Par Erasme Rugemintwaza
« Nos vies ont autant de valeur que celles des Belges et des Américains. »
Telles sont quelques-unes des déclarations du président Paul Kagame, qui a fermement condamné l’attitude des superpuissances et de quelques organisations puissantes, qui font constamment pression sur le Rwanda pour qu’il libère Paul Rusesabagina.
Paul Kagame a fait ces remarques alors qu’il était assis à Kigali, où, ce mardi 12 octobre 2021, il a assisté à la réunion annuelle du Forum Global sur la Sécurité, qui s’est tenue à Doha, au Qatar.
Lors de cette réunion, le chef de l’État s’est entretenu avec Steven Craig Clemons, journaliste travaillant pour The Hill, l’un des principaux journaux des États-Unis. Le journaliste a demandé au Président ce qu’il avait à dire sur les personnes qui réclament depuis longtemps la libération de Paul Rusesabagina. Le journaliste a tenu à souligner que d’aucuns disent que ce qui est arrivé à l’homme qui est devenu célèbre suite au film « Hotel Rwanda » était une rivalité personnelle entre les « deux Paul », Paul Kagame et Paul Rusesabagina.
Le président Paul Kagame a répondu en disant que le cas de Paul Rusesabagina est transparent et que ceux qui demandent sa libération devraient être conscients que la vie des Rwandais est aussi importante que celle des Belges et des Américains.
Le président Kagame a dit qu’il symphatise avec ceux qui ne comprennent pas avec innocence cette histoire et veulent vraiment en tirer des leçons ; mais qu’il y a beaucoup d’autres personnes qui ne sont pas intéressées à comprendre la question, sauf pour dire et montrer que Rusesabagina mérite d’être libéré. Il dit lapidairement que cette histoire illustre ce qui se passe dans ce monde, difficile à comprendre mais qui arrive tout de même.
L’histoire de Rusesabagina, a déclaré Kagame, a deux faces, dont l’une est basée sur le film « Hotel Rwanda ». Le film, qui selon Kagame, semble d’ailleurs raconter une histoire de fiction mais en fin de compte va transformer Rusesabagina, en héros du Rwanda.
Une autre face, a déclaré Kagame, a été construite sur la première parce que de nombreuses personnes avaient créé Rusesabagina basé sur le film en tant qu’homme miracle, et lui aussi, en s’appuyant sur sa célébrité, soit personnellement, soit sous l’instigation de ceux qui l’ont rendu célèbre, va créer et diriger un groupe armé qui a lancé une attaque contre le Rwanda. .
« Les factions changeaient de noms, se diviser en factions, mais il les soutenait au point de devenir le chef de l’une d’entre elles », declare Kagame. « Il avait l’habitude de se rendre dans la région des Grands Lacs africains, une fois en RDC, en Zambie et dans d’autres parties de la région. »
Le président Kagame a déclaré que Rusesabagina avait, certes, la nationalité belge et le droit de résider aux États-Unis. « Des groupes armés qu’il a soutenus, parrainés, ont souvent mené des attaques dans notre pays depuis le Burundi et depuis la RDC. Ici [Rusesabagina] a donné des preuves, il y en a, il ne le nie pas. »
Paul Kagame a déclaré que ceux qui soutiennent Rusesabagina, n’ont jamais trouvé aucune preuve pour démontrer que la manière dont le Rwanda avait utilisé pour l’arrêter, est illégal. « Ils n’ont pas trouvé les preuves pour prouver que le moyen d’amener Rusesabagina au Rwanda est illégal », a-t-il déclaré
Le président Kagame a déclaré qu’il y avait d’autres co-accusés de Rusesabagina, qui ont témoigné les uns contre les autres, mais en particulier tous les 20 ont accusé Rusesabagina. « Les gens qui l’ont rendu célèbre font de leur mieux pour le faire libérer, indépendamment de son innocence, de ses actes ou de ce que disent ses co-accusés. »
Le président Kagame a déclaré qu’il lui semblait que les « grands » se disent qu’il mérite d’être libéré car tout simplement il est citoyen belge et a le droit de résidence aux États-Unis. Ici, le président a expliqué que dans la poursuite de Rusesabagina, les États-Unis et la Belgique sont les deux pays qui ont collaboré pour pour trouber les preuves des allégations portées contre lui. « Depuis longtemps, nous échangeons des informations avec les deux pays, la justice belge et celle des États-Unis, et nous leur fournissons à chacun des preuves, depuis près d’une décennie. Ils ne peuvent pas dire qu’ils ne savent pas, mais c’est comme s’ils disaient de tout arrêter, de tout oublier, nous voulons que cet homme soit libéré. »
« Ces organisations, ces pays sont puissants mais je pense que nous devons veiller à la sécurité de notre peuple et nous le ferons légalement et de manière transparente, puis ils continueront à parler de l’histoire du film; mais quand il s’agit de nos vies, nos des vies en valent la peine que cela l’est pour les Belges et les Américains », pursuit Kagame.
Dans l’interview, Paul Kagame a déclaré que toutes les critiques du Rwanda sont basées sur le fait que Rwanda a pu faire quelque chose, et s’est demandé ce qui en serait si le pays n’avait pas fait de progrès. « Si nous n’avions fait aucun progrès, si nous n’avions rien accompli, sur quoi nos détracteurs se seraient-ils appuyés aujourd’hui ? Nous pouvons être critiqués pour avoir realisé des progrès, et peut-être pour ne pas rester les bras croisés. »
Le président Kagame a déclaré que les Rwandais eux-mêmes répondent aux critiques contre le Rwanda, et que ces personnes le voient et lisent.
En conclusion, on peut dire que ce qui est clair dans cette interview, c’est que Kagame n’a rien dit de nouveau de ce qu’il a toujours défendu depuis qu’il a enlevé Rusesabagina. Kagame a comme toujours pretendu que l’arrestation de Rusesabagina est légale et que la communauté internationale n’a pas pu prouver le contraire. En un mot, une interview décousue non convaincante dont l’objectif n’est pas de convaincre mais plutôt de faire le culte de son égo et de vilipender les superpuissances!
Ma lecture des déclarations de Kagame:
Une observation luminaire: Kagame est tout sauf un menteur même si pour saupoudrer ses dires, il se contredit. Il ne nie jamais ses méfaits. Il dit haut et fort ce qu’il pense, ce qu’il a fait et ce qu’il va faire.
Bref, il aimer lancer un défi à tous ceux qui le critiquent
Exemple: sur l’attentat mortel contre l’avion du Président Habyarimana, Kagame re connu maintes fois publiquement son méfait. Ses aveux sont sans équivoque. Il en est des massacres de masse contre les Hutu et Tutsi de second rang ou de nom en ex-Zaïre.
Par ses aveux publics Kagame a dit et dit: j’ai commis des crimes contre les Hutu, des millions de Hutu sont morts et alors?
Concernant l’Affaire Rusesabagina, devant des millions de Rwandais, Kagame a reconnu qu’il a kidnappé Rusesabagina.Il a même averti Père Nahimana Thomas, Ndagijimana JMVet autres qu’ils subiront le même sort que Rusasabagina.
Son ministre de la justice Busingye Johnston, dans un premier temps, il a nié et partant contredit les aveux publics de son patron. Mais face aux questions précises d’un journaliste, il s’est rappelé qu’il est juriste, professeur des universités et ministre de la justice et avocat général. Il a lors avoué que sur ordre de Kagame, le RIB (police politique du régime composé d’escadrons de la mort qui sèment la mort et la terreur sur l’ensemble du Rwanda) a enlevé Rusesabagina. Thierry Murangira, porte-parole du RIB a également reconnu que Rusesabagina a été enlevé et avec l’aide de certains Etats qui, au demeurant on remercié Kagame pour ses exploits (funestes)
Au vu des faits pris dans leur ensemble, Kagame et son ministre de la justice ont reconnu avoir enlevé Rusesabagina. En droit interne rwandais, le kidnapping d’une personne contre sa volonté, peu importe ce qu’il a fait, est constitutif d’un crime lourdement punissable. Toute accusation contre Rusesabagina postérieurement à son enlèvement est entachée d’illégalité flagrante. Il s’ensuit que Rusesabagina est séquestré par Kagame. Par sa résolution, le Parlement Européen demande à Kagame de libérer immédiatement Rusesabagina. En somme, il demande à Kagame corriger son méfait. Celui-ci s’en moque éperdument. Il leur a dit, j’ai kidnappé et condamné Rusasabagina. Je fais ce que je veux. Et alors.
Kagame lance un défi au Parlementaires européens. La question est de savoir si Kagame persiste dans le mépris à l’égard de ses sponsors et protecteurs, l’Union Européenne passera à la phase deux, celle de sanctions contre Kagame et autres, auteurs du kidnapping de Rusesabagina. Attendons pour voir la suite.