Rwanda : La liberté d’expression encore mise en mal – une autre victime de trop.

Rwamiheto Jotham

Jusqu’il y a deux semaines, personne n’avait jamais entendu parler de son nom. En seulement moins de deux semaines, sa vidéo très critique envers les programmes et le gouvernement rwandais, a battu tous les records au Rwanda et a enregistré plus de 200 000 visionnements. On ne parle que d’elle sur tous les médias sociaux rwandais et la presse internationale commence aussi à parler d’elle. Il s’agit d’une jeune femme de 42 ans, mère de 4 enfants; mais une femme pas comme les autres et son nom, elle s’appelle : Yvonne Idamange Iryamugwiza.

Tout a commencé le 31 janvier 2021 avec une publication de sa première vidéo qui a duré un peu plus d’une heure. Dans cette vidéo, elle fait des critiques très sévères au Président Paul Kagame et au Gouvernement Rwandais; un terrain sur lequel peut de rwandais osent s’aventurer craignant un emprisonnement, une disparition ou même une élimination tout court.

Depuis la parution de sa première vidéo, Mme Yvonne Idamange Iryamugwiza a été l’objet des attaques de certains hommes politiques au pouvoir au Rwanda, et de la presse proche du régime de Kigali. Mais comme si cela ne suffisait pas, Mme Yvonne Idamange Iryamugwiza dit ne pas être capable de se taire face aux injustices que subissent le peuple rwandais. Le 16 février 2021, elle va diffuser une autre vidéo, toujours en langue Kinyarwanda, mais cette fois-ci, plus virulente que la première et appelant tous les rwandais à faire une marche de protestation vers le village présidentiel Urugwiro pour réclamer, leurs droits, dit-elle.

Juste après la diffusion de cette vidéo du 16 février 2021, la police rwandaise a fait un raid au domicile de Mme Yvonne Idamange Iryamugwiza où elle a été brutalement arrêtée et amené à la police.

Son arrestation nous rappelle celle d’un jeune chanteur et artiste rwandais Kizito Mihigo qui a été arrêté la même période l’année passée 2020 et qui par coïncidence sa mort dans une cellule de la police a été rapporté exactement la même date le 16 février 2020, la même date à laquelle Mme Yvonne Idamange Iryamugwiza est arrêtée par la police rwandaise.

La communauté rwandaise, les organisations de défense des droits de l’homme et la communauté internationale sont inquiets que Mme Yvonne Idamange Iryamugwiza ne subisse le même sort que celui de Kizito Mihigo, tous deux survivants du génocide rwandais contre les Tutsis et curieusement victimes du même régime qui prétend avoir stoppé le génocide et sauvé les survivants.

Auteur de cet article :

Jotham Rwamiheto
Montréal, Canada
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