Pourquoi James Musoni est-il tombé en disgrâce ?

Par Maurice RUBAYITA SHANKURU

Nous avons entendu Paul Kagame vilipender les ministres qui se font escorter, à qui on réserve des places dans les autocars qui amènent les convives dans son nième Umwiherero. Soit dit en passant, les umwiherero se succèdent et se ressemblent. Nihil novi sub sole, dirait le Romain d’antan. C’est du déjà vu, déjà entendu. Circulez, il n’y a rien à voir.

Comme à l’accoutumée, Maître Kagame devant ses élèves, a rajouté une couche cette fois-ci en se déplaçant au milieu de la foule comme pour plus les intimider et leur faire peur. Mais dans cette grande assemblée, un homme, un seul homme était visé. Il s’agit de James Musoni. Mais pourquoi diable, cet homme trempé dans toutes les grandes magouilles (et les petites car un sou c’est un sou chez notre Polpot) financières vient de tomber en disgrâce ?

Pourquoi, diable, cet homme qui a fait la pluie et le beau temps auprès du Président, qui a écrasé pas mal des gens pour se hisser encore plus près du chef, qui a accusé faussement les personnes en transformant leurs propos pour qu’ils soient bannies et honnies par le chef suprême, pourquoi cet homme vient-il de perdre la confiance du Magister ?

En effet, James Musoni est entrain de subir la loi du retour du bâton. Lorsque vous faites mal à votre semblable, surtout s’il est innocent, le mal que vous lui infligez vous reviendra sous une forme ou une autre. L’histoire de James Musoni ressemble de très près à celle de Kamegeri. Un peu d’histoire !

Nous sommes au Rwanda vers la fin du XVIIème siècle, la monarchie rwandaise est alors à son apogée et Kamegeri est un chef puissant, l’un des plus proches du Roi de l’époque. Alors un crime fut commis dans le royaume et le criminel fut arrêté. Le roi voulant lui donner un châtiment exemplaire, il convoqua tous ses chefs pour qu’ils puissent lui proposer un châtiment approprié. Tous les chefs vont alors rivaliser pour proposer les pires atrocités. Le plus inventif fut le chef Kamegeri qui conseilla au roi de faire chauffer à blanc un grand rocher et d’y jeter le criminel pieds et poings liés afin qu’il meure dans d’atroces souffrances.

Cette punition parut tellement atroce et inhumaine au roi qu’il décréta que Kamegeri lui-même soit le premier à l’expérimenter. Aussitôt dit, aussitôt fait, Kamegeri fut rôti sur le rocher chauffé à peut-être plus de 1000 degrés. C’est l’histoire du lieu dit « Le rocher de Kamegeri » qui s’est perpétuée jusqu’à nous et qui, sans doute, a encore des beaux jours devant elle.

Epargnons Paul Kagame du bon sens et du sentiment humain de ce roi, mais revenons sur les analogies entre l’histoire de Kamegeri et celle de Musoni. Tous les deux sont des proches du pouvoir.

Dans sa position, James Musoni a fait exécuter pas mal de gens, disais-je, aujourd’hui c’est le fait boomerang, le retour du bâton. Aujourd’hui comme par enchantement, un ex Capitaine de l’armée sort du silence et accuse James Musoni de lui avoir piqué sa femme. Foutaises !

Cette histoire est vielle comme le monde. Lorsque Musoni commence ses fornications avec cette hirondelle, elle ne vivait plus avec son mec. Tout Kigali le sait mais devant l’ouragan qui va faire tomber le fruit James Musoni, mûr ou pas mûr, dirait Mobutu Sese Seko, tout Kigali fait semblant de ne plus se souvenir.

Le capitaine qui accuse Musoni, ce sont les hommes du président qui lui ont demandé de le faire. L’accueil digne de celui d’un chef d’état, dont James Musoni a bénéficié à l’aéroport « Grégoire Kayibanda » de Kigali, c’est encore les hommes du Président qui ont tout manigancé, les honneurs dans le bus vers l’Umwiherero, c’est toujours les hommes du président. Parfois James Musoni lui-même était dans la confusion, jusqu’à imaginer un imminent remaniement ministériel qui le propulserait au rang de premier ministre de Paul Kagame. De rêves et de chimères !

Musoni est tombé à cause de Gasana et de Nyiramongi. Il était au courant de leur idylle. Ne pas oublier qu’il était plus proche de la First Lady. A suivre…..