Le rapport de l’Auditeur Général de 2023 révèle une situation inquiétante pour les secteurs de la santé et de l’éducation au Rwanda. Publié en juin 2023, ce document pointe des défaillances profondes et persistantes qui minent le développement des infrastructures et la qualité des services publics, particulièrement dans les domaines essentiels pour le bien-être des citoyens rwandais.
Un secteur de la santé à l’abandon
Le rapport met en lumière l’état alarmant des infrastructures de santé à travers le pays. Selon l’Auditeur Général, 134 postes de santé sont inopérants, faute de personnel infirmier. De plus, 126 autres sont partiellement fonctionnels, une situation qui compromet gravement l’accès des Rwandais à des soins de santé de base.
Par ailleurs, l’approvisionnement en médicaments, essentiel pour un fonctionnement efficace de ces établissements, est extrêmement déficient. Le rapport révèle que le restockage des médicaments prend en moyenne 282 jours. Cette lenteur met en péril la santé des patients et soulève de graves questions sur la gestion des ressources publiques. De surcroît, 97 postes de santé ne disposent ni d’eau potable ni d’infrastructures sanitaires adéquates, exacerbant les risques pour la santé publique dans des zones déjà vulnérables.
Une éducation en crise
Le secteur de l’éducation n’échappe pas non plus aux défaillances mises en lumière par le rapport. 394 écoles souffrent de surpopulation, avec un nombre d’élèves dépassant de 10 à 98 le seuil recommandé de 46 élèves par classe. Cette situation engendre des conditions d’apprentissage difficiles, et nuit gravement à la qualité de l’enseignement dispensé.
À cela s’ajoute une pénurie dramatique de manuels scolaires, obligeant entre 5 et 48 élèves à partager un seul livre. Le manque de ressources pédagogiques compromet directement l’apprentissage des jeunes générations. En outre, la distribution des manuels scolaires est particulièrement lente, prenant entre 286 et 971 jours pour atteindre les écoles concernées. Ce délai illustre un échec criant dans la gestion et la planification des besoins éducatifs.
Un appel à la révision des priorités
Ces lacunes graves ne passent pas inaperçues. David Himbara, ancien conseiller du Président Kagame, a vivement réagi à ce rapport en publiant sur son compte X : « Mettez les stades de côté – investissez dans la vie des Rwandais ». Ce commentaire fait référence aux investissements massifs dans des infrastructures non essentielles comme les stades, tandis que des secteurs vitaux tels que la santé et l’éducation demeurent négligés.
Le contraste entre les réalisations infrastructurelles visibles, souvent mises en avant par le régime rwandais, et la réalité quotidienne des citoyens devient de plus en plus frappant. Alors que le gouvernement se félicite de projets spectaculaires, les services publics les plus élémentaires sont à l’abandon, comme en témoignent les conclusions accablantes de ce rapport.
Une responsabilité gouvernementale engagée
Le rapport de l’Auditeur Général ne se contente pas d’épingler les dysfonctionnements ; il met en cause de manière implicite la responsabilité du gouvernement et du Président Kagame dans la gestion de ces secteurs stratégiques. Le manque d’investissements dans des infrastructures de santé et d’éducation de qualité est un échec manifeste des politiques publiques en place. Il est légitime de se demander si les priorités de l’État rwandais sont véritablement alignées sur les besoins essentiels de sa population.
L’heure est à la remise en question. Le rapport 2023 de l’Auditeur Général jette une lumière crue sur les défis auxquels fait face le Rwanda. Sans une réorientation claire des investissements et une prise en charge sérieuse de ces lacunes structurelles, le développement du pays pourrait être gravement compromis, affectant les générations futures.
Le lien vers le rapport complet est disponible ici : Rapport Annuel Auditeur Général, Juin 2023.