RDC : Tshisekedi Accuse Kabila et le Rôle du Rwanda Mis en Cause

Felix Tshisekedi

Félix Tshisekedi, Président de la République Démocratique du Congo (RDC), a récemment accusé son prédécesseur, Joseph Kabila, d’être à l’origine du soutien apporté aux rebelles de l’Alliance Fleuve Congo (AFC) – M23, qui mènent une insurrection contre son gouvernement dans l’est du pays. Ces accusations ont été formulées lors d’une interview exclusive accordée à deux journalistes congolais, l’un du site d’information Congo Indépendant et l’autre de Top Congo ce mardi 6 Août 2024.

Lors de cette interview, Tshisekedi a explicitement pointé du doigt Joseph Kabila, affirmant qu’il était responsable de la résurgence de l’AFC et qu’il aurait refusé de participer aux élections de l’année dernière, tout en préparant les rebelles de l’AFC. En réponse à ces accusations, Ferdinand Kambere, haut responsable du parti de Kabila, a déclaré à la BBC que ces allégations étaient infondées et déplorables, soulignant que cela révélait une méconnaissance de la situation sécuritaire complexe dans l’est de la RDC de la part de Tshisekedi.

Jusqu’à présent, l’AFC – M23 n’a pas officiellement réagi à ces nouvelles accusations.

Joseph Kabila a dirigé la RDC pendant 18 ans, à partir de 2001, et a supervisé la première transition pacifique du pouvoir en 2019, bien que ces élections aient été marquées par des accusations de fraude. C’est la première fois qu’un président congolais en exercice accuse directement un ancien chef d’État de collusion avec des groupes rebelles.

Un rapport récent des Nations Unies a mentionné le Rwanda et l’Ouganda comme soutiens potentiels à ces groupes rebelles. Si l’Ouganda a nié ces allégations, le rapport accuse le Rwanda d’avoir jusqu’à 4 000 soldats en RDC, combattant aux côtés des rebelles, surpassant peut-être les forces du M23, estimées à 3 000 hommes en avril dernier. Le Rwanda n’a pas démenti ces affirmations, affirmant plutôt que le manque de volonté politique de la RDC pour résoudre les problèmes dans l’est du pays, riche en ressources minérales, est la source des conflits persistants.

Le président Tshisekedi a réitéré qu’il ne dialoguerait pas avec les M23, insistant sur le fait que ses discussions doivent avoir lieu directement avec le Rwanda pour clarifier les intentions de Kigali envers le peuple congolais. Il a exprimé son désir de comprendre ce que le président Kagame souhaite obtenir de la RDC, insistant sur le fait que le territoire congolais, riche en ressources minières, n’est pas à vendre.

De son côté, le gouvernement rwandais nie toute implication dans l’exploitation illégale des ressources congolaises, affirmant que le pays dispose déjà de ses propres réserves minérales significatives, notamment en cassitérite, coltan, wolfram, et or.

Selon l’ONU, les conflits et violences dans l’est de la RDC ont forcé plus de sept millions de personnes à fuir leurs foyers, nécessitant une aide humanitaire urgente.

Dans l’entretien, qui a eu lieu ce mardi dernier en Belgique, le président Tshisekedi, récemment en convalescence à Bruxelles pour une hernie discale, a assuré être en bonne santé et prêt à retourner en RDC dès que possible. Il a expliqué que son médecin personnel avait initialement été invité à le soigner à Kinshasa, mais pour garantir un traitement optimal, il a préféré être opéré en Belgique.