En avril 1994, le monde entier découvrait le Rwanda, petit pays en proie à la guerre et à l’horreur dans la région des Grands Lacs africains. Près de vingt ans plus tard, l’actualité nous rappelle que cette partie du monde est toujours déchirée par des guerres tout aussi cruelles que celle des années 1990.
Les acteurs n’ont pas changé. L’armée du général Paul Kagame, qui à l’époque s’est emparée du pouvoir au Rwanda, figure encore au premier plan dans les cycles de conflits armés qui ont déjà fait plusieurs millions de morts et condamné des centaines de milliers de personnes à vivre désespérément, dans la peur et l’humiliation. Le régime rwandais justifie ses crimes et l’oppression des peuples de la région en évoquant la menace que représenteraient encore les ex-Forces Armées Rwandaises (ex- FAR). Faustin Ntilikina dresse le portrait des ex-FAR dont il était officier et décrit le long cheminement qui a conduit à leur défaite en 1994. Il reconnaît qu’elles ont implicitement failli à leur devoir de protéger le peuple rwandais et d’assurer la souveraineté du pays. Mais doit-on pour autant leur imputer tous les malheurs du Rwanda et le climat d’insécurité qui sévit à l Est de la République Démocratique du Congo. Revenant sur les responsabilités du Front Patriotique Rwandais, la description que l’auteur fait des 20 années de règne est un véritable inventaire des dérives totalitaires et bellicistes d’un régime dont le processus de déclin est amorcé, sans doute irréversiblement.
