Au nom du prêtre, l’édifice s’écroulera-t-il ?

Par Kami Cecil

Depuis quelques semaines, sur la toile, l’on assiste à un foisonnement d’articles et de messages questionnant ou dénigrant la démarche politique d’un dirigeant de l’opposition politique rwandaise. Il est actuellement de bon ton de tirer à boulets rouges sur le père Thomas Nahimana, patron de Ishema Party et président auto-proclamé d’un gouvernement « rwandais » en exil. Que lui reproche-t-on au juste au padiri ? Qu’il serait en train d’essayer de dynamiter l’opposition rwandaise ; Qu’il a eu l’outrecuidance de nommer dans son gouvernement des personnalités de son choix sans l’accord de leurs partis politiques, Qu’il ferait le jeu du régime de Kigali qu’il affirme pourtant combattre ; bref, Thomas Nahimana serait un… vendu !

Petit rappel : l’abbé Nahimana c’est ce défroqué qui a rendu au Vatican ce qui est au Vatican pour, n’a-t-il pas cessé d’expliquer, se consacrer pleinement à la res publica. De la France où il a posé ses pénates, il commença par parfaire ses connaissances en droit avant de lancer ses groupes ou clubs de Abataripfana, « ceux qui ne taisent jamais la vérité ». D’émissions radio en articles sur son blog très contesté (http://leprophete.fr/), il vilipenda le régime en place au Rwanda et finit par se faire une réputation de tribun ainsi qu’une place dans ce que lui-même appelle souvent « la nouvelle génération » d’opposants politiques. Contre quelle vieille garde ? Cette question mérite aussi qu’on s’y arrête un jour.

Alors qu’on le croyait confortable dans son nouveau rôle, le prêtre entreprit de surprendre l’opinion en annonçant sa candidature à l’élection présidentielle qui se tient en août de cette année aux « Mille collines ». Ce qui avait toutes les allures d’un bluff se concrétisa par deux fois lorsque, muni d’un passeport est-africain, l’abbé Nahimana embarqua sur un vol pour Kigali. Il sera dictatorialement stoppé en mi-chemin et décida alors d’entamer une radicalisation en forme de constitution d’un gouvernement en exil. C’est là qu’il irrita la sensibilité de ses compagnons d’infortune qui, depuis, ne cessent de le traiter en malpropre, sinon en Judas.

Quoi donc ? Qu’a-t-il enfreint comme loi ou principe politique pour mériter un anathème quasi général ? L’on peut tout à fait être d’accord ou pas avec sa démarche, mais cela n’octroie à personne le droit de lui jeter pareil opprobre. Il a cité les noms de Victoire Ingabire et Déo Mushayidi dans son gouvernement ? Bourde politique, mais pas de quoi en faire toute une cabale ! Doit-on passer en revue tous les coups bas et autres rendez-vous manqués dont est comptable l’opposition rwandaise à ce jour ? Pareil inventaire ne couvrirait de gloire aucune formation politique ; il concourait par contre à miner l’opposition, crime dont est fortement accusé le numéro un d’Ishema Party.

Les calculs et autres effets d’annonce de ce parti ne peuvent – tout le monde en est conscient – régler la foultitude des problèmes qui accablent nos concitoyens. La musculation en forme de voyages ou une présidence virtuelle ne peuvent ébranler l’édifice Fpr. C’est un fait. Le prêtre a au moins le mérite de proposer et d’essayer d’être conséquent avec lui-même. Caton l’ancien ne disait-il pas que « La vie humaine est comme le fer, elle s’use dans la pratique et se rouille dans l’inaction » ? et si les détracteurs du padiri s’estiment irréprochables, ils feraient mieux de méditer cette phrase d’Edmund Burke disant « Pour triompher, le mal n’a besoin que de l’inaction des gens de bien ».