Par Erasme Rugemintwaza
Les portes des prisons du Rwanda sont grandement ouvertes á toute voix dissonante aux oreilles de Kagame, à toute personne qui ose critiquer le régime de Kigali. Ceci semble, plus que jamais, la voie inexorable que le régime autoritaire a déjà prise. Tout le monde le voit, tout le monde le sait mais certaines puissances, principalement la France, se taisent. Et chaque jour fait son lot!
C’est un secret de polichinelle, que de dire qu’à Kigali, parler de la politique de Kagame sans permission de ces lieutenants qui ont érigés des lignes rouges qui encadre ce régime militaire et minoritaire Tutsi, c’est se précipiter dans la guelle du lion. Ce 14 octobre 2021, les autorités rwandaises ont arrêté six personnes, dont un journaliste et des membres d’un parti d’opposition accusés d’avoir publié des rumeurs visant à déclencher un «soulèvement».
Selon l’annonce du Bureau Rwandais d’Investigation (RIB), il y a eu arrestation d’au moins six personnes parmi lesquelles des opposants politiques ainsi que le journaliste Théoneste Nsengimana, propriétaire d’une chaîne sur YouTube, Umubavu TV, qui diffuse souvent des contenus critiques à l’égard du gouvernement de Kigali.
«Ils sont accusés de publication de rumeurs destinées à provoquer un soulèvement ou des troubles au sein de la population », a déclaré Thierry Murangira, porte-parole du Bureau Rwandais d’Investigation (RIB). « Ils ont des points communs, ils constituent un groupe organisé ayant l’intention de diffuser des rumeurs destinées à provoquer un soulèvement ou des troubles au sein de la population en utilisant différentes plateformes de médias sociaux.»
Parmi les autres personnes arrêtées figurent des membres et des partisans de la dirigeante de l’opposition Victoire Ingabire. « Des membres de DALFA-Umurinzi ont de nouveau été arrêtés : Nous demandons à RIB de veiller à ce que leurs droits soient respectés. Nous n’avons pas encore été informée des raisons de leur arrestation », a déclaré Victoire Ingabire sur Tweeter.
En rappel, Ingabire est revenue d’exil en 2010 pour se présenter dans les élections présidentielles contre l’actuel président Paul Kagame, mais a été arrêtée et emprisonnée pendant huit ans pour enfin être graciée en 2018, par la présidence avant d’expurger 15 ans de prison ferme comme sentence des charges d’accusations dont le terrorisme.
Mardi, M. Nsengimana avait publié sur sa chaîne YouTube Madame Mireille Abewe dite Mimi Kagabo exhortant les gens à célébrer la « journée Ingabire », jeudi le 14 October 2021, en l’honneur des figures de l’opposition qui ont été emprisonnées, enlevées et tuées. Les autorités rwandaises ont pris des mesures de répression à l’encontre des chaînes YouTube critiques, notamment celle de l’ancien professeur d’université, Tutsi rescapé du génocide, Aimable Karasira, qui a été arrêté en juin 2021 et accusé de nier le génocide contre les Tutsis de 1994. Cet armageddon contre les YouTubeurs a été publiquement annoncé par le Chef de la Diplomatie rwandaise Vincent BIRUTA.
Dans un communiqué, le député français Sébastien NADOT a déploré cette énième campagne de « répression contre l’opposition démocratique rwandaise » et a demandé en conclusion, au président Macron de « s’adresser en urgence à son ‘ami Paul’ « . Sur son compte tweeter, NADOT écrit: « Pendant que l’on s’égaie et s’égare au sommet France-Afrique à Montpellier, la répression politique fair rage à Kigali contre les proches de l’opposante Victoire Ingabire Umuhoza. Si le Président Macron est un défenseur de la démocratie, qu’il s’adresse d’urgence à son ‘ami Paul ». Et voici le Communiqué de presse que Sébastien NADOT livre:
#Rwanda
Pendant qu’on s’égaie et s’égare au sommet #France #Afrique à #Montpellier la répression politique fait rage à #Kigali contre les proches de l’opposante @VictoireUmuhoza
Si le Président #Macron est un défenseur de la démocratie, qu’il s’adresse d’urgence à son "ami Paul" pic.twitter.com/5cUpx3etLM— NADOT (@Sebastien_Nadot) October 14, 2021
-Qui sont les arrêtés?-
Le porte-parole de RIB n’a pas immédiatement indiqué l’article qui serait à la base de l’arrestation du journaliste mais a déclaré qu’ils ont été arrêtés après une longue investigation. Le RIB a déclaré que d’investigation visait à poursuivre les crimes commises sir internet. Et ceci fut la base de son arrestation.
Sur la liste des personnes arrêtées figure le nom de Sibomana Sylvain, ancien secrétaire général du parti non encore agréé de FDU, dirigé par Madame Ingabire Umuhoza Victoire, qui a récemment fondé un autre parti, DALFA Umurinzi
Sibomana Sylvain avait récemment été libéré après huit ans de prison pour incitation à l’agitation publique et atteinte au régime actuel.
Le RIB a déclaré que les détenus étaient détenus dans ses stations de Remera et de Kicukiro et qu’une enquête est en cours pour porter leur cas devant le parquet.
Ce n’est pas la première fois que le journaliste Nsengimana est arrêté, car il a été arrêté en avril 2020 pour fraude et libéré en mai de la même année après être acquitté.
La RIB récemment avertit, ou mieux menacé, les utilisations ses réseaux sociaux dont YouTube.
Cette arrestation est un signe avant-couleur d’une période difficile dans laquelle le Rwanda va entrer: la période des présidentielles de 2024. Dans les rangs du FPR-Inkotanyi c’est la paranoïa qui règne. Et ceci est un moment propice pour l’opposition de le talonner. A bon entendeur, salut!