Le 6 Septembre 2024, Germain Musonera, un proche du Front Patriotique Rwandais (FPR-Inkotanyi) et ancien candidat à la députation, a comparu devant le tribunal de Kiyumba, dans l’ancienne commune de Nyabikenke, pour répondre à des accusations de participation au génocide de 1994. Musonera, qui devait être assermenté comme député au lendemain de son arrestation, a rejeté toutes les accusations portées contre lui, demandant à être jugé en liberté.
Le ministère public accuse Germain Musonera d’avoir contribué à la mort de Jean Marie Vianney Kayihura, un homme qui fuyait Kigali pour échapper aux massacres. Kayihura aurait cherché refuge dans un bar appartenant à Musonera, où ce dernier aurait alerté des miliciens incitant ainsi à sa capture et à son exécution.
Le procureur soutient que Musonera, à l’époque responsable de la jeunesse dans la commune de Nyabikenke, n’a pas usé de son pouvoir ni de son arme à feu pour protéger Kayihura, malgré ses responsabilités et les moyens dont il disposait. L’accusation va plus loin en affirmant que Kayihura aurait été capturé par un groupe armé et amené devant Musonera avant d’être tué, laissant entendre que Musonera aurait validé ou facilité son exécution.
Lors de l’audience, Musonera, vêtu d’une tenue de sport, s’est exprimé calmement, niant fermement toute implication dans la mort de Kayihura. Il a déclaré qu’il n’avait jamais possédé d’armes, sauf brièvement pour une nuit, avant de remettre l’arme à un autre responsable de la commune. Il a également rejeté les accusations selon lesquelles il aurait occupé un rôle influent au sein de la commune, précisant qu’il n’était pas un dirigeant de la jeunesse et qu’il militait dans le parti MDR, alors en opposition.
Musonera a également soulevé la question de la temporalité des accusations. Après avoir passé près de 30 ans au Rwanda, assumant des postes de haut niveau, notamment au sein du bureau du Premier ministre, il a affirmé qu’il n’aurait pas été nommé à de telles fonctions s’il avait eu quelque chose à se reprocher. Il a rappelé que toutes les nominations sont précédées d’enquêtes approfondies et a évoqué plusieurs missions à l’étranger en tant que représentant de l’État rwandais, soulignant qu’il n’aurait jamais quitté ni réintégré le pays s’il avait été coupable de quoi que ce soit.
L’avocat de Musonera, Janvier Ndaruhutse, a quant à lui plaidé pour la remise en liberté de son client, arguant qu’aucune preuve solide ne justifie les accusations portées contre lui. Il a également souligné que la confiance que le gouvernement et le FPR-Inkotanyi lui ont accordée à travers des postes à haute responsabilité témoigne de son intégrité et de l’absence de toute implication dans les crimes de 1994.
En juillet 1994, Germain Musonera avait déjà été arrêté pour suspicion de participation au génocide, mais avait été relâché faute de preuves. Plus tard, il avait de nouveau été emprisonné, cette fois pour possession d’armes et pour avoir été vu à des barrières lors des massacres. Toutefois, après 304 jours de détention, il avait été libéré sans inculpation. Son passé judiciaire, désormais réévalué, soulève des questions sur la réouverture de ce dossier à un moment où il s’apprêtait à occuper une nouvelle fonction politique.
Son arrestation, survenue à la veille de sa prestation de serment en tant que député, a provoqué un vif débat. Bien que le FPR-Inkotanyi ait retiré son nom de la liste des candidats à la dernière minute, sans fournir d’explication immédiate, l’Office rwandais d’investigation(RIB) a depuis confirmé que Musonera est désormais accusé de participation au génocide de 1994.