Arrestation aux États-Unis d’un Homme d’Origine Rwandaise après son Témoignage à Décharge

Dans la petite ville d’Uniontown, Ohio, une arrestation a suscité une attention internationale le jeudi dernier. Eric Tabaro Nshimiye, également connu sous le nom d’Eric Tabaro Nshimiyimana, âgé de 52 ans, a été interpellé par des agents spéciaux de Homeland Security Investigations, selon un communiqué de l’agence.

Nshimiye est accusé d’avoir falsifié, dissimulé et occulté un fait matériel par des stratagèmes, obstruction à la justice et parjure, selon le communiqué de HSI. Il aurait participé au massacre d’hommes, femmes et enfants tutsis au Rwanda en les frappant à la tête avec un club clouté de clous, puis en les hachant à mort avec une machette. Les accusations spécifiques à son encontre incluent le meurtre d’un garçon de 14 ans et la complicité dans le viol de femmes tutsies.

Suite à cette arrestation, la famille de Nshimiye a publié un communiqué sur les réseaux sociaux, remettant en question les allégations portées contre lui. Dans leur déclaration, ils soulignent que le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), établi à Arusha en Tanzanie, ainsi que les rapports intensifs de Human Rights Watch et les cours Gacaca au Rwanda n’ont jamais mentionné le nom d’Eric Nshimiye parmi les responsables du génocide de 1994. La famille argumente que ces accusations n’ont émergé qu’après que Nshimiye a accepté de témoigner à la défense, suggérant une motivation politique derrière ces accusations, en particulier une critique à l’égard du système judiciaire rwandais et du gouvernement de Paul Kagame.

La famille de Nshimiye déclare vigoureusement son innocence et décrit Eric comme une figure appréciée dans sa communauté, un mari dévoué, un père et un homme de foi profonde, dont l’intégrité morale serait incompatible avec les crimes dont il est accusé.

Cette arrestation soulève des questions plus larges sur l’usage de l’appareil judiciaire par le gouvernement rwandais pour poursuivre ceux qu’il considère comme des opposants, souvent sur la base d’accusations de participation au génocide de 1994. Des cas similaires, comme celui du Professeur Léopold Munyakazi, ont été signalés, où des individus ont été extradés vers le Rwanda sur des accusations controversées, souvent suivies de condamnations dans des procès marqués par des revirements de témoins et des critiques internationales concernant la loi sur la minimisation du génocide.

Cet événement remet également en lumière la position des États-Unis par rapport à la gestion des affaires rwandaises, critiquée par certains militants qui accusent le pays de se laisser entraîner dans la propagande du régime de Paul Kagame, accusé lui-même de graves violations des droits de l’homme tant au Rwanda qu’en République démocratique du Congo.

L’arrestation d’Eric Tabaro Nshimiye et les débats qu’elle suscite soulignent la complexité et les défis persistants dans la compréhension et la gestion de l’héritage du génocide rwandais, dans un contexte où justice, politique et mémoire collective sont étroitement entrelacées.