Doutes sur l’adhérence du Rwanda à l’accord d’asile avec le Royaume-Uni exprimés par Victoire Ingabire Umuhoza

Kigali, Rwanda — La leader de l’opposition rwandaise, Victoire Ingabire Umuhoza, a exprimé ses réserves quant à la capacité de son gouvernement à respecter les termes de l’accord de déportation conclu avec le Premier ministre britannique Rishi Sunak. Selon ses déclarations au Guardian, le refus du gouvernement de Paul Kagame de lui permettre de se présenter aux élections ou de quitter le pays pour rendre visite à son mari malade, démontre une non-conformité aux lois internationales.

Mardi, elle a engagé une action en justice auprès de la Cour de justice de l’Afrique de l’Est, affirmant qu’elle devrait être autorisée à se présenter contre le président lors des élections générales de juillet.

Au Royaume-Uni, Sunak a progressé dans la mise en œuvre de plans pour le transfert forcé des demandeurs d’asile vers le Rwanda. Umuhoza souligne que sa persistance à rechercher justice dans les tribunaux régionaux illustre que quiconque est perçu comme un défi au gouvernement rwandais ne peut bénéficier d’une justice équitable au Rwanda.

Elle a porté son affaire devant le tribunal à Arusha, en Tanzanie, tentant de s’opposer à Kagame, président depuis 2010 et souvent accusé de diriger une dictature. Lors des dernières élections, il a remporté 98,8 % des voix.

Disqualifiée après avoir passé huit ans en prison suite à un procès que des groupes de défense des droits humains, dont Amnesty, ont qualifié de biaisé, Umuhoza a été reconnue coupable de collaboration avec une organisation terroriste et de « minimisation du génocide ».

La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples a constaté des violations de son droit à la liberté d’opinion et d’expression, ainsi qu’à la défense. Libérée en 2018 après avoir reçu une grâce de Kagame, elle a passé cinq de ses huit années de détention à l’isolement.

Elle demande à la cour de l’Afrique de l’Est d’annuler une décision de mars de la Cour suprême rwandaise qui a refusé sa candidature, sous prétexte que certaines conditions de sa libération en 2018 devaient encore être remplies.

Depuis 2010, elle n’a pas pu quitter le Rwanda pour voir son mari gravement malade aux Pays-Bas, ni ses enfants, malgré de multiples demandes. Le seul adversaire connu de Kagame lors de l’élection de juillet est le leader du parti Vert, Frank Habineza, qui avait obtenu 0,45 % des voix en 2017. Tous les autres partis d’opposition légalement enregistrés soutiennent le Front Patriotique Rwandais au pouvoir.

Plusieurs alliés d’Umuhoza ont disparu, incluant Iragena Illuminée, une infirmière disparue en route pour le travail, et Boniface Twagirimana, disparu alors qu’il était en prison.

Un document du ministère de l’Intérieur britannique publié lundi soir soulève de sérieuses questions sur la sécurité des politiciens d’opposition et des journalistes au Rwanda, quelques jours après que le pays ait été déclaré sûr par le parlement. Ce rapport met en lumière le « contrôle autoritaire fort » exercé par le régime.

Un porte-parole du gouvernement rwandais a déclaré que Victoire Ingabire n’est ni une leader de l’opposition ni une défenseuse de la démocratie, mais une criminelle impénitente condamnée pour avoir conspiré pour renverser le gouvernement en collusion avec des milices violentes basées en République Démocratique du Congo et pour avoir tenté de raviver les divisions ethniques au Rwanda.