Le Président Paul Kagame est crédité pour le retour du Rwanda à la paix et à la stabilité depuis 1994. Le Rwanda est cité dans les rapports internationaux comme le pays qui affiche une croissance économique parmi les plus enviables en Afrique. Mais comment se porte le rwandais sous le régime de Kagame? Il a peur, que ce soit le Rwandais de l’intérieur du pays ou de l’extérieur, riche ou pauvre, proche du pouvoir ou opposant (ennemi du Rwanda dans le langage de la dictature) , Hutu, Twa ou Tutsi, autorité ou simple citoyen, militaire ou civil…, tous sans exception, ils ont peur, sauf le chef suprême lui-même, Paul Kagame. Pourquoi? Le régime de Kagame est totalitaire. Aucune couche et classe sociale ne semblent être épargnées par l’idéologie totalitaire du pouvoir. Même les jeunes participent au système d’espionnage et de propagande au profit du pouvoir. Le parti au pouvoir, le FPR, dispose d’un réseau d’espions partout dans le pays, que ce soient dans les villes, dans les campagnes, dans les organismes locaux et internationaux, dans les églises, ou même dans d’autres pays étrangers. Le Rwandais subit l’intimidation partout où il se trouve.Tout ceci est un secret de polichinelle : c’est connu de partout et cela fait couler beaucoup d’encre.
Alors que dans la plupart des pays au totalitarisme affiché, les gens proches ou sympathisants du pouvoir peuvent jouir de cet avantage, dans le pays de Kagame, ce sont ceux qui se trouvent à avoir le plus peur du régime. Ce sont eux qui conseillent tout bas, à leurs amis ou à leurs proches de se comporter en mouton devant le pouvoir en leur murmurant cet avertissement : ‘’Tu ne les connais pas, ils vont te tuer’’. Cet avertissement donne une bonne idée de la nature du pouvoir du FPR. Sous le régime de Kagame, le Rwandais n’est qu’une épave qui n’a plus le droit de réfléchir et qui ne fait que survivre. Il est devenu triste de voir les rwandais de toutes les couches de la société et de toutes ethnies confondues s’épier dans leurs conversations pour ne pas commettre une erreur fatale, contrôler ce qu’ils disent, essayant de justifier une opinion personnelle qui serait partie trop vite.
Pourtant, contrairement à ce que l’on le pense, la nature profonde du rwandais est celle d’un homme libre qui aime discuter et qui ne dit pas de banalités quand il est lancé dans une discussion sérieuse sur la politique et la vie en générale. Il aime l’école et cherche à s’instruire quand il en a l’occasion. Ceci peut paraître paradoxal considérant l’utilisation de la communication stratégique des rwandais depuis l’époque coloniale. Cependant, il suffit de les observer quand l’occasion d’exprimer leur pensée sur la place publique s’est présentée. Ils ont alors eu l’occasion et le courage de se débarrasser d’une dictature. Cette occasion s’est présentée dans les années 1991 à 1994 avec l’éclosion du multipartisme. De partout dans le monde, les rwandais ont rêvé d’un pays démocratique sans discrimination ethnique ni régionale. Durant cette période, il y a eu plusieurs partis politiques au Rwanda. En faisant abstraction de la violence qui sévissait à ce moment et de l’action de certains partis extrêmes, les partis d’oppositions avaient leurs forces et leurs faiblesses. Il y avait de l’espoir d’assister à la création d’un Rwanda véritablement démocratique avec plusieurs partis exerçant leur indépendance et leur droit d’avoir des membres, d’organiser des meetings etc. La presse était libre et diversifiée. Certes il y avait une certaine presse qui prônait la haine mais chez d’autres, l’abondance de la presse libre, le professionnalisme des journalistes d’alors, leur dynamisme et le contenu de leurs articles donnaient espoir que la liberté d’expression prenne véritablement corps au Rwanda. Tandis que les uns détruisaient ce Rwanda nouveau en gestation, d’autres mettaient leur vie en danger pour qu’il voie le jour. C’est cette presse libre de l’époque et la liberté des partis politiques qui ont permis au FPR d’avoir une légitimé parmi les rwandais. C’est cette presse libre qui l’a fait connaître, qui l’a aidé dans son combat. Que reste-t-il de ces partis politiques? Certains ont disparu et ceux qui restent ne sont plus que l’ombre de ce qu’ils étaient. Il n’existe plus maintenant qu’un Parti unique, hiérarchisé et dirigé par un seul homme. Les autres partis ne sont que des satellites du FPR et ne doivent leur existence qu’à leur basse instrumentalisation née de la nécessité de justifier l’existence du multipartisme dans la constitution rwandaise. Mais que reste-t-il de la presse libre? Tous les journaux et toutes les radios sont des propagandistes du pouvoir. Seule la presse étrangère (Voix de l’Amérique et BBC) est présente et essaie, avec beaucoup de prudence cependant, d’exercer son travail.
Le FPR a détruit l’espoir de tout un peuple. Il n’y a plus cette fièvre des années 1991-1994 des jeunes démocrates adultes qui discutaient de politique en toute liberté. Les extrémistes génocidaires ont détruit la société rwandaise et le FPR est venu pour achever le travail et maintenir tous les rwandais sans exception sous le joug du pouvoir le plus réprimant qui soit. Les plus déçus envers ce régime sont tous ces hommes et femmes qui ont donné leur vie, leur biens, leurs enfants, leur jeunesse, leur intelligence… à ce parti pour la seule cause démocratique sans en attendre d’avantages matériels ni de pouvoir. Beaucoup sont morts, partis sans jamais voir le Rwanda pour lequel ils se sont sacrifiés, alors que les autres, encore vivants, lorsqu’ils ne sont pas en exil, chuchotent quand ils dénoncent une vérité banale comme l’imposition d’un excès de taxes. Ce sont ces autres qui demandent à un proche dépossédé de ses biens d’étouffer ses paroles. Ce sont ces autres qui empêchent un parent ou un ami de crier et pleurer quand un proche vient d’être assassiné. Mais plus cynique encore dans cette action néfaste du FPR envers la société rwandaise, on le constate quand la personne persiste et demande justice : elle est alors attaquée par les membres de sa famille ou par ses amis. Le pouvoir du FPR n’a même plus à se justifier ou à se défendre. Il tue et persécute sans scrupules et les organismes non-gouvernementaux, la société civile montent aux barricades pour faire taire et insulter les familles des victimes. Le bourreau est acclamé et héroïsé pour avoir tué et semé la terreur. C’est ainsi que certains organismes de rescapés du génocide comme Ibuka sont devenus des groupes qui utilisent les membres qu’ils sont censés défendre pour défendre l’État contre ces citoyens taxés d’ennemis du pays. La CNLG qui est sensée lutter contre la haine a usurpé la place d’Ibuka pour ce qui est des commémorations et est devenue tout simplement un organisme de propagande de l’État dans sa politique cachée d’éveiller les haines ethniques (diviser pour mieux régner). En d’autres, au lieu de combattre la haine conformément à ses missions, la CNLG est devenue l’un des principaux propagateurs de haine au Rwanda.
Le régime a instauré une politique de terreur de haut en bas à laquelle personne n’échappe. Les figures d’autorités de la société rwandaise respectées pour leur âge, leur sagesse, leur position sociale et leur éducation sont souvent humiliées par le Président sur la place publique lors des questions de la population au Président. Il est frappant de voir la réaction des autorités lorsqu’elles répondent aux questions posées. Elles sont tétanisés et leur justification est systématiquement entrecoupée du mot ‘’Your excellence’’. Ce mot peut venir jusqu’à plusieurs dizaines fois dans un seul échange avec le Président, au point qu’il parvient qu’il fait ombrage au message qu’on lui adresse. Son équivalent en Kinyarwanda n’est pas mieux : ‘’Nyakubahwa, Perezida wa Repubulika’’ devient une litanie dans la bouche de la population comme dans la bouche des dirigeants.
La question qu’il faut se poser ici consiste à se demander comment ces gens peuvent-ils subir ce traitement dégradant, participer à ce système, accepter de mentir sans honte ni crainte de perdre leur crédibilité? Ils ne peuvent pas faire autrement car ils connaissent le sort réservé à ceux qui ont osé faire leur travail proprement : renvoyés, mis à l’écart, marginalisés, etc… Leurs enfants fréquentent des écoles privées, la vie est chère, ils ont des dettes, la plupart sont vieux, … Alors ils endurent sans broncher. Et le pouvoir est au courant de la chose. C’est pour cette raison qu’ils répriment avec la plus grande force (kwicisha inyundo urushishi) toute contestation pour donner l’exemple aux autres.
On pourrait penser que le rwandais de l’extérieur s’en sort mieux et jouit de sa liberté d’expression. Loin s’en faut! Alors même qu’ils se sentent libre de s’exprimer librement sur la politique de leur pays d’adoption, ils ne peuvent pas discuter des problèmes de leur pays d’origine, ni donner une opinion par peur de représailles : confiscation de leur biens laissés au pays, obstacles faisant obstacles à une visite au Rwanda, menace envers leur famille. Encore une fois, cette peur s’observe chez les gens qui sont proches du pouvoir et qui ont de la famille aisée au pays car pour ceux qui ont choisi la liberté de s’exprimer librement, l’espionnage ne sert plus à rien. Leurs opinions sont connues.
Le Rwanda a fêté en grande pompe la journée du 4 Juillet, journée de la « Libération ». D’après ce qu’on vient de voir, le Rwandais a-t-il été libéré ou l’étau du FPR s’est-il resserré encore plus fort autour de lui? Quel Rwandais peut se dire libre maintenant à part le monarque absolu, le Président Kagame? Un peuple qui vit dans cette atmosphère ne peut que souhaiter un changement pour espérer respirer. Mais voilà, il n’y pas d’alternative. Les partis d’oppositions de l’extérieur n’inspirent pas confiance à tous ces rwandais qui aspirent à la démocratie véritable que le FPR a fait avorter. Certains leaders de cette opposition n’ont aucune crédibilité car ils ont été également complices de la destruction de cette démocratie naissante et ne se retrouvent dans l’opposition que par intérêts personnels. D’autres représentent des partis mono-ethnique (Hutu), ce qui ne rassure pas les citoyens de l’ethnie Tutsis, surtout les rescapés du génocide contre les Tutsis qui craignent une répétition de 1994. En fait, ce qu’il manque, c’est un leader charismatique, un démocrate au vrai sens du mot qui serait capable de rassembler tous les rwandais asphyxiés pour les sortir du joug du FPR. Ce dernier sait fort bien que la quasi-totalité des rwandais n’attendent que la venue de ce leader pour retrouver leur fibre démocratique et par conséquent, l’expulser du pouvoir. Et au lieu de desserrer l’étau, le FPR montre les dents et multiplie la répression chaque fois qu’un rwandais demande à respirer.
À quel saint les rwandais devraient-ils se dévouer? Dieu seul le sait.
Steve Kabagema
Et alors!!? ton chapelet va changer quoi? La terre et/ou le ciel ne te comprend absolument pas. Alors, enfin, donc..quoi?Assieds-toi et écoute bien, monte au 399nème étage et terre-toi! La chanson democratique change de melodie et si tu ne sais pas danser à deux jambes, tu danses à une, et si tu ne sais pas danser à une, tu n ‘a qu’à danser aux dos, ventre ou genous et bras. En tout cas personne ne t’entendra dire: » oh, attendez-moi, ma melody.. ».car tout le reste aura suivi le rythme choisi. Salut alors! La vie est un bien très très rare plus que du plomb ou de la mayoneuse americaine ou europeenne !!