un sous-chef en l’occurrence!
Quelques semaines après avoir nommé B. BICAMUMPAKA comme le nouveau sous-chef de Gashaki, le Mwami MUTARA RUDAHIGWA décida d’aller rendre visite à ses sujets du Territoire de Ruhengeri, et ainsi tenter de comprendre ce qui s’était réellement passé à Gashaki. Toutefois, il n’osa pas aller à Gashaki même. Le rassemblement eut lieu non-loin de la paroisse de Rwaza, de l’autre côté de la rivière Mukungwa. Et ce fut là qu’il va y avoir un incident entre le Mwami d’une part, et B. BICAMUMPAKA, d’autre part. Le Mwami s’adressa à la population locale, venu nombreuse. Elle avait été conviée à venir accueillir Sa Majesté le Roi du Rwanda. Le sous-chef B. BICAMUMPAKA s’y rendit aussi et, à un moment donné, il demanda à prendre la parole pour s’adresser au Mwami. Ce dernier le lui accorda. Il prit la parole, et exposa en long et en large les nombreuses injustices que subissait le petit peuple, et plus particulièrement les hutus rwandais. Le Mwami ne le supporta pas et entra en colère publiquement. En guise de réponse, il lui déclara ce qui suit : “Fais attention, parce que l’on peut mourir pour avoir trop dit la vérité”. B. BICAMUMPAKA lui rétorqua ceci : “Mourir pour avoir dit la vérité sur l’exploitation d’une partie de la population n’est pas une mauvaise chose, car ce souvenir encouragera ceux qui mèneront la lutte pour sa libération”.
V. La révolution rwandaise et l’avènement de la république.
En novembre 1959, ce fut la révolution rwandaise dont les manifestations partirent du Territoire de Gitarama, suite à la tentative d’assassinat du leader hutu Dominique MBONYUMUTWA, à Bukomero, près de Byimana, le 1er novembre 1959. Trois jours après, B. BICAMUMPAKA a aussi failli être assassiné dans la chefferie du Bukamba, non-loin du siège de ce qui est devenu par après la Commune de Nkumba. Il est tombé dans une embuscade alors qu’il circulait dans sa voiture, en se dirigeant vers la ville de Ruhengeri. Il eut la vie sauve grâce à un paysan qui l’avait cache, mais surtout au fait que des milliers de paysans avaient rapidement accourus pour le défendre, aussitôt que la nouvelle de « l’assassinat » de leur leader leur était parvenue.
En effet, il y’avait eu des appels de collines en collines, ce qu’on pourrait désigner par « le tam tam rwandais ». Mais la réalité est qu’il avait échappé à ce groupe de tueurs tutsis. Seule l’intervention de la Force Publique venue de la ville de Ruhengeri, proche de cet endroit, était parvenue à calmer la foule, après que B. BICAMUMPAKA se fut montré, en personne, à cette dernière. Prenant la parole, il exhorta tout le monde à rentrer chez soi, dans la paix totale. Tout le monde était alors rentré chez soi sain et sauf. Malgré la présence de milliers de paysans armés de machettes et de lances et de quelques dizaines de tutsis armés aussi de lances et d’arcs, le sang ne fut pas versé. Il n’y eut ni morts, ni blessés.
Avec l’attentat contre Dominique MBONYUMUTWA, la révolution rwandaise avait déjà commencé. B. BICAMUMPAKA participera alors à la pacification, à la demande des autorités de tutelle. L’une des conséquences de cette révolution fut la mise en place, le 26 octobre 1960 du Gouvernement provisoire qui fut en fait le premier gouvernement du Rwanda. Il sera dirigé par Grégoire KAYIBANDA. B. BICAMUMPAKA l’intègre en tant que Ministre de l’agriculture et de l’élevage. Comme le pays n’avait pas encore recouvré son indépendance, il s’agissait d’un gouvernement mixte dans lequel quelques anciens fonctionnaires de la tutelle belge occupaient aussi des postes ministérielles.
Le Gouvernement provisoire sera remanié le 28 janvier 1961, lors de la proclamation de la république rwandaise, à Gitarama. B. BICAMUMPAKA est reconduit et il garde son poste de ministre de l’agriculture. Le 26 octobre 1961, il y a un autre remaniement du gouvernement. B. BICAMUMPAKA est toujours reconduit comme ministre de l’agriculture et des paysannats. Le 03 février 1963, le président Grégoire KAYIBANDA procède à un autre remaniement gouvernemental, le premier de l’après-indépendance. B. BICAMUMPAKA est toujours reconduit, mais on lui confie cette fois-ci le portefeuille du ministère de l’intérieur et des affaires sociales, poste qu’il occupa jusqu’en septembre 1965. Réélu député lors des élections législatives de septembre 1965, il sera aussi élu président de la nouvelle Assemblée nationale. Il exercera ce mandat durant quatre ans.
Dès 1968, une grave crise politique et institutionnelle va éclater dans le pays et elle touchera le parti MDR-Parmehutu, devenu un parti politique unique de fait depuis 1964, ainsi que le fonctionnement, à la fois de l’Assemblée nationale et de l’Exécutif. Le pays ne pourra jamais se sortir de cette crise tellement les institutions de l’État se seront affaiblies. Dès le mois de septembre 1969, B. BICAMUMPAKA se retire définitivement de la politique.
VI. La fin des activités politiques et la vie d’homme d’affaires.
B. BICAMUMPAKA se lance alors directement dans les affaires et devient un commerçant. Il a ainsi combiné progressivement différentes activités commerciales. Ces dernières furent d’abord celles du commerce général et de représentant et de distributeur des produits de la brasserie BRALIRWA, à Ruhengeri. Il investira aussi dans la réalisation d’une unité d’extraction du calcaire et de production de la chaux, un produit qui était utilisé dans la construction de maisons, dans divers projets agricoles étatiques rwandais, mais aussi dans le traitement de l’eau potable par l’entreprise rwandaise Electrogaz. Cette unité emploiera quelques dizaines d’ouvriers. Enfin, il se lancera aussi dans l’hôtellerie. Toutes ces activités furent exercées en son nom propre.
Mais il exerça aussi d’autres activités commerciales, à travers diverses sociétés commerciales, parmi lesquelles IMFRIRWA (Importation et commercialisation de friperies), LUBRICAR (Ancienne Mobil – Importation et commercialisation de produits pétroliers).
B. BICAMUMPAKA a toujours été un homme de terrain, et il vivait en bonne entente avec la population locale de son lieu d’origine, sans oublier celle d’ailleurs. Par ailleurs, il a toujours cherché comment créer des emplois rémunérés. Ainsi donc, en plus de ceux qui travaillaient dans l’extraction du calcaire et dans la production de la chaux, il a aussi créé d’autres emplois rémunérés dans l’agriculture, à Ruhengeri.
Étant l’un des premiers associés de la Coopérative TRAFIPRO, fondée quelques années avant l’indépendance du Rwanda, il travaillera à son développement, successivement, en tant que membre, ensuite en tant qu’administrateur, et enfin en tant que président de son conseil d’administration, et ce jusqu’à sa mort, en mai 1981. La TRAFIPRO fut longtemps la deuxième entreprise rwandaise derrière la BRALIRWA. En tant que président du conseil d’administration de la TRAFIPRO, B. BICAMUMPAKA a tenu à préserver l’indépendance de cette entreprise, vis-à-vis surtout des ingérences politiques du Gouvernement, ainsi que la stabilité dans son management. Ce qui avait permis à cette entreprise entre autres de maximiser les avantages tirés de la coopération suisse dont elle a longtemps bénéficié et ainsi se développer sur toute l’étendue du pays, jouant ainsi à la stabilisation des prix des produits courants et facilitant leur accessibilité à toute la population en général. Malheureusement les choses vont changer quelques années après sa mort. En effet, la TRAFIPRO va rapidement perdre son indépendance et de nouveaux directeurs généraux nommés par le gouvernement rwandais vont s’y succéder. Ces derniers très proches de certaines personnalités puissantes du pouvoir, prendront une série de décisions qui affaibliront l’entreprise tout en enrichissant certaines de ces personnalités. Ainsi, la TRAFIPRO était quasiment en faillite virtuelle, dès l’année 1990, sa trésorerie ayant été progressivement asséchée. B. BICAMUMPAKA fut aussi le Premier Vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie du Rwanda, dès sa création, en 1975.
VII. Épilogue.
L’homme de principe qu’il était, a fait que B. BICAMUMPAKA avait refusé de retourner en politique, lorsque le nouveau président rwandais Juvénal HABYALIMANA qui venait de faire un coup d’état militaire, le 05 juillet 1973, contre Grégoire KAYIBANDA, lui avait fait des propositions de ce type. Suite à ce refus, B. BICAMUMPAKA ne sera jamais en bons termes avec le nouveau régime, représenté à Ruhengeri par l’un des beaux-frères du président, en tant que préfet de préfecture. Il ne sera sauvé que par son grand charisme naturel et sa popularité infaillible dans sa région d’origine. Au lendemain du coup d’état du 05 juillet 1973, le nouveau président de la république avait envoyé le colonel Alexis KANYARENGWE pour rencontrer B. BICAMUMPAKA en vue de le convaincre de retourner en politique et de collaborer avec le nouveau régime. Lors de leur entretien qui eut lieu à la résidence secondaire de Ruhengeri, B. BICAMUMPAKA avait décliné l’invitation, non sans dire sa vérité à l’envoyé du président de la république.
En effet, il avait déclaré au colonel Alexis KANYARENGWE ce qui peut se résumer comme suit : « M. Kanyarengwe, vous allez dire à celui qui vous a envoyé que je ne peux pas accepter sa proposition. Vous êtes jeunes et vous savez dans quelles circonstances, ainsi que dans quelles conditions nous vous avons recrutés. Nous vous avons formés dans le but d’assurer la sécurité et la protection de la souveraineté nationale. Maintenant, au lieu de vous tenir à cela, vous venez de décider de prendre le pouvoir par la force militaire. Je pense que, sur le plan politique, j’ai fait ce que je devais faire pour le Rwanda, et je ne voudrais plus retourner en politique. J’espère que vous allez bien vous comporter et que vous allez vraiment servir le peuple, car il en a besoin de la part de ses dirigeants. Mais n’oubliez surtout pas que le pouvoir politique peut sembler alléchant et magnanime, mais il use et il corrompt, si l’on n’y prend pas garde! Cela constitue en effet un risque permanent pour ceux qui gouvernent. Pour finir, j’espère que les personnalités que vous avez arrêtés, à commencer par l’ancien président Grégoire KAYIBANDA, sont actuellement bien traitées et que justice sera faite ». Alexis KANYARENGWE est parti faire rapport à son chef, mais il est revenu une seconde fois, quelques jours plus tard. La décision de B. BICAMUMPAKA n’a pas changé.
Certains Rwandais, anciennement proches du président Grégoire KAYIBANDA lors de cette crise de 1968, présentent encore aujourd’hui cette crise politique rwandaise, laquelle a vu plusieurs leaders quitter la politique dans ce qui est connu comme le « Guta umurongo », comme la conséquence d’un manque de discipline du parti de la part de ces derniers. Cela étonne beaucoup. En effet, cette explication est à la fois fausse, simpliste et mensongère. Elle ne sert qu’à couvrir les actes inadmissibles de ceux-là qui ont trahis les idéaux portés par le MDR-Parmehutu et ses leaders dès 1959 et confirmé par la suite lors du Congrès national de Gitarama, le 28 janvier 1961. Ces idéaux se résumaient principalement en l’instauration d’une république démocratique, dans laquelle les trois pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) seraient indépendants l’un de l’autre, tout en travaillant de concert, chacun dans le cadre de ses prérogatives constitutionnelles. En effet, cela était inscrit dans la constitution du pays.
Or, ce qui s’est passé en 1968, lequel semblait aussi être une répétition de ce qui s’était passé en 1964, à savoir toujours le refus de l’Exécutif de voir le parlement contrôler son action politique. Aidé par quelques députés sous la bannière de Calliope MULINDAHABI, l’Exécutif s’était immiscé dans le travail du parlement, par le moyen d’intrigues diverses. Ce qui a fait que, lors du vote final, l’Exécutif qui ne voulait pas que le rapport produit par une commission ad hoc de l’Assemblée nationale soit examiné en plénière, à huis clos ou en public, a eu la majorité d’une seule voix ! Depuis ce jour, aussi bien l’Assemblée nationale que l’Exécutif, tous les deux se sont progressivement affaiblis jusqu’au coup d’état militaire de juillet 1973. Ceux-là qui se battaient pour la démocratie, la justice et la transparence dans la gestion des affaires de l’État, ainsi que le respect de la séparation des pouvoirs, ce sont eux qui quittèrent la politique, accompagnés d’une propagande mensongère et diffamatoire. B. BICAMUMPAKA faisait partie de ce groupe d’une quinzaine de personnalités.
Dans son mot d’adieu en tant que Président de l’Assemblée nationale, aux membres de cet illustre organe, B. BICAMUMPAKA a tenu à dire que s’il avait su que le régime républicain rwandais allait vite sombrer comme c’était le cas, en tombant dans les magouilles, les coups bas, oubliant ainsi les intérêts du peuple, il aurait valu mieux pour lui de ne pas avoir combattu le régime monarchique et inégalitaire du Mwami KIGERI NDAHINDURWA. Il semble que ces mots avaient été considérés comme insupportables pour le président Grégoire KAYIBANDA, voire comme un crime de lèse-majesté par certains autour du Chef de l’État! Mais c’était cela B. BICAMUMPAKA, l’homme de la vérité. Il ne regrettait pas son action contre l’ancienne monarchie rwandaise. Mais il voulait attirer l’attention des députés, ainsi que celle des membres du Gouvernement que le Rwanda risquait de tomber dans la même situation que l’ancien régime monarchique, si ce n’était pas déjà le cas!
Quatre ans plus tard, au cours du mois de janvier 1973, le président Grégoire KAYIBANDA a tenu à inviter B. BICAMUMPAKA à sa résidence officielle de Kigali, situé sur l’avenue de la révolution (celle qui devint l’hôtel du cinq juillet au lendemain du coup d’état militaire). Le président et son épouse Vérédiane l’accueillirent chaleureusement ensemble, un soir, puis l’épouse du président de la république s’esquiva après leur avoir servi à boire. Grégoire KAYIBANDA voulait principalement demander pardon à son ancien ami et partenaire politique. Ils ont passé en revue tout ce qui s’est passé en 1968, et il lui a demandé pardon. B. BICAMUMPAKA le lui a accordé chaleureusement, et les deux se sont réjouis ensemble. Le président lui a aussi parlé en long et en large des difficultés que rencontrait le pays depuis le départ de B. BICAMUMPAKA de la politique. Lors de leurs discussions, c’est Grégoire KAYIBANDA qui servait à boire, du vin rouge. Une fois leurs échanges terminés, l’épouse du président les a rejoints au salon. Et ce fut là que Vérédiane, s’adressant à B. BICAMUMPAKA qu’elle connaissait très bien, lui dit que depuis qu’il avait quitté la politique en 1969, personne ne disait plus la vérité à son mari, ajoutant que ce fut une perte irréparable pour le président de la république, au cours des quatre années précédentes. Entre eux, tout se disait dans la bonne humeur, et de toutes les façons Grégoire KAYIBANDA avait largement briefés son interlocuteur sur toutes ces problématiques. Les deux hommes se sont revus en avril 1973, et ils devaient se revoir encore vers la fin du mois de juillet 1973, s’il n’y avait pas eu de coup d’état militaire, suivi de l’arrestation et de l’incarcération du président Grégoire KAYIBANDA.
Après la déchirure de 1968, au moins deux délégations avaient été envoyées à B. BICAMUMPAKA. Elles comprenaient des ministres et des députés à la fois. Leur message fut de demander à B. BICAMUMPAKA de réintégrer l’activité politique aux côtés de Grégoire KAYIBANDA, mais ils insistaient toujours sur le fait que, pour la forme, il devait d’abord demander pardon au Chef de l’État. B. BICAMUMPAKA a toujours refusé, et ce pour deux raisons. La première est qu’il n’avait commis aucun tort et aucune faute à l’endroit du président de la république. Pour lui, critiquer une situation qui va mal est même salutaire pour le pays. La demande de pardon était donc sans objet! La deuxième est qu’il était question d’environ une quinzaine de personnalités politiques dont d’anciens poids lourds politiques parmi lesquels Dominique MBONYUMUTWA et Jean-Baptiste RWASIBO, lesquels avaient été trainées dans la boue injustement et publiquement, avant d’être sanctionnées abusivement par les instances du parti MDR-Parmehutu, lequel agissait sous l’influence de ceux qui se prenaient pour être les amis du président Grégoire KAYIBANDA ! Ainsi donc, il ne pourrait accepter cette réconciliation proposée que si toutes ces personnes étaient impliquées et si on leur permettait de retrouver leurs droits! Mais apparemment il y avait un passif beaucoup trop lourd entre notamment le président Grégoire KAYIBANDA d’un côté, et quelques personnalités dont Jean-Baptiste RWASIBO, de l’autre. C’est pourquoi tous ces conciliabules n’ont pas réussis. Ce n’était donc pas de la faute de B. BICAMUMPAKA, et c’est d’ailleurs ce que le président Grégoire KAYIBANDA avait reconnu en janvier 1973, lors de leur rencontre.
Balthazar BICAMUMPAKA fut Grand-officier de l’Ordre des mille collines.
Pour terminer
Il s’avère que, partant du contenu des longues conversations que B. BICAMUMPAKA avait eu avec le président Grégoire KAYIBANDA, en janvier et en avril 1973, la plupart des accusations formulées par les auteurs du coup d’état militaire du 5 juillet 1973, contre le président Grégoire KAYIBANDA, sont mensongères. On retrouve principalement ces accusations dans la déclaration qui fut faite à la Radio Rwanda, le matin du 5 juillet 1973, par un certain major Théoneste LIZINDE, ainsi que dans celles faites par le Président Juvénal HABYARIMANA lui-même, dans les jours et les semaines qui avaient suivis.
Marie-Madeleine BICAMUMPAKA