Masisi : La reprise des affrontements entre les FARDC et le M23 malgré les pourparlers de paix à Luanda

Le 21 août 2024, des informations provenant de la région de Masisi, dans la province du Nord-Kivu, en République Démocratique du Congo (RDC), confirment la reprise des affrontements entre les forces armées congolaises (FARDC), soutenues par les milices Wazalendo, et le groupe rebelle M23. Ces combats surviennent alors que des pourparlers de paix sont en cours à Luanda, sous l’égide du président angolais João Lourenço, dans le but de parvenir à un accord de paix durable entre la RDC et le Rwanda.

Les hostilités ont éclaté aux premières heures de la journée du mercredi 21 août, après une période de calme relatif imposée par des pressions internationales, en particulier des États-Unis. Un membre de la société civile de Masisi, qui a préféré garder l’anonymat, a indiqué que les combats se sont concentrés dans les montagnes entourant le centre de Bihambwe. Il a ajouté que bien que les tirs aient diminué dans la matinée, il est difficile de déterminer avec précision quel groupe a déclenché les hostilités.

Le colonel Willy Ngoma, porte-parole du M23, a nié toute responsabilité dans l’attaque, affirmant que son groupe ne fait que se défendre contre les attaques régulières des FARDC. Selon lui, « les FARDC attaquent nos positions presque quotidiennement… Ils tirent sur des zones civiles pour semer la terreur parmi la population, et nous n’avons d’autre choix que de riposter pour protéger les civils. »

La ministre des Affaires étrangères de la RDC, Thérèse Kayikwamba, avait pourtant déclaré la semaine précédente que la situation s’améliorait grâce au respect relatif du cessez-le-feu, ajoutant que cela ouvrait la voie à la résolution des problèmes sous-jacents du conflit. Cependant, les récents combats remettent en question l’efficacité et la sincérité des négociations en cours à Luanda, qui rassemblent des représentants du Rwanda et de la RDC, avec le soutien d’Angola.

Le président João Lourenço, qui a joué un rôle central dans la médiation, avait présenté un « plan complet pour une paix durable » aux présidents Félix Tshisekedi de la RDC et Paul Kagame du Rwanda. Bien que ce plan ait été salué par la communauté internationale, la réalité sur le terrain semble indiquer une divergence entre les intentions affichées lors des pourparlers et les actions militaires.

Les analystes des Grands Lacs affirment que le M23 reçoit des directives de Kigali, soulignant des similitudes troublantes entre la stratégie actuelle et celle utilisée par le Front Patriotique Rwandais (FPR) lors du conflit de 1990-1994 au Rwanda. Cette stratégie, souvent qualifiée de « Fight and talk », combine des phases de négociations et des offensives militaires pour renforcer les positions du groupe et préparer de futures attaques. Des sources indiquent que le Rwanda pourrait être en train de préparer une offensive majeure, ce qui est renforcé par l’augmentation du recrutement militaire et la mobilisation de la réserve au Rwanda.

Ces événements interviennent dans un contexte où le président Paul Kagame, lors de son investiture pour un quatrième mandat en présence de plus de 20 chefs d’État africains, a orchestré une démonstration de force militaire qui semblait adresser un message clair à la RDC. Son discours a refusé de confirmer ou de nier la présence de troupes rwandaises en RDC, comme le rapportent des experts de l’ONU.

Face à cette situation complexe et instable, il est difficile de prévoir l’issue des pourparlers de Luanda et de déterminer si ces négociations peuvent réellement conduire à la paix ou s’il ne s’agit que d’une manœuvre dilatoire permettant aux parties de préparer de nouvelles offensives. La population civile, quant à elle, continue de payer le prix de ces affrontements incessants, tandis que la région reste suspendue à un fragile espoir de paix.