Rwanda : Des élections politiquement verrouillées – Chronologie des violations

(Nairobi) – Les élections présidentielles au Rwanda se sont déroulées le 4 août 2017 dans un contexte de liberté d’expression ou d’ouverture de l’espace politique très limitée, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui, jour de la prestation de serment du président Paul Kagame pour un mandat de sept ans. Human Rights Watch a publié une chronologie des violations du droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion au Rwanda entre le référendum de décembre 2015, qui a permis au président rwandais de briguer un troisième mandat, et les élections remportées par Kagame, avec un score annoncé de 98,79 pour cent des voix.

« La victoire écrasante de Kagame nest pas une surprise dans un contexte où les Rwandais qui ont osé faire entendre leurs voix ou remettre en cause le statu quo ont été arrêtés, ont été victimes de disparition forcée ou ont été tués, où les médias indépendants sont muselés, et où lintimidation a muselé les groupes agissant pour les droits civils ou la liberté dexpression », a indiqué Ida Sawyer, directrice pour l’Afrique centrale à Human Rights Watch. « Mais les autorités rwandaises nont pris aucun risque pour lélection présidentielle, puisque la répression sest poursuivie au cours des derniers mois malgré les faibles chances des candidats de lopposition. »

Dans les jours qui ont suivi l’élection, Human Rights Watch s’est entretenu avec des activistes locaux et des citoyens ordinaires qui ont fait état d’intimidations et d’irrégularités à la fois dans les préparatifs de l’élection et pendant le scrutin. Dans le district de Rutsiro, dans la Province de l’Ouest, les dons au Front patriotique rwandais (FPR) au pouvoir étaient obligatoires. « Personne ne pouvait échapper à cet ordre », a expliqué un électeur. « Cela a été organisé par le biais de la Commission électorale nationale. »

Un autre électeur, de Rutsiro également, a indiqué qu’il a été forcé de voter en présence d’un représentant de la Commission électorale nationale. « Après avoir vérifié mon nom sur la liste électorale, il ma dit de voter sur-le-champ devant lui », a décrit l’électeur. « Il était facile de voir pour qui je votais sur le bulletin de vote, donc il métait impossible de voter pour quelquun dautre que Kagame. »

Une personne surveillant l’élection dans le district de Nyamagabe, dans le sud, a raconté qu’elle a vu des responsables du scrutin signer des bulletins pour au moins 200 personnes qui ne se sont pas présentées pour voter. Toutes les voix sont allées au FPR.

Le 5 août, le Département d’État des États-Unis a publié une déclaration mentionnant les « irrégularités observées pendant le scrutin ». Le 6 août, l’Union européenne a publié un communiqué soulignant le déroulement pacifique des élections, mais ajoutant : « [d]ans la perspective des futures élections, lUE attend du pays quil redouble defforts pour rendre le processus encore plus inclusif et transparent, notamment pour ce qui est de lenregistrement des candidats, de la publication des résultats et autres préalables à létablissement de règles du jeu équitables ».

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