Par Chaste GAHUNDE
Parmi les dossiers qui auront exposé les failles du système de justice au Rwanda figure celui de Paul Rusesabagina, le héros du Hotel Rwanda. En effet, l’histoire récente nous montre d’autres cas plus ou moins similaires où le gouvernement s’est vu dans l’obligation de relâcher les suspects car leurs arrestations avaient eu lieu en violation du droit, ou bien que la pression extérieure et la realpolitik voiyaient les choses sous un angle différent. C’est d’ailleurs, d’après nos pronostiques, ce qui risque d’arriver dans le cas de Rusesabagina.
Tout observateur avisé n’oubliera Professeur Peter Erlinder, cet avocat américain qui est venu au Rwanda en 2010 pour faire partie de l’équipe de défense de Madame Victoire Umuhoza. Le régime du FPR l’a arrêté et l’a accusé de négationnisme du génocide. Il fut jeté en prison mais son procès n’aura jamais lieu grâce à la pression du gouvernement américain. Le gouvernement rwandais, pour cacher son échec dans cette affaire, a dit à la presse que le Professeur reviendra le moment du procès venu, que ses problèmes de santé étaient trop sérieux pour rester en détention. Les acolytes du régime se sont sentis trahis car pour eux, le Rwanda étabt un État souverain, aurait jugé ce “blanc” pour démontrer que l’ère coloniale était révolue.
Qui igonre le cas du Père Guy Theunis ? Peut-être ceux qui, en 2005, étaient plus jeunes ou éloignés de l’information! Ce prêtre de la congrégation des Pères Blancs a été arrêté à l’aéroport de Kigali alors qu’il se rendait en Belgique, son pays d’origine. Il fût accusé de génocide dans les actes les plus sérieux : la préparation de ce crime. Il risquait la peine capitale car, dans le temps, cette peine était toujours applicable. Il passera soixante-quinze jours en prison avant d’être libéré grâce à la pression de la diplomatie belge. Le régime du FPR frappé de honte devant ses “rukurikirizindi” ( les suiveurs qui défendent sans rien comprendre), a expliqué que le Père allait être jugé par la Belgique, sans dire pourquoi alors que les crimes dont il était accusé avaient eu lieu sur le territoire de son arrestation.
Et puis, en 2017, on a assisté au cas de Violette Uwamahoro, une jeune femme d’origine rwandaise naturalisée anglaise. Elle qui se rendait au pays de ses ancêtres pour des raisons familiales, s’est vu arrêter, accusée d’appartenir à des raisons terroristes qui cherchent à destabiliser le Rwanda. Il y a même eu un complice qui collaborait avec les enquêteurs pour consolider le dossier. Les circonstances aggravantes dans cette affaire étaient sa relation familiale, qui à vrai dire, constituait sa source d’annuis: son mari est un membre actif du Rwanda National Congress (RNC), l’organisation de Kayumba Nyamwasa. Sauf que, quelques jours après, le gouvernement britannique a exigé la libération de son citoyen, qui a pu regagner Londres sous peu.
Une fois de plus, le régime liberticide de Kigali se justifiera: elle est libérée mais elle restera joignable pour la poursuite judiciaire. Tout le monde sait que ceci n’aura jamais
Le cas de Rusesabagina n’est pas différent. D’ailleurs il est le plus dur des autres de ce genre. Le monsieur a été kidnappé dans une opération que Kigali n’a pas réussi à voiler. D’abord, c’est le Rwanda Investigation Bureau ( RIB) qui se venta d’avoir réalisé un grand exploit grâce à la coopération internationale. Le lendemain, les autorités des Émirats Arabes Unis se distancient de cette affaire, niant toute coopération. Le Rwanda n’a pas eu d’option, le ministre de la justice a admis le rôle du gouvernement dans cette opération qualifiée de terrorisme internationale.
Rusesabagina est un citoyen belge et un résident des États-Unis d’Amérique, un pays qui lui a attribué la plus importante médaille , la fameuse “Presidential medal of Freedom”.
Les américains constituent le peuple le plus chauviniste jamais connu. Non seulement ils défendent leur honneur mais aussi témoignent, par force s’il s’avère nécessaire, leur grandeur. Ils se sont investis dans cette affaire jusqu’à pousser 37 membres du congrès à envoyer un message clair et fort au gouvernement rwandais: libérez Paul Rusesabagina sous peine de subir la colère que vous n’aimeriez pas expérimenter. Le Rwanda fait semblant de ne pas entendre mais il est question de temps. Les manœuvres ne sont pas beaucoup, Rusesabagina doit être libéré sans tarder. Le parlement européen ne peut être plus clair. Rusesabagina n’appartient pas là où il se trouve.
Les suiveurs ignorants du régime ne cessent de répéter combien le pays est indépendant et souverain, et que, de ce, le Rwanda ne reçoit des ordres de personne. Une chose leur échappe : ce n’est ni le droit ni la justice qui prévalent, la realpolitik est dessus de tout. Or , à l’heure qu’il est, cette dernière n’est pas de leur côté.