Par Frank Steven Ruta
Deux mois après l’investiture du général Evariste Ndayishimiye Président du Burundi, des commentaires continuent d’affluer sur les relations futures avec les pays voisins, notamment le Rwanda. Desormais, le président burundais a rompu le silence sur la normalisation des relations avec ses voisins accusés de tenter de déstabiliser son pays.
Le Président Evariste Ndayishimiye s’adressant hier aux habitants de Busoni, Kirundo dans la région nord du pays, près de la frontier avec le Rwanda voisin, a déclaré que le Burundi ne traiterait pas avec des «pays hypocrites».
Dans son discours, il a également accusé des pays sans citer des noms de «prendre des réfugiés en otage» et d’abriter des putschistes qui ont tenté de s’emparer illégalement du pouvoir en 2015 lors d’un coup d’État raté.
Il est dit dans le pays, que le HCR a demandé à tous les réfugiés burundais de rentrer chez eux et de participer à la restauration du pays.
La déclaration du president de la Republique du Burundi est faite après que les réfugiés burundais dans les camps rwandais ont accusé une section de l’opposition burundaise de la diaspora de les motiver à rester dans des camps de réfugiés.
Une lettre écrite par un groupe de réfugiés burundais vivant dans un camp de réfugiés au Rwanda a demandé à leur président de coopérer avec le Rwanda et l’agence des Nations Unies pour les réfugiés, le HCR, en vue de les rapatrier.
Plus de 60 000 réfugiés burundais vivent dans le camp de Mahama, dans la Province Est du Rwanda, depuis la crise politique de 2015 suite à la candidature de l’ancien président Pierre Nkurunziza pour un troisième mandat.
Plus de 300 habitants de Mahama ont signé la lettre à leur président accusant certains politiciens burundais en exil de «vouloir qu’ils restent dans le camp pour leurs propres intérêts».
Emmanuel Bizimana, l’un des signataires, a déclaré à la BBC que « il est maintenant temps de rentrer chez lui », ajoutant: Nous savons que notre pays est maintenant en sécurité, c’est pourquoi nous avons écrit à notre président. «
Dans son discours inaugural en juin, le président Evariste Ndayishimiye a plaidé pour le retour des réfugiés et depuis, près de 2 000 sont revenus de Tanzanie, selon les chiffres de l’Office des Nations Unies.
Le gouvernement rwandais est accusé d’avoir financé et fourni la logistique des putschistes au Burundi dirigés par le renégat Gen Godefroid Niyombare.
Après un coup d’État manqué, Niyombare a fui vers le Rwanda où il serait protégé dans un camp militaire.
Au Rwanda, avec d’anciens soldats burundais et d’autres soldats rwandais soi-disant demobilisés, le général major Niyombare commanderait des rebelles burundais, dont le RED Tabara, et le groupe recevrait une formation et un appui logistique du gouvernement de Kigali.
Quant au Président Rwandais, le gen Paul Kagame, il a declare à Kigali le 10 Juillet 2020 que son pays aimerait restaurer les relations bilatterales entre les deux pays.
Faisant référence à cette declaration du gen Kagame , le gen Ndayishimiye, President du Burundi a dit que les voisins qui veulent renouer les relations politico-socio-economiques devraient en premier lieu rendre au Burundi des traîtres qu’ils hebergent, afin qu’ils soient jugés. Le président Evariste Ndayishimiye exhorte les pays qu’il n’a pas mentionnés à ne pas s’immiscer dans les affaires du Burundi.
Le Président Burundais a dit et fort ce que pensent les Burundais et des millions de Rwandais.
1- Les criminels présumés burundais nommément connus sont vautrés au chaud ici au Rwanda.
Ils sont prétendument impliqués dans les crimes qui ont été commis dans leur pays, le Burundi. Prétendument car c’est la justice burundaise qui dit que tel ou tel accusé est impliqué dans la commission des crimes qui sont imputés par le ministère public, défenseur de l’intérêt général.
Ils ont crié sur le toit qu’ils ne nullement impliqués dans ces crimes. Le Burundi a une justice qui fonctionne contrairement à la justice rwandaise dont les juges sont fossoyeurs des droits fondamentaux des Rwandais et impliqués jusqu’à la moëlle osseuse dans divers méfaits dont la corruption généralisée à tous les niveau de technostructure FPR. S’ils n’ont rien à se reprocher, ils n’ont alors rien à craindre s’ils sont extradés. Ils auront tous les avocats du monde. Kagame a tout ce qu’il faut pour qu’ils soient défendus par des avocats internationaux, le tout conformément à la loi burundaise.
Il s’ensuit qu’en exigeant l’extradition de ces criminels présumés, le Président Burundi a parfaitement raison.
Par ailleurs, il est déterminé à faire le Burundi un Etat de droit digne de ce nom. La première exigence d’un Etat de droit est le respect de la loi, l’inexistence d’impunité pour les criminels notoires et malfrats en tout genre, la justice pour tous et l’extirpation de a corruption du corps social, la probité incontestable des hommes politiques en l’occurrence. Ce qui exclut les magouilles, marchandages et combines en tout genre aux seules fins de garantir l’impunité aux criminels notoires. Ce qui signifient que Kagame qui, dans son pays est à la fois juge, justice et loi, doit extrader ces burundais nommément désignés par le Burundi pour qu’ils répondent de leurs actes devant la justice de leur pays.
Le Burundi, Etat de droit et conséquemment de justice pour tous, doit aller plus loin. Il doit expressément demandé au Conseil de sécurité de l’ONU, la création d’une commission internationale d’enquête sur l’assassinat du Président Ntaryamira Cyprien. L’assassinat d’un chef d’Etat en fonction est juridiquement un crime contre l’Etat car le président est vu et traité en droit et en fait comme une institution étatique et nullementcomme une personne physique. L’assassinat du président Ntaryamira est constitutif d’un crime contre l’Etat Burundais. Par conséquent, ses auteurs doivent être recherchés, trouvés et répondre de leur méfait devant un tribunal spécial. A défaut, le Burundi devra lui-même le nécessaire pour traquer et juger les criminels et ce, quel que soit le gouvernement en place.
Le renvoi à la barre des assassins sera honore la mémoire du feu Président Ntaryamira Cyrprien, rescapé du génocide de 1972-1973 contre les Hutu Burundais comme son compagnon, feu Ndadaye. Parler c’est bon mais agir c’est encore mieux. Pour des raisons que les Rwandais connaissent maintenant, la France entend enterrer l’Affaire de l’attentat contre l’avion du Président Rwandais. Si la France a intérêt à enterrer les dossiers de ses victimes, le Burundi n’en a aucun. Dès lors, la demande expresse à adresser au Conseil de sécurité de l’ONU devra concerner exclusivement la victime Burundaise. Il est regrettable que pour des rasons obscures le Président Nkurunziza n’ait rien fait alors que la veuve et les enfants du défunt ont saisi la justice burundaise il y a plusieurs années.
Enfin, il est notoire et établi que sur ordre de Kagame, les soldats du FPR ont massivement massacré des milliers de réfugiés burundais, femmes, enfants et hommes de tous âges et conditions qui avaient été installés à l’Est du Rwanda aux seuls motifs qu’ils étaient Hutu. Ces Burundais sont des rescapés du génocide contre les Hutu de 1972-1973. Ils ont été exterminer par les soldats du FPR ET des soldats burundais ceux-là même qui ont exterminé les leurs à l’époque ci-dessus indiquée. Il est de notoriété publique que sur demande de Kagame et de l’accord du chef d’Etat major de l’armée burundaise (qui était un Etat dans un Etat), celle-ci est intervenue au Rwanda pour épauler l’armée du FPR. C’est l’armée burundaise qui a pris la partie sud du Rwanda, pillé l’UNR, l’hôpital universitaire, les magasins et les habitations à Butare ville, massacré massivement des milliers de femmes, enfants et hommes de tous âges Hutu à Butare en l’occurrence et au Burundi( ceux qui avaient pu traverser les frontière). Un des criminels notoirement connus est le chef d’Etat major de l’armée de Kagame, Kazura Jean-Bosco, actuellement chef d’Etat major de l’armée de Kagame et ex-officier de l’armée burundaise. Il serait utile que le Gouvernement Burundais établisse et publie la liste des ex- soldats tutsi de son armée d’origine rwandaise qui ont déserté pour intégrer l’armée du FPR. Cela permettra aux membres des familles des victimes de Butare de connaitre les vrais assassin des leurs d’une part et des réfugiés burundais ci-dessus évoqués d’autre part.
Le cas des réfugiés burundais est un cas sui spécial. Ceux-ci étaient rescapés du génocide susmentionné. Ils avaient la statut de réfugiés politiques. En cette qualité, ils étaient sous la protection du HCR et conséquemment de l’ONU, car le HCR est une institution de celle-ci. Ils n’avaient rien à avoir dans la guerre qui opposait les Tutsi aux Hutu. Or, ils ont exterminés par les soldats des armées du FPR et burundaise au vu et au su des représentants du HCR, employés de l’ONU.
Les Rwandais et divers chercheurs évoquent ou ont évoqué les crimes de masse contre les Hutu Rwandais, les Tutsi mais jamais les crimes de masse, constitutifs de génocide, crime de guerre et crime contre l’humanité contre les Burundais qui étaient sous la protection de l’ONU. Le constat macabre est le silence du Conseil de Sécurité de l’ONU alors qu’il a été parfaitement de ces crimes de masse. De même, les gouvernements burundais successifs n’ont jamais évoqué ces crimes contre les citoyens burundais. Des rescapés sont retournés au Burundi où ils vivent aujourd’hui. Ils peuvent même honorer la mémoire des leurs: commémoration de l’extermination des leurs, faire lire la messe à la mémoire des leurs pour les catholiques, raconter publiquement aux enfants nés après 1994 qui sont des millions la tragédie qui frappé leurs anciens, bref, enseigner aux enfants l’histoire du génocide des Burundais au Rwanda. Ces jeunes gens ont droit de savoir. Ces victimes ont droit à la justice. Pour ce faire, le Gouvernement Burundais doit créer une commission spéciale chargée de recenser tous les rescapés de l’extermination à grande échelle des réfugiés au Rwanda, recueillir ensuite les éléments utiles sur les crimes qui ont été commis à leur endroit et enfin demander expressément au Conseil de Sécurité de l’ONU la création d’une commission internationale d’enquête sur les massacres de masse contre ces réfugiés qui étaient sous la protection de l’ONU. Les crimes qui ont été commis sont imprescriptibles. Kagame ne pourra pas exciper du contraire. La passivité des autorités burundaises n’a pas pour effet la prescription de ces crimes.