(Syfia Grands Lacs/Rwanda) En prévision des élections législatives de 2013, les partis politiques cherchent à recruter des militants à tout prix, y compris dans les écoles où ils organisent des meetings.
Dans la perspective des élections législatives de 2013, les partis politiques rwandais se ruent ces derniers mois dans les écoles secondaires et primaires pour exposer leurs programmes aux élèves et recruter des militants. « Un responsable d’une formation politique a mené une longue campagne dans une école secondaire de la périphérie de Kigali mi novembre. Après avoir intéressé les jeunes, bon nombre des élèves se sont fait enrôler dans son parti, témoigne un enseignant de cette école. Les politiciens ne tiennent pas compte de l’âge des mineurs, ni des dispositions relatives à la protection des enfants ».
Comme la concurrence est forte, les formations politiques vont même dans les écoles primaires pour convaincre les enfants de leurs projets de société.
Pour ce membre du Front Patriotique Rwandais, parti au pouvoir à Kigali, il faut inciter des électeurs indécis. « Même si notre parti est majoritaire, nous ne pouvons pas nous empêcher de recruter des nouveaux membres. Les jeunes restent notre priorité actuellement car ils constituent une force active pour la politique », note-t-il. Les politiciens cherchent activement des partisans pour les élections de l’an prochain. « De nombreux élèves qui auront 18 ans l’année prochaine devront voter. Il faut les intéresser en avance. D’autres qui ne voteront pas pourront inciter leurs parents à choisir un parti dont ils sont militants », explique un politicien de Huye au sud du pays. La loi régissant les élections parlementaires au Rwanda prévoit que des lecteurs choisissent un parti. Ce dernier désignera ses députés suivant la liste arrêtée des candidats.
Au Rwanda, la majorité civile est fixée à dix-huit ans. Pour un juriste de Kigali, les élèves ne devraient pas être sensibilisés aux programmes des partis politiques. « A moins qu’on sépare ceux qui ont déjà atteint la majorité civile des mineurs. Pour garder l’harmonie dans l’école, on devrait interdire toute activité politique dans les établissements scolaires », suggère-t-il. Mais pour ce représentant d’un parti politique dans un district du Sud, « il faut préparer les jeunes au patriotisme en bas âge pour qu’ils deviennent de bons futurs leaders ». Certains enfants s’en félicitent. « Je suis fier d’être dans un même parti politique que le président de la République… », se réjouit un élève de l’Est du pays. Les écoles sont des lieux favorables aux rassemblements. Ceux qui veulent faire leur campagne y rencontrent beaucoup de monde sans devoir sillonner les villages.
Pour un activiste des droits de l’homme de Kigali, « les activités politiques dans les écoles sont des sources de division et de conflits. Il est inévitable que les élèves et les enseignants de la même obédience politique collaborent en écartant ceux des autres partis », remarque-t-il. Pour lui, « des rivalités et des sympathies des uns envers les autres peuvent facilement causer des conflits ». Un directeur d’une école secondaire de Gasabo, Kigali, constate qu’il très difficile de gérer des élèves qui participent activement à la politique. « Ils n’ont pas le temps de faire leur travail de classe. Ils passent beaucoup de temps à enseigner les idéaux de leurs partis, recruter des militants. Très souvent ils commencent à mépriser leurs éducateurs qui sont dans d’autres partis ». Les élèves sont souvent trompés et manipulés par les politiciens qui leur promettent des postes après leurs études.
En février 2010, dans le cadre de la sécurité, les responsables de l’université de Butare, Sud, ont interdit des réunions ainsi que le port des T-shirt, casquettes, pagnes et autres insignes des partis politiques dans l’établissement.
« Jusqu’aujourd’hui, la mesure reste en vigueur. Ceux qui veulent participer activement à la vie politique, vont ailleurs loin de l’université », témoigne un étudiant en journalisme.
Fanny Kaneza