Par Marc Matabaro
Le 21 mai 2020, le journal pro gouvernement rwandais, igihe.com, titrait : « La découverte d’une autre photo qui serait de « Muhire » qui vit au Zimbabwe accusé d’avoir participé au génocide », l’article disait que «une semaine après que IGIHE ait analysé la photo d’un homme photographié pendant le génocide contre les Tutsi avec une machette, cette photo étant la preuve que l’homme a été impliqué dans les massacres de Tutsis, une autre photo a été découverte et beaucoup disent que l’homme photographié en 1994 est Muhire Ramadhan qui vit actuellement au Zimbabwe.»
The Rwandan dans son enquête a constaté que cet article d’ igihe.com est une histoire montée de toute pièce et qui fait preuve de méchanceté au-delà de toute croyance!
En effet c’est une injustice qui a commencé en 1994 et dont la première victime est Appolinaire qui vit à Muhanga et c’est maintenant au tour de Muhire Ramadhan qui vit au Zimbabwe.
La réalité est que le vieux homme à la machette est Appolinaire surnommé Kaguru (la jambe) car il est boiteux. Il vit à Ruli dans la ville de Muhanga (ancien Gitarama). C’est un citoyen pauvre, vivant de l’agriculture et de réparation des casseroles et bidons creusés.
La pauvreté ne l’empêche pas d’être exemplaire, innocent et chrétien. Dans l’église catholique de Ruhina (l’église Saint-André), il est responsable de la sécurité, et aiguille les chrétiens en leur montrant leurs sièges dans l’église le dimanche et les jours fériés. C’est une responsabilité confiée à un bon chrétien bénévole.
En 1994, il a quitté sa maison pour aller travailler dans son champ avec une machette, comme on le voit sur la photo, il venait d’arriver à la moitié du chemin sur une route goudronnée, devant la maison commerciale qui abritait une boutique et une pharmacie en face du Zenith Bar appartenant à Muganza. La maison sur la photo appartient à Twagirumukiza Vianney, fils de Gahirima.
Arrivé à cet endroit, Appolinaire a trouvé des soldats arrêtés avec des Blancs. Ils l’ont arrêté, lui ont parlé, il leur a dit qu’il allait au champ. Ils lui ont photographié ne pouvant rien faire contre cela il a accepté et ils lui ont laissé partir.
Quelques années plus tard, il a été surpris d’apprendre que les gens avaient vu une photo de lui à la télévision et que sur les mémoriaux du génocide on disait de lui qu’il était un Interahamwe et qu’il avait participé au génocide. Il a fait appel à diverses autorités pour s’assurer que sa photo ne continue pas d’être utilisée de la sorte en vain, à la place il a été convoqué par le tribunal Gacaca au bureau du secteur de Shyogwe.
Il s’est justifié devant le tribunal, plusieurs personnes qui l’avait vu être photographie ont témoigné et il est rentré chez lui en espérant qu’il sera rétabli dans ses droits. Jusqu’à présent, cela n’a pas pu être possible car sa photo continue de circuler, avec des suppositions faites que c’est un Interahamwe et qu’il participait aux massacres.
Une partie de personnes qui siégeaient au tribunal Gacaca qui a convoqué Appolinaire pour étudier le cas de la photo sont :
1. Mukayisenga Aurélie, enseignante à la retraite,
2. Murererehe Médiatrice, surnommée Mama Aimée, elle était secrétaire du tribunal,
3. Fideli, un ancien policier surnommé Papa Nyampinga,
4. Espérance, épouse d’un militaire des RDF du prénom de Gaston et d’autres personnes dont nos informateurs ne s’en rappellent pas.
On ne sait pas comment cette photo d’Appolinaire vivant à Muhanga peut devenir celle de Muhire Ramadhan qui vit au Zimbabwe et qui est né à Kibungo. Qu’ils lui trouvent d’autres preuves, la photo ne pourra pas être utilisée contre lui, le photographié est là et ne nie pas que c’est sa photo et a les preuves de comment il a été photographié.
Il est à noter que sur la photo originale, on peut lire : “picture dated 12 June 1994 showing an Interahamwe Hutu militiaman holding a machete in Gitarama, center Rwanda. (Photo credit should read ALEXANDER JOE/AFP/Getty Images)”. Cette mention colle avec la version d’Appolinaire vivant à Muhanga beaucoup plus que la version d’ Igihe.com qui parle de Muhire Ramadhan qui vit au Zimbabwe et est né à Kibungo.