Communiqué de presse
L’Observatoire des droits de l’homme au Rwanda (ODHR)condamne fermement les massacres des réfugiés congolais vivant au camp de KIZIBA à l’Ouest du Rwanda (ancienne préfecture de Kibuye) par l’armée rwandaise. Ces massacres ont été commis mardi 20 février 2018 lorsque les réfugiés étaient descendus du camp de Kiziba pour manifester pacifiquement devant les bureaux du HCR (Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés) en réclamant la relocalisation et la réinstallation dans un autre pays pour leur sécurité, ainsi que l’augmentation de la ration alimentaire.
La liberté de manifester pacifiquement pour s’exprimer et réclamer ses droits est un droit inaliénable reconnu à tout individu par la Déclaration Universelles des Droits de l’Homme et d’autres instruments internationaux des droits de l’homme ratifiés par le Rwanda.
Certains médias avancent le chiffre de cinq réfugiés tués et d’une vingtaine de blessés ainsi que sept policiers blessés – selon le porte-parole de la police Théos Badege sur les ondes d’une radio publique. La police prétexte que les agents de l’ordre auraient tiré pour se défendre alors que les réfugiés leur jetaient des pierres. Il n’a pas démenti l’accusation de tirs à balles réelles contre des réfugiés.
Des sources en provenance des réfugiés rescapés de ces massacres affirment qu’ils manifestaient pacifiquement pour que leurs doléances soient entendues par le HCR. C’est alors que la police et l’armée rwandaise ont dispersé les réfugiés en utilisant des gaz lacrymogènes et en tirant à balles réelles.
Dans un communiqué de presse, le HCR se dit choqué par ces massacres et a demandé « une enquête sur les circonstances de cette tragédie ».
Les rescapés ont recensé 22 réfugiés tués par les militaires et une quarantaine de blessés. Ils affirment par ailleurs que plusieurs personnes, parmi lesquels le responsable du camp, sont portées disparues et que d’autres ont été enlevées par la police. Ils ignoraient l’endroit où les forces de sécurité les auraient amenées. D’autres sources des réfugiés indiquent que la personne qui dirigeait les opérations (un militaire de haut rang) aurait donné l’ordre de ramasser les corps et de les jeter dans le lac Kivu en vue d’effacer les preuves. Le nombre de personnes tuées reste inconnu à ce jour et les blessés placés dans les hôpitaux de la région craindraient pour leur vie.
L’ODHR déplore le silence coupable des pays membres de l’Union Africaine face à ces massacres commis par une armée d’un président en exercice chargé de réformer l’institution continentale.
Nous sommes indignés par cette barbarie et le silence de la communauté internationale face à ces massacres commis par une armée qui se targue d’être la plus disciplinée dans cette région d’Afrique au point d’être envoyée régulièrement par l’ONU dans des missions de maintien de la paix.
Nous rappelons que ces massacres de réfugiés interviennent dans un contexte de controverse concernant la volonté du gouvernement rwandais d’accueillir et de protéger des réfugiés et migrants africains refusés et maltraités en Israël et en Libye. L’annonce de cet échange lucratif de réfugiés entre le Rwanda et Israël a suscité des protestations devant les ambassades rwandaises à l’étranger, compte tenu de l’insécurité qui règne actuellement au Rwanda.
L’ODHR condamne l’usage disproportionné de la force par l’armée et la police rwandaise contre les civils sans armes et sans défense. Il demande qu’une enquête indépendante soit conduite dans les meilleurs délais, que les responsables civils et militaires de cette tragédie soient poursuivis et punis, et que des réparations conséquentes soient décidées dans un procès équitable par la justice.
L’ODHR demande que le droit à la vie, le droit à la sécurité des réfugiés et de leurs proches soient garantis par le HCR et l’État Rwandais dans le respect de la convention sur les réfugiés, afin que le HCR puisse les écouter et qu’il fasse rapidement suite à leurs doléances.
Fait à Paris le 25 février 2018.
MUNYANDILIKIRWA Laurent
Coordination ODHR
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