Alerte adressé au HCR sur les massacres des réfugiés rwandais en RDC

Excellence Monsieur le Haut-Commissaire,

Le MRCD, plateforme politique réunissant quatre partis d’opposition et engagé pour le changement pacifique au Rwanda, a l’honneur de recourir auprès de votre haute autorité pour dénoncer les massacres concertés et organisés des réfugiés rwandais à l’Est de la RDC. 

De prime abord, signalons que les faits gravissimes en cours ne constituent ni une surprise, ni un simple crime : les massacres des réfugiés en cours constituent une récidive, voire un crime permanent puisque les réfugiés rwandais n’ont jamais cessé de subir le meurtre depuis le jour de l’attaque et destruction de tous les camps des réfugiés rwandais, en septembre 1996, au Zaïre (actuel RDC). A cette époque, le gouvernement rwandais alléguait la poursuite des génocidaires et membres de l’ex armée rwandaise (FAR), et il s’en est suivi l’exécution de près de 600 mille réfugiés, comme cela ressort du Rapport Mapping de l’ONU (Voir: Rapport du Projet Mapping concernant les violations les plus graves des droits de l’homme entre mars 1993 et juin 2003).

Le massacre en cours n’est pas non plus une surprise pour personne, puisque depuis octobre dernier, Kinshasa avait admis le projet du Général Kagame de constituer une coalition militaire sous-régionale (Rwanda, Ouganda, Burundi, Tanzanie et RDC) en vue de l’éradication des « groupes armés ». Cependant, comme il est apparu aux yeux de tous que le dictateur–génocidaire Paul Kagame voulait massacrer les réfugiés, tous les Etats de la région des Grands Lacs ont renoncé au projet et le Rwanda s’est retrouvé abandonné. Le tortionnaire Paul Kagame a cependant pu tromper le Président Tshisekedi qui a accepté de prêter mains fortes aux opérations en cours. Ainsi, officiellement, le massacre des réfugiés en cours est une « opération d’éradication des groupes armés mené par les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), mais en réalité, ce sont les Forces spéciales de l’armée rwandaise de Paul KAGAME(RDF) qui mènent ces opérations, déguisés, selon des témoignages concordants, en soldats congolais (Massacre des réfugiés rwandais avec les hélicoptères de combat et avions de chasse dans les forêts congolaises au Sud Kivu).

Voici un résumé des faits :

Alors que, depuis le 11 novembre 2019 des troupes avaient encerclé le camp des réfugiés rwandais dans la localité de Kalehe dans le Sud-Kivu, l’ouverture du feu a eu lieu dans la nuit du 25 novembre 2019. Un pilonnage intensif a eu lieu à partir de minuit, et des combats rapprochés à l’arme automatique ont commencé à l’aube du mardi 26 novembre 2019. Les réfugiés, dont majoritairement des enfants, femmes et vieillards ont précipitamment quitté le camp pour tenter de trouver refuge dans les forêts environnantes, notamment le parc de Kahuzi-Biega. Sous le regard complaisant de la MONUSCO, des réfugiés ont été fusillés, tués et blessés. Un groupe d’environ 1500 personnes a tenté de trouver refuge auprès de la base MONUSCO mais contre toute attente la MONUSCO a refusé de les accueillir et d’assurer leur sécurité. Et depuis vendredi, les survivants sont attaqués par des avions de combats et des hélicoptères

Excellence Monsieur le Haut-Commissaire, devons-nous rappeler les normes conventionnelles de protection des réfugiés qui condamnent de tels agissements contre un groupe de réfugiés reconnus comme tels. En effet ces réfugiés, après avoir fait l’objet d’un recensement biométrique depuis avril 2015, ont été reconnus aussi bien par l’Etat congolais que par le HCR (RDC: l’ardu recensement des réfugiés rwandais). Plus de 75% de ces réfugiés sont constitués d’enfants de moins de 17 ans, nés et grandi  en exil. Comment qu’en ce 21ème siècle des êtres humains innocents peuvent être pourchassés à ce point et sauvagement exécutés ? 

Au regard des faits résumés ci-dessus, plaise à votre Excellence :

  • d’intervenir directement en urgence pour exiger l’arrêt immédiat de toutes opérations militaires en cours ; 
  • de recueillir l’appui de puissances régionales et internationales pour dissuader le Rwanda de tous crimes contre l’humanité en RDC ;
  • de recueillir la mobilisation des organisations internationales, et en particulier du Conseil Economique et Social de l’ONU mais aussi du CICR pour apporter toute l’aide nécessaire aux survivants 
  • de rappeler la RDC et le Rwanda leurs obligations intransgressibles en leur qualité de hautes parties à la Convention du 28 juillet 1951, mais aussi aux autres instruments internationaux des droits humains dont la DUDH (1948), le PIDCP et le PIDESC (1966).   

Excellence, Monsieur le Haut-Commissaire, dans le souci de vous apporter davantage d’information et d’exposer de viva voce les doléances des réfugiés, le MRCD sollicite une audience auprès de vous, à Genève, dans les plus brefs délais.

Recevez, Excellence Monsieur le Haut-Commissaire, l’expression de notre très haute considération.                                       

Fait à Bruxelles, ce 04/12/2019

Pour le MRCD-Ubumwe, le Collège des Présidents :

Wilson IRATEGEKA, Président en exercice

Paul RUSESABAGINA, Vice-Président

Kassim BUTOYI, Vice-Président

Faustin TWAGIRAMUNGU, Vice-Président et Porte-Parole (Tél. mobile : +32 476 01 81 16)

Copie pour information:

  • Monsieur Antonio Gutteres, SG de l’ONU ;
  • Son Excellence Félix Tshisekedi, Président de la RDC ;
  • Son Excellence Paul Kagame, Président du Rwanda ;
  • Son Excellence Emmanuel Macron, Président de France ;
  • Son Excellence Donald TRUMP,Président des Etats Unis d’Amérique (USA) ;
  • Son Excellence Yoweri Kaguta MUSEVENI, Président de l’Ouganda ;
  • Son Excellence Pierre NKURUNZIZA, Président du Burundi ;
  • Son Excellence John MAGUFULI, Président de la  Tanzanie ; 
  • Son Excellence João Lourenço, Président de l’Angola ;
  • -Son Excellence Uhuru KENYATTA, Président du Kenya ;
  • Son Excellence Denis Sassou-Nguesso, Président de la République du Congo ;
  • Son Excellence Vladimir PUTIN, Président de la Fédération de Russie ;
  • Monsieur Boris JOHNSON, Premier Ministre du Royaume Uni ;
  • Son Excellence Xi JINPING, President of China ;
  • Madame  Sophie Wilmès, Première Ministre du Royaume de Belgique ;
  • Human Rights Watch ;
  • Amnesty International ;
  • Fédération Internationale  de la Ligue des Droits de l’Homme (FIDH).
  • CICR.