Victoire Ingabire Umuhoza : Une lutte pour les droits de la famille et la démocratie au Rwanda

Le 1er juin 2024, Victoire Ingabire Umuhoza, figure politique rwandaise, a publié un article d’opinion sur Al Jazeera, mettant en lumière les contradictions entre les politiques rwandaises en matière de droits des femmes et de protection des familles et la réalité vécue par les critiques du gouvernement.

Le Rwanda est souvent salué pour son engagement envers les droits des femmes et la protection des familles. La Constitution du Rwanda consacre explicitement la responsabilité de l’État à protéger les familles et à créer les conditions nécessaires à leur épanouissement. Cette responsabilité est institutionnalisée à travers le ministère du Genre et de la Famille, qui abrite la Direction générale de la promotion de la famille et de la protection de l’enfance, chargée de développer des politiques visant à éradiquer la violence basée sur le genre et à protéger les femmes et les enfants des abus domestiques et autres formes de violence.

Cependant, cette image de champion des droits des femmes et de la famille contraste fortement avec la réalité des dissidents politiques comme Victoire Ingabire Umuhoza.

En 1994, alors étudiante aux Pays-Bas, Victoire Ingabire Umuhoza a été profondément affectée par le génocide des Tutsi au Rwanda. En réponse, elle a fondé un parti politique nommé Les Forces Démocratiques Unies du Rwanda (FDU-Inkingi) dans le but de participer à la reconstruction et à la réconciliation nationale. Après des années de militantisme politique en exil, elle est retournée au Rwanda en janvier 2010 pour enregistrer son parti et se présenter à l’élection présidentielle contre Paul Kagame.

Dès son retour, ses critiques des politiques gouvernementales et ses ambitions politiques ont entraîné des violations systématiques de ses droits civils, y compris son droit à une vie de famille. En mars 2010, à deux mois de son arrivée, elle a été empêchée de quitter le pays pour célébrer l’anniversaire de son fils. En avril 2010, sa demande de permission pour assister à la première communion de son fils a été refusée par le biais de convocations programmées aux dates exactes de son voyage prévu.

Fin 2010, la persécution politique s’est intensifiée avec son arrestation sur des accusations fallacieuses de « complot contre le gouvernement par la guerre et le terrorisme » et de « négation du génocide ». En 2012, après un procès politiquement motivé, la Cour suprême du Rwanda l’a condamnée à 15 ans de prison. Elle a enduré de longues périodes d’isolement et des restrictions sévères sur les visites familiales, en contradiction flagrante avec l’engagement du Rwanda à protéger les familles.

En 2014, elle a porté son cas devant la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP). En 2017, la cour a reconnu la violation de ses droits et a ordonné au gouvernement rwandais de l’indemniser pour les préjudices subis. Malgré cette décision, le gouvernement rwandais a refusé de reconnaître le verdict. Après sa libération conditionnelle en 2018, Victoire Ingabire Umuhoza a continué de subir une campagne de diffamation orchestrée par des hauts responsables rwandais, l’accusant de promouvoir une « idéologie génocidaire ».

En 2023, elle a fait appel directement au président Paul Kagame pour obtenir la permission de rendre visite à son mari gravement malade aux Pays-Bas, sans réponse. Aujourd’hui, alors que le monde célèbre la Journée mondiale des parents, elle reste séparée de ses enfants, interdite de participer aux élections présidentielles de juillet 2024 et privée de ses droits politiques.

Pour contester cette situation, Victoire Ingabire Umuhoza a porté son cas devant la Cour de justice de l’Afrique de l’Est, visant à rétablir ses droits et à obtenir des mesures provisoires lui permettant de participer aux élections à venir. Son action légale vise également à affirmer les droits de tous ceux qui ont été victimisés de manière similaire.

Victoire Ingabire Umuhoza continue de lutter pour une véritable démocratie et le respect des droits de l’homme au Rwanda, dans l’espoir de pouvoir un jour célébrer la Journée mondiale des parents entourée de ses enfants.