KINSHASA (Reuters) – François Hollande a estimé samedi à Kinshasa, où se tient le 14e sommet de la Francophonie, que parler la langue française impliquait de défendre la démocratie et les droits de l’homme.
Le président français a rencontré son homologue congolais, le controversé Joseph Kabila, avant l’ouverture du sommet qui rassemble une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement dans la capitale congolaise.
« Je viens à un sommet de la Francophonie, ce n’est pas seulement la langue française. Parler le français, c’est aussi parler les droits de l’homme. Parce que les droits de l’homme ont été écrits en français », a dit François Hollande à la presse après une rencontre avec des organisations non gouvernementales.
Il a conditionné sa venue à Kinshasa à une amélioration de la situation de la défense des libertés dans le pays, théâtre d’élections contestées en novembre 2011 et en proie à des troubles dans l’Est depuis une quinzaine d’années.
« Je voulais que mon déplacement puisse être utile aux acteurs, aux militants qui font que les droits de l’homme, c’est à la fois un engagement mais aussi un risque », a-t-il ajouté.
« La démocratie, ce n’est pas une leçon. La démocratie, c’est un droit et, pour ceux qui sont à la tête des Etats, un devoir », a-t-il poursuivi.
François Hollande a eu avec Joseph Kabila un entretien « franc et direct » d’une trentaine de minutes, selon son entourage, en présence des ministres Laurent Fabius (Affaires étrangères), Yamina Benguigui (Francophonie) et Pascal Canfin (Développement).
En début de semaine à Paris, le président français avait qualifié « d’insoutenable » la situation des libertés en République démocratique du Congo, des commentaires fraîchement accueillis en RDC.
RENCONTRE AVEC L’OPPOSITION
Lors de l’entretien au palais présidentiel, Joseph Kabila a donné à son hôte « des arguments pour dire que la situation évoluait », a-t-on rapporté de source française.
Dans deux brochures distribuées au sommet, Joseph Kabila défend sa politique en matière de défense des libertés et donne sa version de « la situation sécuritaire de l’Est ».
Dans celle intitulée « Les avancées démocratiques », on peut lire que « la législature émanant du scrutin de 2011, en dépit de quelques irrégularités relevées et déplorées par la majorité et l’opposition, a permis l’élection des députés de l’opposition et de la majorité ». On affirme aussi « le plein exercice de la liberté d’expression, d’opinion, d’association et de culte ».
Arrivé dans la nuit de Dakar, François Hollande a reçu sept ONG, parmi lesquelles « La voix des sans voix », « Journalistes en danger » et « Solidarité féminine pour la paix et le développement intégral ».
« L’entretien a porté sur la situation des libertés, la précarité des défenseurs des droits de l’homme, victimes de harcèlement policier, judiciaire », a indiqué son entourage.
François Hollande a demandé la libération de journalistes emprisonnés et que tout soit fait pour retrouver les responsables de la mort du militant des droits de l’homme congolais Floribert Chebeya, assassiné en juin 2010.
Le président français a également rencontré cinq personnalités issues de quatre groupes parlementaires d’opposition de l’Assemblée nationale congolaise, « qui lui ont demandé un renforcement de la démocratie et des libertés en RDC ».
Des élections locales, prévues l’an prochain, serviront de test à cet égard.
François Hollande et Joseph Kabila ont évoqué la situation dans l’Est de la RDC, où des combats transfrontaliers provoquent d’importants déplacements de population.
Le président français a demandé le renforcement de la mission de la force de l’Onu présente dans le pays, la Monusco (Mission des Nations unies en République démocratique du Congo).