La politique d’équilibre ethnique et régional au Rwanda : Intentions et Réalités

Bamara Prosper

Par Prosper Bamara

Dans le débat sur les politiques d’équilibre ethnique et régional, il est essentiel de comprendre les intentions et les impacts réels de ces stratégies. Au Rwanda, l’idée d’équilibre n’a pas été conçue dans le but de marginaliser les Tutsis. Si tel avait été le cas, la composante régionale aurait été éliminée dès le départ. Bien que cette politique n’ait pas atteint ses objectifs initiaux, elle n’était rien d’autre qu’une tentative de trouver des solutions aux problèmes complexes.

L’équilibre visait à partager les ressources limitées disponibles de manière équitable. Cette idée, en théorie, n’était pas mauvaise. Elle incluait des mesures telles que le comptage des étudiants dans les écoles selon leur ethnie pour assurer l’application des politiques gouvernementales, une pratique que je ne considère pas problématique en soi, car elle visait uniquement à respecter les quotas.

Cependant, des disparités notables existaient, comme des Tutsis qui perdaient des opportunités éducatives malgré de meilleurs résultats aux examens, et des enfants hutus également désavantagés en raison de leur origine régionale ou de leur pauvreté. Ces problèmes persistent encore aujourd’hui. Plus grave encore, les Tutsis étaient extrêmement sous-représentés dans les forces armées et la gendarmerie, un défaut qui aurait pu être corrigé sans recourir à la violence.

Les actions du ministre Joseph Karemera, qui favorisaient de manière disproportionnée les enfants revenant de l’Uganda par rapport aux autres enfants rwandais dans les admissions scolaires, sont particulièrement choquantes. Ces pratiques étaient bien plus discriminatoires que la politique d’équilibre mise en œuvre par le MRND. Karemera devrait être tenu de s’expliquer devant un tribunal ou le parlement pour que les Rwandais puissent comprendre les intérêts qu’il prétendait défendre.

Il est crucial que nous, en tant que société, examinions ces politiques sous un angle critique pour mieux comprendre leur impact et pour nous assurer que de telles injustices ne se reproduisent pas. La réconciliation et le progrès dans notre pays dépendent de notre capacité à apprendre de notre passé et à critiquer constructivement les actions de nos dirigeants, y compris celles du gouvernement actuel dirigé par le Président Kagame.