RDC: le M23 déploie des « hommes de paille » congolais à Kiwanja

Au cœur de la République Démocratique du Congo, un écho historique résonne avec la montée en puissance du M23, rappelant les manœuvres stratégiques employées par le Front Patriotique Rwandais (FPR) dans les années 1990. À l’instar du FPR, le M23 déploie des « hommes de paille » congolais, stratégie visant à universaliser sa cause et à masquer les soutiens extérieurs qui alimentent ses ambitions.

Le M23, historiquement soutenu par le Rwanda à travers des moyens militaires, diplomatiques, et financiers, a longtemps affirmé protéger les Tutsis parlant Kinyarwanda dans la région du Kivu. Cependant, récemment, le mouvement a révélé des objectifs plus étendus, incluant une marche vers Kinshasa, tout en élargissant son recrutement au-delà des frontières ethniques et régionales du Kivu.

Cette évolution a été mise en lumière le 28 mars 2024, lors d’un rassemblement à Kiwanja, orchestré par Corneille Naanga, désormais coordonnateur de l’Alliance Fleuve Congo. Cette manifestation a contraint des milliers de citoyens à suspendre leurs activités quotidiennes pour écouter les griefs exprimés contre le gouvernement de Kinshasa. Parmi les nouveaux visages présentés, Henri Magy, Adam Shalwe, et Yanick Tshishola, ce dernier ayant précédemment servi sous Richard Muyej, étaient notablement présents, vêtus d’uniformes militaires.

Le spectre de ces événements rappelle la méthode du FPR, qui avait intégré des Hutus dans ses rangs pour faciliter sa légitimation auprès de la communauté internationale, avant de les écarter une fois le pouvoir consolidé.

L’apparition d’Eraston Bahati à Kiwanja, vu pour la première fois depuis les pertes significatives du M23 à Kitshanga, souligne la persistance du mouvement malgré les revers. Pendant ce temps, la menace du M23, renforcée par son alliance avec le Rwanda, sur la ville de Goma et au-delà, soulève des inquiétudes croissantes. La société civile exprime sa frustration face à une trêve qui semble avantager les rebelles, leur permettant de se restructurer.

Le retour du Président Félix Tshisekedi à Kinshasa, après ses visites à Lomé (Togo) et Nouakchott (Mauritanie) dans le cadre de la présidence tournante de l’Union africaine, intervient dans un moment critique. Sa mission et sa position au sein de l’organisation continentale sont observées de près, tant sur le plan national qu’international, dans l’attente de réponses concrètes aux menaces qui pèsent sur la stabilité régionale.

Le M23, à travers l’engagement de figures congolaises diverses et la mise en avant de ses ambitions, semble reproduire une stratégie observée par le passé avec le FPR au Rwanda. Cette dynamique interroge sur les véritables intentions du mouvement et sur les équilibres de pouvoir à venir en RDC et dans la région.