GENOCIDE RWANDAIS : Une commémoration qui suscite les controverses!

Le président rwandais Paul Kagame et la première dame Jeannette Kagame allument une flamme commémorative lors de la 27e commémoration du génocide de 1994 au Mémorial du génocide de Kigali, à Kigali, au Rwanda, le 7 avril 2021. Simon Wohlfahrt/AFP

Par Erasme Rugemintwaza

Du 7 au 13 avril chaque année, c’est devenu une culture, pas comme les autres, pour le Rwanda et la Communauté Internationale de faire un deuil pour la mémoire de plus d’un million de rwandais « majoritairement » Tutsis, tués dans une guerre civile pendant seulement 100 jours. Cette année-ci, c’est pour la 29ème fois, année après année, que le peuple rwandais ainsi que la communauté internationale replongent dans cette période de deuil, de débats discrets, de crispations, des sentiments et ressentiments passionnels, de conduite bienséante, en un mot de controverses qui suscitent l’attention. Je vous livre ici l’atmosphère qui enveloppe depuis belle lurette la commémoration du « génocide rwandais » et tente de dégager une panacée aux maux liés à cet état de chose. 

DU GENOCIDE RWANDAIS AU GENOCIDE TUTSI: UNE VOLONTE RADICALE POLITIQUE DE DISCRIMINATION ETHNIQUE 

Depuis la résolution 955 du 8 novembre 1994 du Conseil de Sécurité de l’ONU jusqu’à l’heure actuelle, la qualification des crimes qui ont été commis sur le territoire rwandais et les Etats voisins du 01 janvier au 31 décembre 1994, et qui sont à la base de la création du Tribunal Pénal International pour le Rwandais (TPIR) et par là la consécration du terme génocide, nourrit les débats acharnés et crée même une espèce de division manichéenne dans la communauté. 

Si on lit attentivement tous les textes fondateurs du TPIR, on ne peut pas trouver nulle part la mention d’ethnie. Premièrement la résolution 955 du CSNU, qui est prise _ »…comme suite à la demande du Gouvernement rwandais S/1994/1115 de créer un tribunal chargé uniquement de juger les personnes présumées responsables des actes de génocide ou d’autres violations graves du droit international humanitaire qui ont été commises sur le territoire rwandais et les citoyens rwandais présumés responsables de tels actes ou violations commis sur le territoire des Etats voisins, entre le 1er janvier et le 31 décembre 1994…:_ (S/RES/955, alinéa 1), ne fait aucune mention du mot ethnie. Ceci parce que le rapport des experts de l’ONU mandatés par le résolution 935 du Conseil de sécurité de l’ONU n’en fait aucunement pas mention. De même la demande du Gouvernement rwandais de 1994. Pour les experts, il était impossible de parler de génocide contre les Tutsis seulement alors que les faits dont ils étaient en possession montraient qu’il y a des Hutus, qui ont été massacrés dans cette guerre civile qui constitue la toile de fond dudit génocide. Les hécatombes des Hutus éparpillées ici et là sur toutes les collines du Rwanda ainsi le mémorial de Rebero sont des témoignages probants sur les massacres des Hutus. Dans leur demande à l’ONU, le gouvernement rwandais ne pouvait pas non plus oser parler de génocide tutsi, c’était trop tôt, les massacres sous la vengeance et autres massacres cibles contre les Hutus comme celui des prélats catholiques de Gakurazo et la fusillade de Kibeho étaient toujours frais, les villages entiers étaient toujours sous la barbarie des soldats du FPR-APR. Le  régime était toujours fragile et tel un bambin, avait besoin de tutelle pour se mettre début. Kigali préféra alors la ruse du renard pour se faire valoir qu’il est réellement le Gouvernement d’Union Nationale. Trop jeune et trop dépendant, Kigali continuant ce jeu de se cacher derrière l’Unité et la Réconciliation. 

Dans le préambule de la Constitution rwandaise de 2003, il n’y a aucune mention de l’ethnie. L’alinéa premier du préambule est libéré comme suit:

« Au lendemain du génocide, planifié et supervisé par les dirigeants indignes et autres auteurs, et qui a décimé plus d’un million de filles et fils du Rwanda »

Mais 6 ans après, juste en 2009, la Constitution rwandaise connut un très profond amendement qui couronne l’exercice sans répit de Kigali de se faire victime en même temps héros. Seuls les intellectuels ont pu connaître cet amendement et ipso facto ont déploré sa portée radicale. Certaines grandes figures de la Communauté internationale ont crié gare, mais le régime de Kigali a fait la sourde oreille. Le préambule de la Constitution rwandaise dédia le pays aux seuls Tutsis, on constate le changement presque total du préambule dans ses paragraphes 1 et 3:

Nous, Peuples Rwandais 

« RENDANT HOMMAGE à nos vaillants ancêtres qui se sont sacrifiés pour l’édification du Rwanda et aux héros qui ont mené une lutte pour garantir la sécurité, la justice, la liberté et pour restaurer la tranquillité, la dignité et la fierté nationales; »

Et le paragraphe trois de continuer: 

« CONSCIENTS du génocide perpétré contre les Tutsis qui a décimé plus d’un million de fils et filles du Rwanda et conscients du passé tragique qu’a connu notre pays »; 

Voici les pierres angulaires sur lesquelles est bâti le régime de Kigali: la dédicace du pays aux anciens rois de la monarchie tutsie « vaillants ancêtres » et à leur progéniture du FPR-Inkotanyi et aux rescapés Tutsis. Le Hutu est aussi bien présent, dans l’esprit du texte mais sans aucune mention, dans la constitution: il est l’antipode de ce qui est dit, le couard, le manant, l’indigne, en un mot l’anti-valeur! Voici ce qu’un gouvernement qui se réclame d’Union Nationale fait de la norme suprême du pays qu’est la Constitution: une plaidoirie pour un ethnie alors qu’il prétend supprimer la mention ethnie dans les documents d’identité!! 

Disons tout simplement en passant que dans la loi organique portant création et organisation des juridictions Gacaca, mandatées pour faire la justice traditionnelle pour les crimes commis du 1er Octobre 1990 au 31 décembre 1994, il n’y a aucune mention de l’ethnie. 

En voici son libellé:

« Loi Organique n°16/2004 du 19/06/2004 portant organisation, compétence et fonctionnement des Juridictions Gacaca chargées des poursuites et du jugement des infractions constitutives du crime de génocide et d’autres crimes contre l’humanité commis entre le 1er octobre 1990 et le 31 décembre 1994″ 

C’est cela qui divise les Rwandais: Une Constitution qui divise au lieu d’unir, une constitution qui exalte les uns en jettent l’opprobre sur les autres. 

LA COMMÉMORATION DU GENOCIDE RWANDAIS: UNE MEDAILLE A DEUX FACES

La commémoration du »Genocide rwandais » est une médaille à deux faces: l’une officielle et l’autre officieuse. La face officielle est tutsie; c’est un moment d’insultes contre les Hutus de tous les maux et de dire que le pays est à jamais retourné dans les mains de ses vrais fondateurs. On met en garde les Hutus, en leur rappelant que seul Dieu les a protégés du courroux des Tutsis, qu’ils doivent alors se taire, se terrer et enterrer toutes velléités politiques. 

La commémoration officielle qui débute le 07 avril pour prendre fin le 04 juillet (100 jours) est un moment où tout le monde qui n’est pas Tutsi parle peu ou pas, c’est le moment des bienséances linguistiques. Le pays est hanté, comme dans _Les Mouches, de Jean Paul Sartre_ par un spectre de la mort! 

Les Tutsis sont officiellement loués pour leur courage de pardonner au lieu de se venger contre les Hutus génocidaires. 

Voici ce que Paul Kagame a  dit dans cette 29ème commémoration ou dit presque toujours: 

« Il est très clair que les blessures sont encore profondes mais les Rwandais, je vous remercie tous, d’avoir refusé d’être définis par cette histoire tragique. Les gens ont été prêts, ont voulu faire la chose la plus difficile, l’un ou l’autre. Ils ont décidé de pardonner, mais nous ne pouvons pas oublier. » 

A côté de cette commémoration officielle, il y a une autre commémoration officieuse, celle des Hutus qui commence le 06 avril, avec l’assassinat du Président rwandais Juvénal Habyarimana lors du retour d’Arusha à la recherche de la Paix. Beaucoup s’accordent d’ailleurs que l’assassinat du Général Habyarimana Juvénal qui se passe quelques mois seulement après l’assassinat du Président hutu burundais, démocratiquement élu, Melchior Ndadaye, constitue la cause directe des massacres des Tutsis. En effet, même si la rébellion tutsie du FPR-APR  avait montré qu’il ne voulait pas le partage du pouvoir avec les Hutus d’où la multiplication des actes violant le cessez-le-feu et l’infiltration massive de Kigali à partir de la base du Palais du Parlement offerte pour assurer la sécurité des politiciens du FPR qui devraient faire partie du Gouvernement issu des Accords de Paix d’Arusha, les atteintes à la vie des Tutsis et Hutus modérés n’avaient pas connu auparavant, une pareille ampleur. 

A partir du 06 avril les hutus, morts dans l’âme, commémorent la mémoire des leurs tués et continuent d’être tués par le FRP. Du Nord du pays dans le stade de Byumba, en passant par Gakurazo jusqu’à Kibeho au Sud et en remontant dans le Bushiru et le Bugoyi sans oublier les « Amakoro » et les forêts du Zaïre, partout gisent les Hutus qui n’ont pas reçu le sépulture digne de ce nom. 

Et bien sûr, cette vision manichéenne de la société rwandaise ne peut jamais permettre l’unité et la réconciliation des Rwandais. Comme l’a dit, le Révérend Pasteur Antoine Rutayisire, au Rwanda il n’y a pas de réconciliation, il y a tout simplement une cohabitation pacifique encadrée (ou mieux forcée) par l’autorité publique. Alors que pour les Tutsis on fouiller partout et toujours les corps introuvables, aux Hutus on leur refuse d’offrir le sépulture aux personnes retrouvées dans des fosses communes et reconnues par les leurs. Au contraire on se hâte d’aller les jeter dans des endroits inconnus comme des ordures encombrant.  Le cas de Burera/Cyanika est parlant. Aux Tutsis on offre des châteaux mais on manants Hutus on construit des cabanes de fortune de 10 tôles dans un programme « Bye-bye Nyakatsi » (A dieu maison en pailles!). 

Cette commémoration divise les gens et fait même des victimes, si on ose dire que le génocide est rwandais et non Tutsi. 

La Star rwandaise de la Musique Gospel et du génocide aussi, Kizito Mihigo  a été tué dans sa cellule de la station de police pour avoir osé dire que même s’il est rescapé Tutsi, il ne peut jamais ignorer les gens qui ont été tués dans des massacres qui n’ont pas été qualifiés de génocide. Il s’agit ici de sa chanson « Igisobanuro cy’Urupfu » (L’explication de la Mort). On a aussi sa chanson posthume « Hataka nyiri ubukozwemo nyiri ubuteruranywe n’akebo yicecekeye » (Celui qui crie beaucoup n’est la plus grande victime du vol), un langage imagé pour dire que les Tutsis crient beaucoup alors que les Hutus qui ont perdu beaucoup des leurs se taisent!Au Rwanda il y a une ligne rouge qu’il ne faut jamais franchir: il ne faut pas jamais parler de massacres de Hutus par les tenants du régime. Ceux qui sont morts sont des dommages collatéraux ou tout simplement des Interahamwe. Pourtant les rapports tels que Le Mapping sont là. En un mot « les faits sont têtus ». 

LA 29ÈME COMMÉMORATION

On l’attendait beaucoup car il y a des événements liés à l’histoire du Génocide rwandais qui constituent la une de l’actualité: Rusesabagina et le M23. 

Et comme on s’y attendait, Paul Kagame s’adresse à la communauté internationale et lui met en garde  soulignant que le Rwanda est déjà un pays fort qui peut se tenir debout seul sans nul besoin de tutelle. Kagame fait allusion à la RDC en soulignant que la même indifférence comme celle de 1994 au Rwanda est observable non loin du Rwanda où  la haine contre les gens, prépare le génocide. 

L’ONU se rachète

Dans son discours, le Président Paul Kagame a beaucoup insisté sur l’indifférence de la communauté durant le Génocide rwandais. Le Secrétaire Général de l’ONU, António Guterres s’y était préparé car son discours est un mea culpa devant Paul KAGAME qui utilise toujours cette journée pour faire chanter la Communauté Internationale et la distraire souvent de ses malfrats. Paul Kagame profite de ce talon d’Achille pour justifier d’une manière malicieuse le soutien du Rwanda au M23 et la présence du RDF sur le sol congolais. Il dénonce vigoureusement l’indifférence de la communauté internationale face aux discours de haine susceptibles d’engendrer le génocide. La RDC est actuellement ouvertement accusée par le Rwanda de perpétrér un génocide contre les Tutsis rwandophones, ce que le Ministre BIZIMANA Jean Damascène, ce Hutu psychopathe de la cause Tutsi, venait de dire et dit toujours en diapason de la politique de Kigali. 

Avec remords feints, car il connaît très bien les mensonges de Kigali, le patron des Nations-Unies, António Guterres pointe du doigt « la faillite de la communauté internationale face à cette tragédie ». 

« Nous rendons hommage aux victimes innocentes du génocide contre les Tutsis, qui ont péri durant 100 jours d’horreur, sous le silence coupable et complice de la communauté internationale. Je salue la résilience des survivants, qui ont su choisir la voie de l’unité et de la réconciliation pour reconstruire leur pays après le génocide de 1994 », a-t-il martelé. 

« Nous nous rappelons, remplis de honte, de l’échec de la communauté internationale. La commémoration de cette journée est une occasion qui permet de rappeler l’importance de ne pas oublier les atrocités du passé et de prendre des mesures concrètes pour prévenir de telles tragédies à l’avenir. Chacun des membres de l’ONU doit considérer la prévention et la lutte contre les génocides comme un devoir fondamental. Construisons la paix, la dignité et les droits humains pour tous » , conclut-il. 

L’Union Africaine compatissante

Le Président de la Commission de l’Union Africaine à prononcé un discours parlant de tout et de rien. Moussa Faki a souligné que la commémoration coïncidait avec des événements religieux tels que la Pâques juive, la Pâques chrétienne et le mois saint du Ramadan, ce qui en faisait un moment de communion pour tous les hommes de la terre pour se souvenir de ce qui s’est passé et bannir la division et le mal. 

Moussa Faki a tenu à rappeler que près d’un million de Tutsis ont été massacrés en temps records de trois mois, dans des conditions atroces et indescriptibles. Il a souligné que l’Union africaine, en collaboration avec le gouvernement rwandais, commémorent cet événement inqualifiable chaque année, pour se souvenir, saluer ensemble la mémoire des victimes, combattre le négationnisme et les discours de haine, et réitérer la solidarité de l’Afrique avec un pays et un peuple durablement marqués par une terrible tragédie. 

Moussa Faki a également souligné que la cruauté humaine résultant des conflits intercommunautaires, du terrorisme, et de nombreux groupes armés particulièrement violents, envenimée par les désordres climatiques et la rareté des ressources, rend de nombreuses régions d’Afrique invivables, plongeant ainsi des milliers de personnes dans une précarité et une détresse inqualifiables. Des crimes de guerre et de crimes contre l’humanité sont perpétrés, et il y a un risque que l’irréparable ne soit commis. 

Moussa Faki a appelé l’attention des pays africains sur la nécessité de trouver des solutions pour éviter que de tels événements ne se reproduisent. Enfin, il a salué le courage, la résilience et la tolérance du peuple rwandais, qui ont servi comme un levain à la reconstruction du pays et à la réhabilitation psychologique et morale de son peuple. 

Kigali n’apprécie pas la position des États-Unis 

Washington ne semble jamais ménage son dauphin dans ces moments. Et cela pousse Kigali à redresser la crinière!

Le message de Washington, reste inchangé. Pour la capitale de l’oncle Sam il faut faire le deuil de tout le monde tous les ethnies confondus Tutsis, Hutus et Twas qui ont péris dans cette guerre civile fratricide. 

Ainsi Molly Phee, Secrétaire des États-Unis d’Amérique chargé des Affaires étrangères, le Département de l’Afrique, dans un discours adressé aux Rwandais vivant aux États-Unis, a déclaré : 

« En ce jour, nous nous souvenons de la vie des personnes qui sont mortes en 100 jours, qui sont tombées dans la violence surnaturelle, nous nous souvenons des milliers de Tutsis qui sont tombés, hommes, femmes, enfants tous attaqués par des tueurs en raison de leur appartenance ethnique. Nous nous souvenons également des Hutus, des Batwa et de tous les autres qui ont été tués pour s’être opposés au régime génocidaire. Nous sommes aux côtés des survivants, qui ont traversé une période terrible et nous nous inclinons toujours devant ceux ont perdu les leurs qui les chérissaient ».

Alors que cela est dit par les États-Unis d’Amérique, une superpuissance que d’ailleurs beaucoup croient que c’est bien elle qui a établi le régime de Kigali, le président Paul Kagame a lancé la semaine de commémoration en avertissant ceux qui veulent échapper à l’histoire de ce qui s’est passé, en déformant la vérité. 

Il a dit: « Il n’y a aucun moyen de cacher la vérité sur ce qui s’est passé dans notre histoire. Ceux qui prennent le temps de dire ce qu’ils veulent, s’ils le disent, cela les aidera peut-être à réaliser quelque chose, mais la vérité est qu’ils ne peuvent pas cacher la vérité sur ce qui s’est passé. » 

Paul Kagame a poursuivi en disant: « Certains de ceux qui essaient de déformer les événements de notre histoire, n’ont aucune honte. Mais nous avons une vie à vivre, et personne ne décidera à notre place comment vivre notre vie. La grande force que nous tirons de cette histoire, nous assure qu’il ne faut jamais permettre à personne de nous dire comment nous devons vivre notre vie. »

Soulignons que le Secrétaire d’État américain aux Affaires étrangères, Antony Blinken, a déclaré dans son message que son pays, en commémoration du génocide perpétré contre les Tutsis, s’est incliné aussi devant « d’autres qui ont été tués ». 

Cette position des États-Unis vis-à-vis de ce qui s’est passé au Rwanda, reste inchangée et inquiète Kigali. Certains internautes ont essayé de réagir à cette position américaine. Retenons la réaction de Ngendahimana Ladislas Secrétaire Général de l’association des Districts (Ralga), un Hutu acquis pour la cause Tutsie et qui, comme son frère le fameux Secrétaire d’état au Ministère de l’éducation, Dr. Harebamungu Mathias se réclament Tutsis.

« Ceci prête confusion. Aujourd’hui, nous tous commémorons le génocide perpétré contre les Tutsis au Rwanda. Il n’y a aucune raison de se peiner pour trouver une autre qualification adéquate. Ceux qui sont massacrés à cause de leurs idées politiques seront honorés le 13 avril. Aujourd’hui, c’est la particularité de ceux qui sont massacrés à cause du génocide contre les Tutsis. »

CONCLUSION 

Il semble que l’ONU en 1994, sous la pression de vouloir panser les plaies du jeune régime de Kigali et de le pousser ainsi à l’unité et la réconciliation, ait accepté hâtivement d’utiliser le mot génocide. Certes les gens ont été ciblés, mais la cause primordiale était l’adhésion à l’une des idéologies politiques qui étaient en conflit, le Hutu Power et le Tutsi International Power, d’où naturellement les crimes commis contre les Tutsis, les Hutus, les Batwas et d’autres sont des crimes de guerres. Et si l’appellation du Génocide reste, il faut alors étendre la définition du concept génocide pour inclure l’extermination d’un groupe politique ou idéologique. Rappelons que les crimes de guerres sont aussi impies et imprescriptibles. Pour le cas du Rwanda la bonne qualification de ces crimes constitue la réhabilitation de la société rwandaise . En soi, il y a le dénominateur commun de tous les massacrés commis dans cette guerre civile fratricide, la guerre et la belligérance de deux parties. Il sera impossible de dire que dans un même pays, dans une même période il y a eu deux génocides commis réciproquement par les mêmes agents. La qualification qui sépare au lieu d’unir devrait constituer un sujet de débat car la vie du Rwanda unifié dépends de cela. Aux juristes d’initier le débat, à l’ONU d’être mâture, c’est la seule alchimie de panser les plaies de tous les Rwandais, de faire ressusciter le Rwanda comme Une Nation pour Tous: Hutus, Tutsis et Twas.