RD Congo : le Cardinal Fridolin Ambongo visé par une enquête judiciaire

En République Démocratique du Congo, une polémique judiciaire a émergé suite à la décision de l’appareil judiciaire de poursuivre le Cardinal Fridolin Ambongo Besungu de Kinshasa, également président de la conférence des évêques d’Afrique et de Madagascar. Le samedi, le procureur général près la cour de cassation a officiellement demandé au procureur de la cour d’appel de Kinshasa d’ouvrir une enquête contre le Cardinal, selon une lettre obtenue par les médias locaux.

Le procureur Firmin Mvonde accuse le Cardinal Ambongo de « propagation de rumeurs et d’incitation à la rébellion contre l’État », en critiquant notamment la gestion du conflit armé dans l’est du Congo par le gouvernement. Il lui reproche également des « propos affaiblissants envers les forces armées de la RDC (FARDC) en opération ».

Cardinal Ambongo a exprimé publiquement son mécontentement face à la collaboration du gouvernement avec les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) et l’armement de groupes militants locaux, y compris les Wazalendo, soulignant les problèmes de sécurité à Goma. Ces déclarations ont divisé l’opinion publique sur les réseaux sociaux, où certains défendent le droit à la libre expression tandis que d’autres appellent à une responsabilité légale.

Dr Denis Mukwege, candidat récent à la présidence, a exprimé sa surprise et son inquiétude face à cette initiative judiciaire, la qualifiant de tentative de transformer la justice en un outil de l’autoritarisme. Il a souligné que les propos du Cardinal sont protégés par la liberté d’expression garantie par la constitution.

Noé Kalala et Roddy Nzem Asem, deux citoyens congolais, ont exprimé des opinions contrastées. Kalala insiste sur le respect des lois, tandis qu’Asem critique la sélectivité perçue de la justice. Mibenge Bagunda a affirmé que personne n’est au-dessus de la loi, mais a exprimé des réserves quant à l’impartialité de la justice congolaise.

En réponse, Martin Fayulu, opposant politique, a soutenu que l’attaque contre le Cardinal représente un abus du système judiciaire, visant à réprimer la dissidence et à maintenir l’autorité en place.

Le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a répondu que les commentaires du Cardinal exagèrent et reflètent les positions de ceux qui s’opposent au gouvernement, y compris certaines déclarations alignées avec le gouvernement rwandais, ce qui soulève des questions sur sa neutralité.

Le Cardinal Ambongo n’a pas encore commenté ces accusations, mais il a déjà souligné dans une interview que l’Église Catholique, y compris lui-même, choisit souvent de ne pas prendre parti afin de rester neutre face aux actions politiques, tout en reconnaissant que cela pourrait parfois favoriser les puissants au détriment des opprimés.

Cette affaire continue de susciter des réactions variées au sein de la société congolaise, reflétant les tensions entre l’État, l’Église et les libertés civiles dans un contexte de conflit prolongé et de troubles politiques.