L’Eglise Catholique du Rwanda, as-tu démissionné ?

« Le Dieu du Rwanda passe la journée ailleurs et vient dormir au Rwanda » dit un dicton rwandais.  A partir de  1994, certains Rwandais se demandent,  cependant, si ce « Dieu » n’a pas  définitivement abandonné le Rwanda, ne cherchant plus à y passer sa journée ni à y dormir !

L’Eglise catholique  est  majoritaire  au Rwanda depuis son implantation en 1900  par les Pères Blancs du Cardinal Lavigerie,  archevêque d’Alger et de Carthage. Dans l’histoire du Rwanda, cette Eglise a connu des hauts et des bas,  des moments  glorieux mais aussi des périodes sombres.  Pour ces dernières, on  retiendra entre autre  ses trois évêques tués à Kabgayi,  le même jour, par les  militaires du pouvoir rwandais actuel, accusant cette Eglise, à tort ou à raison, d’avoir participé au génocide.

En revanche, pendant le génocide et d’autres massacres de masse, l’Eglise Catholique a perdu un grand nombre de son clergé et  de ses fidèles. D’autres  ont à leur tour  participé aux  tueries sans pour autant  déterminer, jusqu’à présent,  la responsabilité de l’Eglise de manière générale et officielle. Cela vaut en principe pour toutes les confessions qui étaient recensées au Rwanda à cette époque.

L’Eglise Catholique repliée sur elle-même ?

Après le génocide et d’autres massacres de masses, la société rwandaise n’est pas totalement sortie du tunnel.  Le pouvoir actuel essaie par tout moyen de convaincre le monde entier par un discours élogieux, présentant le Rwanda comme un paradis terrestre.

Or, ce discours cache incontestablement une certaine misère qui exacerbe une  partie de la population. Ce discours cache  une économie à deux vitesses : les riches s’enrichissent davantage et les pauvres s’enfoncent plus que jamais dans la pauvreté.  Cette angélisation de la situation dissimule une injustice ressentie et vécue par une catégorie de Rwandais ayant perdu leurs proches sans avoir obtenu une justice équitable (les habitants de l’ancienne commune Giti entre autres).

Sans vouloir tomber dans la décrédibilisation ou la sousestimation aveugle de toutes les réalisations  du pourvoir en place, je voudrais simplement souligner que tout n’est pas parfait comme certains font semblant de le faire croire.

Qui ne peut s’indigner contre les cadavres retrouvés il y a quelques mois dans le lac Rweru  ou alors les cadavres retrouvés aux alentours de la prison centrale de Kigali ?  Qui ne peut s’inquiéter du manque de liberté d’expression  déjà dénoncé par les organisations des droits humains ?

L’Eglise catholique rwandaise, majoritaire, ne fait pas entendre sa voix pour condamner de tels actes. Qui ne dit mot consent, dit-on en français. Est-ce pour dire que l’Eglise cautionne de tels actes ? Invraisemblables !

Autant l’Eglise catholique attend beaucoup de ses fidèles rwandais (le denier, l’adhésion aux principes de l’Eglise, etc..),  autant ces derniers attendent beaucoup de l’Eglise. Cette dernière devrait être leur porte-parole, la voix des « sans-voix » sans forcément se mêler de la politique.  L’Eglise Catholique ne devrait pas avoir  peur de dire la vérité ou de dénoncer le mensonge d’où qu’il vienne. C’est cela sa mission.

Peut-on alors penser que la démission de l’Eglise Catholique aux vraies questions de sociétés profite aux autres confessions et sectes qui ne cessent de naître et d’attirer un grand nombre de fidèles ? L’Eglise Catholique s’en rend-elle compte ? L’épiscopat est bien sûr en première ligne de mire en tant qu’hiérarchie  supérieure locale.

Tu es notre Eglise mais nous sommes inquiets !

 Faustin Kabanza