Interdiction d’Entrée de Longue Date pour les Chercheurs de Human Rights Watch au Rwanda

Lewis Mudge, Directeur pour l'Afrique centrale de Human Rights Watch

D’après Lewis Mudge, Directeur Afrique centrale de Human Rights Watch : « Quatre chercheurs de Human Rights Watch ont été interdits d’entrée en 16 ans. »

Le 30 mai 2024, Human Rights Watch a publié un communiqué sur son site web, révélant la dernière interdiction d’entrée imposée à l’une de ses chercheuses par le gouvernement rwandais.

Le gouvernement rwandais a récemment empêché Clémentine de Montjoye, chercheuse senior à Human Rights Watch, d’entrer dans le pays. Cette décision n’a pas été surprenante pour l’organisation, étant donné les accusations vagues et infondées portées contre elle, qui reflètent l’intolérance persistante du gouvernement à l’égard des critiques sur son bilan en matière de droits humains.

Les autorités rwandaises ont accusé Clémentine de Montjoye de « travestir la raison de sa visite » pour justifier cette interdiction. Pourtant, Clémentine avait écrit aux autorités pour demander à les rencontrer et avait informé des agents de l’aéroport international de Kigali qu’elle souhaitait s’entretenir avec des diplomates étrangers. Dans une déclaration, le gouvernement a clairement indiqué qu’il n’autoriserait pas Human Rights Watch à entrer au Rwanda en raison de ses enquêtes.

En 2008, Alison Des Forges, conseillère principale à Human Rights Watch et lauréate du prestigieux prix MacArthur pour ses recherches sur le génocide rwandais de 1994, s’est également vue refuser l’entrée dans le pays. Alison Des Forges avait travaillé sans relâche pour obtenir justice pour les victimes du génocide et pour que les auteurs de crimes au sein des forces du Front patriotique rwandais (FPR) soient tenus responsables. Human Rights Watch avait appris officieusement que son interdiction était due à ses critiques du FPR.

Deux ans plus tard, en 2010, Carina Tertsakian, une autre chercheuse senior, s’est vu refuser un visa de travail et a été contrainte de quitter le pays. Le gouvernement a évoqué des anomalies dans sa demande de visa, bien que Human Rights Watch ait fourni des preuves confirmant l’authenticité des documents.

Lewis Mudge, qui a succédé à Carina Tertsakian et a été basé au Rwanda de 2011 à 2015, a également été confronté à des difficultés. Son visa est resté « en cours de traitement » pendant deux ans, et en 2014, le gouvernement a publié une évaluation de leur travail, qualifiant Carina Tertsakian et lui-même de porte-paroles d’organisations criminelles, à cause d’un rapport sur des disparitions forcées dans le pays.

En 2018, l’entrée a été refusée à Lewis Mudge après que Human Rights Watch a documenté des exécutions extrajudiciaires et des détentions militaires illégales. Plus tard, un consultant rwandais a été détenu pendant six jours et menacé de mort.

Clémentine de Montjoye a vu son entrée refusée suite à la publication d’un rapport de Human Rights Watch sur les mesures répressives prises par le Rwanda au-delà de ses frontières, déclenchant des réactions hostiles des autorités. Son interdiction est survenue peu avant les élections générales, tout comme celle de Carina Tertsakian.

La longue liste de journalistes et de chercheurs exclus du Rwanda devrait inquiéter les partenaires internationaux du pays. Ces interdictions soulèvent également des préoccupations quant aux risques importants auxquels sont exposés les défenseurs des droits humains et les journalistes rwandais, souvent menacés de mort ou emprisonnés.

Malgré les interdictions successives au cours des 16 dernières années, les équipes de Human Rights Watch continuent leur travail. Qu’elles soient à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, elles persistent à documenter le bilan du gouvernement rwandais en matière de droits humains.