RWANDA/GÉNOCIDE – 26: LE SURPRENANT DISCOURS RÉVISIONNISTE DU PRÉSIDENT.

Par Sylvestre Nsengiyumva

En visionnant le discours d’ouverture des commémorations du Génocide prononcé par le président rwandais ce 07 avril 2020, j’ai immédiatement senti venir « something big », quand il a débuté par cette phrase on ne peut plus énigmatique : « nous nous trouvons à nouveau dans la période de l’année où chacun de nous a difficile à exprimer ses pensées et ses sentiments »!

Je me suis mis tout d’un coup à me demander (et je me demande encore) quel lourd poids habite en ce moment le cœur et l’esprit de cet homme et qu’il n’ose pas, comme à son habitude, crier ou vociférer, lui qui n’est pas connu pour faire dans la retenue, encore moins pendant les commémorations du Génocide des Tutsis! N’a-t-il pas par exemple, un jour d’avril comme celui-ci, regretté publiquement que son armée, faute de moyens suffisants, n’avait pas massacré assez de Hutus, dans une campagne génocidaire présentée par ses soins comme relevant de la légitime vengeance ?!
Ou ne s’est-il pas vanté, un autre jour devant son Parlement, d’être parti au Congo massacrer ceux qu’il devait massacrer, et rapatrier le reste ?!

GUPFOBYA

Cette énorme chose qui pèse, soudain, pèse notre président en ce moment doit être de l’ordre de la vocation, peut être même du « born again », quand on mesure la portée symbolique du discours qu’elle lui a inspiré, discours que j’ai dû revisionner à plusieurs reprises pour m’assurer que ce ne sont pas mes tympans confinés (😄) qui me jouaient des tours !

Non, j’avais bien entendu: du début à la fin de son intervention de 3,37mn, montre en mains, Paul Kagame a soigneusement omis de prononcer le mot « génocide », lui préférant le terme « amahano » (désastre), appellation qualifiée jusque-là de révisionniste (gupfobya) par lui-même et par
ses thuriferaires, au Rwanda et dans le monde…

Pire, là où Paul Kagame était sensé évoquer « le génocide perpétré contre les Tutsis », il a délibérément dit « le désastre que nous avons expérimenté » (amahano twanyuzemo). Ou encore : « les événements que notre pays a traversé… » (ibyabaye ku gihugu cyacu… « 
Avant de faire appel, cerise sur le gâteau, à la nécessaire compassion mutuelle des rwandais (umutima w’impuhwe).

On croit rêver !

De quoi emballer les plus pieux, qui se sont carrément surpris entrevoir un apôtre de Kizito Mihigo à la tête de l’Etat !
Après tout, spéculent-ils, le gars se prénomme Paul, comme l’autre, celui qui s’était converti après avoir longtemps brutalement persécuté les chrétiens…

Comment d’ailleurs ne pas comprendre l’enthousiasme de ces doux rêveurs, quand on écoute la fin de cette allocution historique : « …Ce faisant, nous augmenterons l’espoir de devenir des êtres meilleurs… Que Dieu vous bénisse »!
Avouez que vous ne reconnaissez pas celui qui, il y a peu, fanfaronnait encore: « Dieu ?! S’il existe, qu’il vienne lui-même me prêcher face à face »!!

LE SCOOP!

Quelle mouche a donc piqué Paul Kagame pour que, la toute première fois depuis 26 ans, il évite volontairement de mentionner le génocide des Tutsis, dans un discours de surcroît sensé en inaugurer la commémoration, lui qui avait consciemment provoqué ce génocide en descendant l’avion de son partenaire dans le processus de paix, avant d’en déposer la « marque commerciale » quelques mois plus tard, après
avoir conquis le pouvoir absolu en enjambant les cadavres ?

Anticipation stratégique de la requalification de ce « drame rwandais et régional », devenue manifestement inéluctable au regard du nombre incalculable des voix qui s’élèvent chaque jour en ce sens, et à laquelle ferait peut être écho le petit pas à reculons du SG de l’ONU dans sa courte intervention le même jour ?

Effet bénéfique de l’actuelle crise hautement anxiogène du Coronavirus, laquelle a le don salutaire de condamner tout être humain à se confronter à soi-même, à se livrer à une profonde introspection, et à se poser l’ultime question du vrai sens de « tout ça »?!

Beaucoup d’hypothèses peuvent être avancées au stade actuel où manque encore le recul nécessaire pour analyser.
Toujours est-il que le discours « révisionniste » de notre « Mwami » absolu Paul Kagame, qui a l’apparence de tout sauf d’un regrettable impair, marque peut-être un tournant tant attendu sur le chemin sinueux vers une interprétation juste de « ce qui nous est arrivé » pendant cette décennie maudite 1990-2000, et vers une gestion (enfin) équitable et harmonieuse de la Mémoire…

LE LARGUAGE DES « VUVUZELAS »

Paul Kagame est connu pour avoir été formé par la CIA américaine, là où l’on ne s’embarrasse pas, le moment venu, de « laisser tomber » certains agents, une fois la mission terminée !

C’est ainsi que, depuis cette intervention, on observe un certain bégaiement chez les « vuvuzelas du Génocide », qui ont l’air de se demander (eux aussi!) sur quel pied on va désormais danser !

Jean Damascene Bizimana par exemple, cet animal domestique de basse cour qui s’est toujours rêvé vache à cornes Inyambo, et qui croit y arriver en faisant dans la surenchère ethniciste. On l’a vu hier encore bafouiller en disant que ce n’est plus la peine de se préoccuper des révisionnistes et negationnistes,enfants et petits-enfants de génocidaires hutus, que c’est de nature à « nous » distraire inutilement…et bla, et bla-bla!

Ces gens devraient pourtant être rodés, puisque Paul Kagame n’est pas à son premier coup d’essai.
Après avoir en effet tenu le monde entier en haleine pendant 25 ans de bras de fer à sens unique avec la France, suscitant l’admiration de beaucoup d’africains médusés, il avait effectué une volte-face spectaculaire il y a deux ans ! Sans prévenir les vuvuzelas anti-francais à sa solde dans le monde entier, de même que les frustrés de la Francafrique qui avaient cru en lui comme un nouveau Sankara, Paul Kagame entama brutalement avec Emmanuel Macron, le « diable » honni des progressistes africains, une idylle ponctuée, depuis, de moult chaleureuses embrassades, câlins amoureux, baisers langoureux…et tire-langues mouillés !!

1 COMMENT

  1. Un homme qui, sa vie durant, n’a fait du mal à l’endroit de ses semblables et dont l’actif est garni des milliers voire des millions de cadavres, voit ses dernières heures ici-bas commencer à sonner. Il pense qu’i doit accepter la finitude de sa propre existence temporelle.
    Il pense alors qu’il y a un Juge Suprême devant lequel il devra répondre de ses méfaits après sa mort afin qu’il soit en paix dans l’au-delà où il entend rencontrer des milliers voire des millions de femmes, enfants et hommes de tous âges et conditions qu’il a broyés.
    En son for intérieur, il revient à la raison, commence à soliloquer positivement et demande au Créateur des Homme de l’éclairer dans la nouvelle voie à sens unique qu’il va emprunter, direction l’au-delà.
    Il se livre aux évocations de beaux et vrais mots qu’il aurait pu dires publiquement à ses semblables. Il pense retrouver le sens d’humanité qui était chez lui un mot dépourvu de sens.
    Et pour terminer, devant des millions de ses compatriotes, il demande pardon au Plus Haut pour ses agissements négatifs volontaires contre les innocents.
    Sur l’allocution attribué à Kagame et lu par celui-ci comme un écolier de l’école primaire, j’ai personnellement retenu ce qui suit.
    1/ Dans son allocution du 7 avril 2020 relative à la commémoration du génocide dit des Batutsi, Kagame a commencé par l’évocation des crimes qui ont été commis dans notre pays contre des Rwandais. Il a donc reconnu que les crimes ont été commis dans notre pays par les Rwandais et contre les Rwandais. Pour lui, un crime est un crime et la victime est une victime. Il n’y a donc pas des victimes et des sous victimes et au Rwanda, nul ne détient le monopole de la souffrance. Par ses propos, pour la première fois, Kagame a dit la VERITE telle qu’elle aurait être dite aux Rwandais, portée à la connaissance du monde entier et être retenue par tous les Rwandais depuis plus de vingt-six ans. Il s’ensuit que Kagame est revenu à la raison. La question est de savoir pourquoi.
    2/ Kagame a demandé aux Rwanda de retenir sa parole et de l’enseigner à leurs enfants et aux générations à venir.
    Par ses propos limpides, Kagame a demandé aux Rwanda de retenir et de reconnaître définitivement au fond d’eux-mêmes et aussi bien dans les actes que dans les paroles que les crimes qui ont été commis dans notre pays ont été commis par des Rwandais et ont touché toutes les familles rwandaises et que leurs auteurs sont des Rwandais. Il leur a demandé d’enseigner ces faits établis et partant historiques à leurs enfants actuels et à venir afin que ces derniers puissent connaître la VERITE ou la Vraie histoire de leur pays relativement à ces faits douloureux qu’a connu notre pays.
    Il a demandé donc aux parents rwandais de dire à leurs enfants que l’histoire sur les crimes qui ont été commis au Rwanda et leurs auteurs telle qu’il leur a été et leur est enseignée à l’école d’une part et racontée par les parents ou certains parents d’autre part est erronée et ne peut corrélativement pas être retenue.
    3/ Kagame a demandé aux Rwandais, constituant un seul Peuple, le Peuple Rwanda, d’être solidaires, à développer le sens de solidarité. Il a dit aux Rwandais que c’est par la solidarité individuelle et collective que le Rwanda se développera davantage et affrontera efficacement la pandémie mondiale du coronavirus et la situation sociale dramatique dans laquelle se trouve des millions de Rwandais. Autrement dit, alors que depuis son accession au pouvoir au Rwanda en juillet 1994,la doctrine économique et sociale de Kagame était l’individualisme sui generis ou le libéralisme économique à la Rwandaise caractérisée par l’enterrement de la solidarité sociale nationale et individuelle et conséquemment par l’individualisme triomphant qui n’existe nulle part au monde, il reconnaît, devant des millions de Rwandais, l’effectivité des méfaits de sa doctrine ci-dessus évoquée.
    Il prêche in extremis la solidarité, mot qui lui était inconnu.
    La question posée est de savoir si les oligarques de sa clique dont ses ministres et les membres du petit groupe agissant dans l’ombre et plus puissant que le gouvernement ont-ils bien écouté leur patron. Et les Rwandais, dans quelles mesures sociales de Kagame ou du Gouvernement vont-ils puiser cette solidarité évoquée pour la première fois par leur Président ?
    4/ A la fin de son allocution, Kagame a demandé à Dieu, la Bénédiction pour le Peuple Rwandais.
    Pour demander cette bénédiction et que celle-ci soit accordée, il fallait qu’il reconnaisse préalablement ses méfaits à l’endroit de ses victimes.
    Il aurait dû dire, que Dieu me pardonne pour tous mes méfaits contre les Rwandais, mon Peuple et que Dieu les bénisse.
    Au vu de la courte allocution du Président Kagame, connu des Rwandais comme un homme qui dit haut et fort tout ce qu’il pense, aussi bien au fond qu’à la forme, cette allocution est celle d’un Homme qui se prépare à emprunter la voie à sens unique vers l’au-delà et qui rongé par les remords, pense à l’existence de Dieu dans les dernières minutes de sa vie.
    Questions:
    1/ Notre Président est introuvé depuis la déclaration officielle de l’arrivée du coronavirus au Rwanda. Où est-il ? Que fait-il ?
    2/ Pourquoi n’a-t-il pas répondu et ne répond pas à l’appel des Rwandais qui l’ont élu et qui conséquent, est pour eux, le Père de la Nation, surtout dans ces moments difficiles où les Rwandais font face à une pandémie qui a déjà emporté des centaines de Rwandais ?
    3/ Pourquoi n’a-t-il pas exprimé aucun mot envers les familles des victimes du coronavirus et/ou un mot d’espoir pour les Rwandais ?
    4/ S’il est vivant et se porte bien et conséquent avec lui-même, quelles sont les mesures qui ont été prises par lui pour étayer la solidarité collective et individuelle évoquée dans cette allocution ?
    5/ Cette allocution émane-t-elle effectivement de Kagame, tel qu’il est connu des Rwandais depuis vingt-six ans?
    Sous réserve de me prouver le contraire, je ne le pense pas. Il en est de même de diverses vidéos sur les prétendues actions de Kagame montées maladroitement par les amateurs, sûrement membres du petit groupe d’individus ci-dessus évoqués. Les incohérences et énormités sont sans équivoques.

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