Dans les situations difficiles, les humains même les plus hostiles les uns envers les autres, se trouvent dans une obligation de mettre de côté leurs différents, afin de conjuguer les efforts pour surmonter le danger qui les menacent. C’est le moment où “nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères ou à périr ensemble comme des idiots” si j’emprunte les mots de Martin Luther King Junior. Le prérequis à tout est la conscience réveillée, qui réalise combien le danger nous concerne tous, que la situation n’arrange personne au détriment de l’autre.
Ce n’est pas toujours le cas, pourtant.
- Le 01 octobre 1990, l’attaque militaire qui a eu lieu au nord du Rwanda n’a pas suffi pour unir les rwandais envers l’assaillant. On considérait que la guerre constituait un avantage pour les uns, qui d’ailleurs devaient contribuer sans réserve à son effort.
- Le 06 avril 1994, quand Habyarimana Juvénal a été assassiné, les rwandais n’ont pas jugé ça comme une occasion de s’unir à la recherche de l’assassin. Résultat, le criminel serait encore entrain de jouir de l’impunité. En fait, cet assassinat arrangeait les uns, qui s’en foutaient complètement du sort des autres.
- Le 11 septembre 2001 les USA ont subi une attaque terroriste connue pour avoir détruit le World Trade Center. Les américains de tous bords se sont mobilisés pour combattre tout ce qui désormais portera le nom de “terrorisme djihadiste”.
- Le 15 avril 2019, un incendie a saccagé la Cathédrale Notre Dame de Paris. Le monde entier (ou presque) s’est solidarisé avec la France. Les hommes et femmes d’affaires ont débloqué des sommes colossales pour la reconstruction de la Cathédrale. Même ceux qui n’ont rien donné, n’ont pas cherché à justifier l’incendie!
- Le 17 février 2020, à l’annonce de la mort de Kizito Mihigo, les rwandais ont démontré une fois de plus à quel niveau ils sont aussi (ou plus) divisés qu’avant. Beaucoup d’encre a coulé, mais pas que pour présenter les condoléances à la communauté en deuil. Ceux à qui profitait la mort de Kizito n’ont pas réussi à cacher leurs satisfaction, auto-accomplissement et vantardise.
Corona virus, l’occasion tant attendue?
C’est la question que je me pose. Et ma réponse négative est justifiée. Il semble que la misère d’une partie des rwandais profite à certains de nos compatriotes. On est au courant des mesures contre le virus mais qui ne se conforment pas aux réalités et contexte du pays. Sauf un méchant,ou un malade mental, ou encore un criminel, ou bien une personne cumulant les trois attributs, qui d’autre décréterait le confinement total tout en démolissant les logements ? Où iraient se confiner les sans-abris?
Un cessez-le-feu pour combattre COVID-19
Le 23 mars 2020, le secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), Monsieur Antonio Guterres a passé un message au monde entier. Il demande à tous les belligérants de déposer les armes, de trouver un terrain d’entente pour combattre (d’abord) ensemble la maladie qui menace la famille humaine. “Les plus vulnérables – femmes et enfants, personnes handicapées, marginalisés et déplacés – courent un risque élevé de subir des pertes dévastatrices de Covid-19” a dit Monsieur Guterres.
Le même message s’adresse à Paul Kagame et son gouvernement visiblement actuellement en guerre contre les citoyens rwandais. Stoppez les hostilités pour apporter de l’espoir aux endroits les plus vulnérables à Covid-19. Bien-sûr sachez que personne n’est à l’abri, ni décideurs, ni démolisseurs, ni déplacés.
Apprenons à vivre ensemble comme des frères ou nous périrons ensemble comme des idiots.