Par Erasme Rugemintwaza

C’est la chaleur de compassion du monde entier, après  que  Shabana Basij-Rasikh ait mis 7 messages consécutifs sur Twitter, ce 24 août 2021 pour parler de la destination de son école SOLA : le Rwanda!

SOLA est une abréviation pour School Of Leadership Afghanistan, la seule école  interne pour les filles en Afghanistan. La Présidente et co-fondatrice Shabana Basij-Rasikh fait partager sa détresse de voir encore une fois le peuple afghan tomber entre les mains des Talibans qui ne veulent jamais que les femmes afghanes aient une éducation complète si ce n’est que l’école primaire. Avec les Talibans, toutes formes de libertés, même les plus élémentaires qui, sur d’autres cieu, ne peuvent jamais pousser à penser à la notion de liberté, comme sortir de la maison par exemple sans être accompagné, leur sont prohibées.

Juste après la chute des Talibans en 2001, les écoles pour les filles recommencent. Shabana Basij-Rasikh fut parmi ces premières filles qui saisirent l’occasion d’étudier et se présenta aux tests d’entrer à l’école car tous les documents pour les filles avaient été brûlés par les Talibans. Avant de quitter son établissement,  Shabana Basij-Rasikh a, elle aussi, brûlé les documents de ses élèves, une image qui rappelle celle que les Talibans ont fait des années auparavant mais dont l’objectif est diamétralement opposé : elle a brûlé des documents de ses élèves pour les protéger alors que les Talibans ont brûlé les documents des filles pour les rabaisser et les effacer de l’histoire de leur pays. Shabana Basij-Rasikh avec un cœur brisé suite à la situation dramatique dans son pays mais avec une lueur d’espoir pour SOLA, remercie beaucoup le Qatar, le Rwanda et les Etats-Unis de cet acte humain de sauver la communauté SOLA. Elle demande à la communauté internationale de ne pas quitter des yeux son pays l’Afghanistan, qui est maintenant livré aux monstruosités des Talibans. 

Les émotions chaleureuses fusent tout azimut pour encourager cette communauté SOLA de 250 personnes et leur rassurer assistance au Rwanda, pays où l’émancipation de la femme est un acquis historique. 

Sur son compte Twitter, le Ministère de l’Education, dans la foulée des émotions pour cette communauté, écrit : « Le Ministère de l’Education se réjouit d’accueillir la communauté SOLA au Rwanda pour votre programme d’études. Murakaza neza.[Soyez les bienvenus. Ndlr] ».

Notons par ailleurs que les Etats-Unis ont remercié le Rwanda pour avoir répondu oui à sa demande de donner un asile provisoire aux fugitifs Afghans.

Toutefois, cet humanitarisme de Kagame soulève milles questionnements. En effet, l’on sait bien que le Rwanda est parmi les 20 pays les plus pauvres de la planète bleue et selon la Banque Mondiale plus e 56% de la population rwandaise vivent sous le seuil de la pauvreté. Plus de 90% de la population de ce pays qui est parmi les pays les plus densément peuplés avec 504 habitants/km2, vit au dépens d’une agriculture de subsistance et plus de 4 millions mangent avec beaucoup de peines une fois par jour. La malnutrition est, dans le pays de Kagame, une pandémie qui frappe plus de 36% des enfants de moins de 5 ans et de plus en plus difficile à endiguer! Pire encore le système éducatif rwandais est décrié par tout le monde, et même les autorités, comme médiocre.

Quels seraient alors les mobiles qui ce cachent derrière cet humanitarisme du régime du FRP-Inkotanyi et Kagame? On peut d’abord, avec zéro risque de se tromper, penser aux mobiles diplomatiques. Kigali veut se faire une image de charité pour redorer son image toujours éclaboussée par ses crimes intermittents et des rapports onusiens qui prennent Kigali comme plaque tournante de la contrebande des minerais de la République Démocratique du Congo. La Rwanda  est le pays où la violation des droits de l’homme et surtout la répression de l’expression est  répétée dans les rapports onusiens. Ainsi se faire un asile de tous les réfugiés est la meilleure façon de tromper ou calmer ces grandes puissances, qui normalement devraient demander à Kigali de rendre des comptes. C’est plus que jamais la façon géniale de faire taire les voix dissidentes. En répondre oui à la demande des Etats-Unis qui commençaient à en avoir marre avec Kagame, c’est la meilleure pénitence pour lui et une bonne préparation du coup de théâtre avec le procès de Rusesabagina. On ne peut pas écarter les intérêts économiques. Quoi qu’il en soit, les réfugiés spéciaux, comme ceux-ci de l’Afghanistan qui sont une tempête du vent semé par les Etats-Unis, sont bien une source de billets verts!

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