RWANDA-EGLISE CATHOLIQUE: Le cardinal Antoine KAMBANDA se fait défenseur du régime!

le Cardinal Antoine KAMBANDA, Archevêque de Kigali

Par RUGEMINTWAZA Erasme 

Il est très souvent difficile de percer le mystère qui entoure les hommes de l’Eglise. Leur nomination aux plus respectueuses seigneuries du monde n’est pourtant pas dénuée de toute implication politique. L’Eglise catholique en Afrique centrale a toujours été le bras droit du pouvoir en place. Au Rwanda, , où le pouvoir public porte toujours l’étiquette tribale,- c’est l’héritage du colonialiste-, l’Eglise n’a pas su échapper à ce danger qui a bipolarisé la société rwandaise, et qui risque de ronger l’Eglise. Chaque régime en place veut  à tout prix  avoir la parole et le soutien de ces corps de ces érudits bergers de Dieu. Les sorties de ces seigneurs dans la vie publique sont très rares, ce qui leur préserve des critiques. Mais quand ils sortent, leur parole est retentissante et fait quelque fois trembler leurs ouailles qui voient à l’intérieur des soutanes, l’homme aux habits ordinaires, un fin politique, un militaire ou un simple vulgaire, qui quelques fois va au-delà de l’impensable. L’interview qu’a donnée le Cardinal Antoine KAMBANDA, Archevêque de Kigali, laisse derrière, un homme dont la voix douce cache à peine, les émotions puissantes, des rancœurs mondaines et pire encore un fanatisme irrationnel. Le monde fut  éberlué par son interview. Qu’est ce qu’il a réellement dit au journal La Croix ? Quelle est son interprétation?

Une semaine après un discours très alambiqué et fort chargé d’émotions du Président Français Emmanuel MACRON au Rwanda,  discours qui d’ailleurs déroute  pas mal de critiques en analyse du discours, le cardinal Antoine KAMBANDA a accordé une interview au journal « La Croix », un quotidien  de l’Eglise Catholique  de France, pour livrer  ce qu’il en a pensé. Il  revient sur des questions du pardon dans le contexte du génocide des Tutsi, les accusations qui pèsent sur Paul Kagame et le sort des prêtres génocidaires. Les propos sont recueillis par Laurent LARCHER, à Kigali. Nous nous proposons d’en faire une analyse.

La Croix : Qu’est- ce que vous pensez sur le discours d’Emmanuel MACRON?

Cardinal Antoine KAMBANDA : Nous n’avions pas de problème avec  les Français, mais avec la politique de la France dans notre pays du temps d’Habyarimana. Cela provoquait une tension entre nos deux peuples. Le discours d’Emmanuel MACRON a clarifié ce point en reconnaissant le rôle de ses prédécesseurs auprès de  ceux qui nous ont persécutés : c’est un geste fondamental.

Si on analyse cette première tirade de l’interview, on remarque que le Cardinal Antoine KAMBANDA se positionne et se range parmi les victimes du génocide ; ainsi il se déclare, rescapé du génocide par le « nous ». Ce n’est pas tous les rwandais car il n’y a pas eu, pour les Tutsi, le génocide rwandais, il y a eu le génocide contre les Tutsi. Il déclare, sans les nommer les Hutus, bourreaux, ceux qui ont persécuté les Tutsi. Certes, le Cardinal Antoine KAMBANDA est rescapé du génocide contre les Tutsi, car Dieu l’avait envoyé à Rome pour des études doctorales en théologies morales, de 1993-1999. Il devrait en tout état de cause faire montre du dépassement de l’égo, faire montre d’une sublime abnégation. Il est appelé à faire cet exercice car, il ne va diriger l’Eglise catholique comme Kagame dirige l’Etat. Kagame a les moyens coercitifs, le fusil, alors que lui n’a que ce moyen de fascination ou mieux d’hypnotisation contemplative qu’est la Bible!. Le Cardinal doit sortir  du carcan tribal pour parler comme un vrai homme de Dieu et non comme un vulgaire rongé par une rancœur. Il est appelé à faire cet exercice de sublime abnégation de dépasser son groupe ethnique. Toute l’interview sera marquée par cette trame de voir les choses d’une façon égocentrique ce qui va d’ailleurs amoindrir l’importance de sa parole. 

La Croix : Vous partagez ses mots sur l’armée Française qui n’a rien a se reprocher du Rwanda?

Cardinal Antoine KAMBANDA : Nous savons ce qu’ont fait les soldats français dans notre pays. Moi-même je les ai vus faire des contrôles d’identité sur les barrages. Ils pensaient que les Tutsis étaient des infiltrés du FPR. Nous savons que les forces d’Habyarimana étaient réconfortées par leur présence, qu’elles n’ont rien fait pour arrêter les massacres des Tutsis entre 1990 et le début du génocide, qu’ils nous ont abandonnés entre les mains  des tueurs en avril 1994, de même sur la colline de Bisesero, le 27 juin. Nous a savons que les génocidaires ont pu s’enfuir par la zone qu’ils contrôlaient. Visiblement Emmanuel MACRON n’a pas voulu fâcher certains militaires français, Ce qui compte c’est le pas qu’il a franchi dans notre direction

Ici le Cardinal Antoine KAMBANDA, devient un porte-parole ou mieux un  activiste comme tout membre d’une association des rescapés du génocide. Ses mots seraient un peu tolérables s’ils sortaient de la bouche du Jean Pierre DUSINGIZEMUNGU, de Tom NDAHIRO ou de Jean Damascène BIZIMANA, président de la Commission Nationale de Lutte Contre le Génocide(CNLG). Quand il dit « ils nous ont abandonnés », le Cardinal ne sait pas qu’il s’attire l’antipathie de Hutus qui son, eux aussi, rescapés des tueries des soldats du FPR-Inkotanyi. Il ignore aussi que sa position risque de créer un incident diplomatique, car non seulement il contredit le président MACRON mais aussi il trahit la rancœur que les Tutsi ont envers les soldats français, que le présidente exalte la bravoure dans des moments difficiles. Ainsi par sa voix, l’Eglise Catholique accuse toujours la France, malgré la demande du pardon au mémorial de Gisovu.

La Croix : Devait-il demander pardon?

Cardinal Antoine KAMBANDA : Il l’a fait à la manière rwandaise en exprimant de la compassion pour la souffrance qui nous a été infligée. En reconnaissant cela, il est dans une démarche de demande de pardon vis-à-vis de nous.  C’est très important pour nous que la France comprenne combien nous avons souffert des choix qu’elle a posés chez nous. Cette compréhension est un premier pas.

Comme beaucoup de rescapés, le Cardinal Antoine KAMBANDA, trouve que la France n’a pas demandé pardon, qu’elle a tout simplement fait un pas en reconnaissant ses «responsabilités lourdes et accablantes». La France est ainsi toujours attendue pour faire le pas final, celui de s’agenouiller et de dire en termes claires qu’elle demande pardon! Encore un fois, ce que le Cardinal Antoine KAMBANDA dit, devrait constituer une discussion privée et à huit clos dans son salon, et non une position à clamer à haute voix car ça risque de créer une confusion et par la hypothéquer l’enthousiasme macronien!

La Croix : Que voulez-vous dire? 

Cardinal Antoine KAMBANDA : Le président MACRON ainsi que notre président ont reconnu que c’était une étape. Après avoir reconnu la responsabilité de la France dans notre drame, après avoir exprimé sa compassion pour nos souffrances, viendra ensuite le temps de nous demander pardon. Mais à mes yeux comme à ceux de nombreux Rwandais, le président Macron a dit l’essentiel. Nous pouvons désormais, vraiment devenir de partenaires dans un esprit apaisé et tranquille.

Ouvertement, sans broncher, le Cardinal Antoine KAMBANDA déclare que la France n’a pas encore demandé pardon, qu’il y aura un temps pour cela. 

La croix : 27 ans après le génocide, les catholiques rwandais sont-ils réconciliés entre eux ? 

Cardinal Antoine KAMBANDA : L’Eglise rwandaise est à l’image de la société. Nous avons fait un gros travail de demande de pardon entre nous. Cela commence par se réconcilier avec soi-même pour le mal que l’on a fait. Ce n’est a pas simple de le reconnaître, il y a  beaucoup de résistance intérieure, on préfère la fuite dans la violence, la drogue, l’alcool…

Mais on a réussi cette démarche, alors on est en  position de réconciliation avec les autres. C’est cette voie que l’on a prise au Rwanda, elle du cote de la vie, de la reconstruction, de l’avenir. Nous avançons ensemble sur le chemin.

La croix : Des ONG internationales reprochent à Paul Kagame de violer les droits de l’homme dans son pays.

Cardinal Antoine KAMBANDA : Ceux qui disent n’ont pas pris la mesure du génocide contre les Tutsi. Il y a des forces à l’extérieur du pays, notamment dans la diaspora, qui en sont restées à l’idéologie de 1994. Et elles sont de relais au sein de notre société. Ces forces poussent à la division, soufflent l’esprit de violence dans un pays qui a connu massivement la plus extrême des violences.

Face à elle, il ne faut être dupe ou naïf.  Ce qu’à l’extérieur on appelle opposition politique, à l’intérieur nous savons que c’est le paravent pour ceux qui veulent ethniciser le débat, soulever une communauté contre une autre  et terrifier les victimes du génocide,

Ici le cardinal Antoine KAMBANDA, rappelle à toute personne, la mesure qu’il faut utiliser pour parler du régime du FPR : le génocide des Tutsis. Le génocide devient alors un outil pour protéger de tous les maux, ceux  qui prétendent l’avoir arrêté. Le Cardinal semble ainsi dire la même chose que Kagame, quand il rejetait le rapport Mapping. C’est une formule qui a été longtemps utilisée par le régime du FPR-Inkotanyi pour faire chanter la communauté internationale et surtout les puissances qui sont accuses ne pas voulu assister les personnes en danger d’extinction ; mais petit à petit  cette fromule s’use et laisse ainsi translucide la tour dans laquelle s’enfermait le FPR : le mensonge. Beaucoup d’amis du FPR ont commencé à comprendre que le Génocide a été exploité pour des fins, non sociales mais plutôt politique : protéger le bourreau qui se faisait voir comme victime.

La Croix : Jugez-vous que Paul Kagame est le plus grand criminel dans la région des Grands lacs?

Cardinal Antoine KAMBANDA: Non, il a arrêté le Génocide, lui et lui seul. Et ce que le FPR a fait au Zaïre (aujourd’hui RD Congo), c’était la guerre pour poursuivre les génocidaires. Ces derniers s’étaient réorganisés pour nous attaquer. Il y avait des civils avec eux. Ils les ont entrainés dans un voyage épouvantable au cœur de la foret congolais. Beaucoup sont morts dans cette échappée.

Mais cela n’est en rien un génocide comme le sous-entend le rapport du haut Commissariat des nations Unies au Droits de l’Homme, le rapport Mapping. Il est ni juste ni honnête, la plus part des refugiés rwandais au Zaïre sont rentrés au pays. Mais les responsables et les acteurs du génocide des Tutsi, leurs allies congolais ont inventé cette accusation. Elle est reprise, parfois de bonne foi, par les Occidentaux. Mais ils se font instrumentaliser par ceux-là même qui ont intérêt à ce que l’on ne regarde pas ce qu’ils ont fait chez nous. J’invite ceux qui, de bonne foi, se font le relais de ces accusations, à venir au Rwanda pour constater la réalité de notre pays.

Sur ce point des massacres commis par les soldats du FPR-Inkotanyi, le Cardinal Antoine KAMBANDA ne devrait s’y attarder pour se rendre compte de ces « faits têtus », rapportés même par de simples citoyens, et si on lui demandait qui a tué les  évêques comme lui à Kabgayi, qu’est-ce qu’il répondrait ? S’il dit que les refugiés du Zaïre sont rentrés dans le pays où est mon Monseigneur NIKWIGIZE Phocas? Ces propos devraient soulever contre lui la communauté atholique hutue, tant meurtrie par les massacres du FPR ici au Rwanda, sur les collines rwandaise et dans les forêts congolaises. Comme Le fue Kizito Mihigo l’a bien dit, dans sa chanson «  la signification de la mort », les massacres de nos familles ne devrait pas nous faire oublier les massacres des autres. Et de surcroît, c’est un homme de Dieu qui ne devrait pas être le chantre de sa tribu.

La croix : Que faites-vous de prêtres jugés coupables de génocide ?

Cardinal Antoine KAMBANDA : Leur cas n’a pas été prévu dans le droit canon. Nous devons inventer tous les jours pour faire face aux conséquences du génocide. Dans ce cas précis, ceux qui sont en prison, il y en a environ cinq, nous leur demandons d’entrer dans un acte de repentance. Nous vérifions avec ceux qui ont terminé, leur peine s’ils ne sont plus animés par l’esprit du génocide.

Si cela n’est pas le cas nous leur demandons de mener une vie de pénitence, de prier pour sauver leur âme et de collaborer avec la justice. Pour les autres, ils sont intégrés parmi nous mais à condition qu’il fasse un profil bas et qu’ils  adoptent une vie de pénitence.

La croix : Et ceux qui sont en Europe?

Cardinal Antoine KAMBANDA : Tout le monde sait. Ici, l’attitude d’un certain nombre de prêtres qui ont trouvé refuge en Europe : il y en a en France, en Belgique, en Italie, en Espagne. Il est impensable pour les communautés qui les accueillent de les voir comme des génocidaires : Ils bénéficient d’un soutien et d’une forme de protection. C’est vrai que c’est difficile à concevoir qu’un prêtre puisse avoir commis des actes de génocide! Tout est difficile à concevoir dans un génocide. La seule chose qu’il faut souhaiter, c’est que la justice puisse faire son travail. Emmanuel MACRON s’est engage sur ce point au Mémorial de Kigali. On ne peut pas souhaiter autre chose.

Ainsi se termine une interview dithyrambique du premier cardinal rwandais qui réclame la justice pour emprisonner ses frères dans l’Eglise tout en banalisant « les faits têtus » rapportés par le rapport Mapping, du simple fait qu’il accuse ses frères de sang Tutsi. Un sophisme semble obnubiler beaucoup de chantres du FRP-Inkotanyi : car les soldats Tutsi ont stoppé les massacres, ipso facto ils ne peuvent pas en commettre de similaires! Quelles conneries! Ainsi l’Eglise catholique rwandaise est automatiquement déclarée rescapée du génocide contre les Tutsi ; le « nous » qui pullule dans l’interview en dit beaucoup. L’église est déjà embrigadée, embarquée dans une guerre diplomatique pour innocenter le régime. Ainsi le Cardinal Antoine KAMBANDA crache sur la mémoire des Congolais tout en oubliant ou ignorant ce qu’une telle attitude a valu à son duo Kagame. Si le Cardinal Antoine KAMBANDA, parlait au nom d’une vraie Eglise Catholique rwandaise, il devrait baisser le ton, et penser à ces Seigneurs évêques comme lui, massacrés par le FPR qu’il défend, ces prédécesseurs de Kabgayi qui gisent à la belle étoile à la place d’un sépulcre digne de ce titre.

Lors de son investiture, comme archevêque de Kigali, le Cardinal André KAMBANDA  a ate publiquement de liquider le litige entre le litige des concessions de l’Eglise catholique rwandaise que son prédécesseur Monseigneur Thaddée Ntihinyurwa n’a pas résolu. Ce jour, toute la communauté chrétienne rassemblée à Amahoro, le plus grand stade  du Rwanda dans son investiture est rentrée, tète basse sans aucune joie car le nouveau archevêque en bon cadre du FPR, céda les deux concessions de l’Eglise catholique de la ville de Kigali : Celle de la paroisse Saint Michelle et celle la paroisse Kacyiru. Voici un  bon cadre du FPR, qui voit dans Kagame, un ange gardien envoyé pour sauver les Tutsi en tuant les Hutus! Un vrai cadre du FPR, qui sait jauger et comprendre et exécuter ce que son chef veut. Les catholiques de Kigali ne comprennent jamais son attitude. Il est trop embrigadé et engagé dans la politique du FPR pour entendre ces ouailles !

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