Rassemblement Démocratique pour le Retour des Réfugiés Rwandais (RDR).
Le Rassemblement Républicain pour la Démocratie au Rwanda (RDR), initialement connu sous le nom de Rassemblement Démocratique pour le Retour des Réfugiés Rwandais, fut une association puis un parti politique rwandais non enregistré dont la mission étaient de représenter les intérêts des réfugiés civils rwandais et négocier leur retour dans leur pays d’origine dans la paix et la dignité. Son objectif déclaré était d’établir une République rwandaise démocratique et libre.
L’histoire de RDR
Le « Rassemblement Démocratique pour le retour des réfugiés et de la démocratie au Rwanda » a été formé le 3 avril 1995 par un groupe de réfugiés rwandais à Mugunga dans l’est du Zaïre, l’actuelle République démocratique du Congo.
La création du RDR était une réponse à la crise de réfugiés qui, à l’issue de la guerre du Rwanda dans la région des Grands Lacs africains, en a résulté. En août 1994, plus de deux millions de réfugiés rwandais s’étaient réfugiés dans des pays africains voisins, provoquant une crise humanitaire extrême. Dans les camps de réfugiés, la présence d’anciens membres des forces gouvernementales et des Interahamwe a porté atteinte au bien-être de réfugiés civils innocents, rendant l’opération de secours humanitaire extrêmement complexe.
En octobre 1994, un groupe dirigé par M. Francis Nzabahimana, ancien fonctionnaire, a organisé une réunion à Bukavu. La réunion ouvrirait la voie au rassemblement historique d’avril 1995 auquel ont assisté non seulement des représentants des réfugiés rwandais de divers camps en Afrique, mais également des rwandais exilées d’Europe et d’Amérique du Nord. Pendant deux jours de débat, les réfugiés envisageaient de mettre en place une organisation capable de briser l’embargo diplomatique et médiatique que subissaient les réfugiés. À la fin de ce premier rassemblement, les réfugiés ont publié la charte pour un retour pacifique et rapide des réfugiés avec leurs conditions préalables.
Le 3 avril 1995 à Mugunga, l’Organisation RDR était née. Le RDR devait être une organisation non partisane qui réunirait tous les groupes de réfugiés, sans distinction de contexte politique, ethnique, régional ou professionnel. Le RDR était une organisation qui ne rivaliserait pas avec les partis politiques en exil et son action dépassait le cadre traditionnel des activités des partis politiques.
Tout en reconnaissant et en défendant les acquis du système multipartite, le RDR était conscient des limites des différents partis politiques en exil, tels que l’étouffement des partis politiques au Rwanda par le FPR et son gouvernement.
La mission du RDR devait être uniquement représenter les intérêts de ces réfugiés civils et négocier leur retour dans leur pays d’origine dans la paix et la dignité. L’objectif à long terme du groupe RDR était d’instaurer une véritable démocratie au Rwanda afin de rompre le cycle de violence qui sévit depuis des décennies entre les extrémistes hutus et les extrémistes tutsi, cycle dans lequel la plupart des victimes étaient des civils innocents de chaque côté.
Un an plus tard, alors que les réfugiés se propageaient au-delà de la région des Grands Lacs africains, sans aucune solution à la crise des réfugiés, le RDR devint un parti politique avec des branches en Europe et en Amérique du Nord. Le nom du groupe a depuis changé pour devenir le Rassemblement républicain pour la démocratie au Rwanda.
Lutte du RDR
Le RDR s’est efforcé de s’affirmer comme le mouvement représentatif des réfugiés pour négocier leur retour dans la paix. Le groupe RDR a souvent été éclipsé par l’existence du gouvernement en exil et de militants hutu qui souhaitaient contrôler les camps de réfugiés et accéder aux ressources nécessaires à leurs activités militaires. Les dirigeants du RDR ont également été confrontés au refus du gouvernement rwandais de négocier. Le nouveau gouvernement dirigé par le FPR a refusé de reconnaître le RDR comme une organisation légitime, sans association avec les mouvements militaires actifs dans les camps.
Cependant, le RDR a reçu un soutien très controversé de la part de membres des ex-Forces armées rwandaises en exil en tant qu’autres réfugiés rwandais dans la même situation. Malgré l’histoire des Forces armées rwandaises, sa motion était censée exprimer le même soutien que le RDR avait reçu d’autres organes de réfugiés qui appuyaient ses objectifs: le retour pacifique des réfugiés. Plusieurs autres organisations, associations ou ONG ont également envoyé des messages de soutien et d’encouragement au jeune RDR.
Le RDR a lutté sur un terrain difficile. Premièrement, le FPR, qui a vu dans le RDR un nouvel opposant politique à détruire à tout prix, a rapidement diabolisé le mouvement. Deuxièmement, certains membres du gouvernement en exil n’ont pas accepté de perdre le rôle de porteurs de la flamme des réfugiés. Troisièmement, le RDR avait pour mission de donner à la communauté internationale l’autre côté de la tragédie du Rwanda afin que les réfugiés puissent recouvrer leurs droits.
Encore plus difficile, le RDR a eu du mal à représenter les réfugiés lorsque leurs camps ont été détruits et qu’un grand nombre d’entre eux ont été forcés de rentrer au Rwanda contre leur volonté, d’autres se sont enfuis plus profondément dans les forêts congolaises et au-delà, à la suite des première et deuxième guerres civiles congolaises. Le RDR s’est dissocié des groupes armés et a insisté sur des moyens pacifiques de représenter exclusivement les réfugiés, en alliance avec d’autres partis d’opposition rwandais pacifiques en exil.
Alliances du RDR
En septembre 1998, le RDR a formé une coalition appelée Union des forces démocratiques rwandaises (UFDR) avec les Forces démocratiques de résistance (FRD) et le Groupe d’initiative pour la réconciliation (GID). L’UFDR restait convaincue que toute solution durable à la guerre en RDC, qui malheureusement découle de la guerre rwandaise, ne serait jamais définitive sans trouver une solution acceptable à tous les conflits dans d’autres pays de la région des Grands Lacs, et au Rwanda en particulier.
Pour tenter de créer une nouvelle plate-forme de coopération entre les partis d’opposition et d’autres associations représentant les intérêts de la population des Grands Lacs, le RDR a organisé un forum sur la paix, la sécurité, la démocratie et le développement dans la région des Grands Lacs, réunissant les diasporas burundaise, congolaise et rwandaise à Amsterdam du 26 au 28 novembre 2004.
En avril 2006, le RDR et d’autres partis au sein et en dehors de la coalition UFDR (FRD, ADR, AJIIR et RDR) ont lancé la création des Forces démocratiques unifiées (FDU). La responsable du RDR, Victoire Ingabire Umuhoza, a été élue présidente de la plateforme politique FDU. Les FDU ont pour objectif d’instaurer un état de droit au Rwanda, étayé par le respect des valeurs démocratiques inscrites dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et d’autres instruments internationaux relatifs à la démocratie et à la bonne gouvernance.
Le FDU a adopté le manifeste du parti RDR, écrit le 13 août 1998, qui décrit les convictions et les objectifs du parti. Ce document affirme qu’en luttant pour l’instauration d’un État de droit, de justice, de démocratie, de valeurs républicaines et de vérité sur la tragédie rwandaise, la République rwandaise deviendra plus prospère et pacifique et que les objectifs d’une réconciliation véritable, d’un développement durable et d’une paix durable seront atteints.
Le parti soutient également que le Rwanda doit respecter la Déclaration universelle des droits de l’homme et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et a officiellement condamné le génocide, les crimes et les violations des droits de l’homme contre les Tutsi, les Hutu et les Twa.
Le parti soutient l’intégration régionale; diplomatie internationale restaurée; développement économique et social majeur, y compris le développement rapide du secteur privé et de la société civile, de l’éducation et des soins de santé de base; séparation des pouvoirs au sein du gouvernement; et le pouvoir pour tout le peuple, dans tous les groupes ethniques, du Rwanda.
Aujourd’hui, les FDU n’ont pas de représentation dans les camps de réfugiés rwandais en Afrique. La plupart des activités des FDU sont basées en Europe et les intérêts des réfugiés ne sont pas au centre de ces activités. Le parti parle rarement des problèmes de ces réfugiés, en particulier ceux de la RDC, où tout a commencé. Les rescapés des massacres commis aux réfugiés qui ont créé le RDR continuent d’être persécutés aujourd’hui aux yeux et au su du parti FDU. Il est temps que les dirigeants et membres des FDU revisitent leur parcours et prennent leur genèse comme fondement de l’existence du parti.
Jacques Mukurarinda, Brazzaville