Le 27 septembre 2024, le Ministère de la Santé du Rwanda a confirmé la présence du virus Marburg dans le pays. Selon un communiqué publié le soir du vendredi 27 septembre, vingt cas ont été recensés, dont six décès. Le ministre de la Santé, Dr Sabin Nsanzimana, a également précisé que la majorité des cas concernaient le personnel soignant, en particulier dans les services de soins intensifs.
Des mesures de prévention ont été instaurées dans les hôpitaux et centres de santé, bien que le ministère ne précise pas les établissements concernés par l’épidémie. Les rumeurs sur les réseaux sociaux faisaient état de décès parmi le personnel médical ces derniers jours, rumeurs que le ministère a finalement confirmées.
Le virus Marburg, proche du virus Ebola selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), se transmet par contact direct avec le sang et les fluides corporels des personnes infectées. Les symptômes incluent une forte fièvre, des maux de tête sévères, des vomissements, et des douleurs musculaires ou abdominales. À ce jour, aucune transmission par voie aérienne n’a été constatée.
Un Système de Santé Mis à l’Épreuve
Le communiqué du ministère de la Santé souligne l’importance de la vigilance. Des efforts sont en cours pour identifier toutes les personnes qui ont été en contact avec les patients infectés. Cependant, le manque de transparence sur les détails des hôpitaux affectés soulève des interrogations sur la capacité du gouvernement à gérer cette crise de santé publique. Le manque de communication claire pourrait compromettre l’efficacité de la réponse sanitaire, laissant de nombreux citoyens dans l’incertitude quant aux mesures à prendre pour se protéger.
L’annonce du ministre de la Santé, Dr Sabin Nsanzimana, se veut rassurante. Il encourage la population à continuer ses activités habituelles et affirme que les mesures prises pour contrôler l’épidémie sont prometteuses. Pourtant, cette approche minimisante semble ignorer l’ampleur de la menace. Comparer cette épidémie à celle de la COVID-19 et la juger moins préoccupante pourrait réduire la vigilance nécessaire dans une telle situation, exposant ainsi davantage de personnes à des risques inutiles.
Une Épidémie Qui Frappe les Professionnels de Santé
Il est alarmant que la majorité des personnes touchées par cette épidémie soient des professionnels de la santé. Ceci reflète une préparation insuffisante dans les infrastructures médicales et des protocoles de protection inadéquats. Les travailleurs de la santé, qui devraient être les mieux protégés, sont exposés, ce qui en dit long sur la fragilité des moyens mis en œuvre pour lutter contre ce virus. Le gouvernement a une responsabilité majeure de garantir des conditions de travail sûres, particulièrement lors de telles crises.
Les autorités sanitaires ont annoncé avoir tracé environ 300 personnes ayant été en contact avec les infectés, toutes en cours de dépistage. Mais le manque de personnel formé pour gérer les crises sanitaires, associé à des infrastructures déjà surchargées, limite l’efficacité de ces efforts de traçage.
Le Soutien de l’OMS et la Réaction Internationale
L’OMS a annoncé un soutien matériel au Rwanda pour renforcer la lutte contre le virus, ainsi que l’envoi de sept experts spécialisés dans les épidémies. La question qui se pose est de savoir si ces mesures arrivent à temps pour contenir une épidémie qui semble déjà hors de contrôle dans certains établissements médicaux. En effet, des épidémies précédentes de virus Marburg, comme en Angola en 2005, ont montré la vitesse à laquelle ce virus peut se propager et les conséquences dévastatrices si des mesures adéquates ne sont pas prises immédiatement.
L’historique des épidémies de Marburg montre qu’elles sont souvent marquées par des taux de mortalité très élevés, et le Rwanda ne fait pas exception. En 2017, en Ouganda, trois cas ont tous été mortels. En Angola, en 2005, sur 374 personnes infectées, 329 sont décédées. Cette virulence nécessite une réponse rapide et rigoureuse, et pourtant, au Rwanda, les autorités semblent tarder à adopter des mesures concrètes et fermes.
L’Importance de la Prévention et la Nécessité d’une Communication Transparente
Le ministre Nsanzimana a souligné que la préparation aux épidémies fait partie des priorités du pays, mais la réalité semble indiquer le contraire. La gestion de la crise actuelle semble indiquer un manque de préparation et une réaction improvisée, plutôt qu’une réponse planifiée. La transparence et la communication sont essentielles pour éviter la propagation de la panique, mais également pour garantir que la population soit bien informée des mesures de prévention et de l’évolution de la situation.
Le gouvernement doit impérativement intensifier ses efforts pour sensibiliser le public sur les mesures de prévention. Ces mesures incluent un renforcement des règles d’hygiène et l’évitement des contacts directs avec des personnes présentant des symptômes. Cependant, la responsabilisation des citoyens n’est possible que si l’information leur est fournie de manière claire et cohérente.
L’épidémie de Marburg au Rwanda est un test critique pour le gouvernement et le système de santé. La réaction actuelle révèle des failles dans la gestion des crises sanitaires. Pour espérer contenir le virus et éviter une catastrophe humanitaire, il est impératif d’améliorer la protection des soignants, d’assurer une meilleure communication, et de s’assurer que chaque citoyen soit bien informé des risques et des mesures à prendre. La capacité du gouvernement à répondre efficacement déterminera l’ampleur des dommages causés par cette épidémie.