Par RUGEMINTWAZA Erasme
Depuis l’avènement du FPR à Kigali, la presse rwandaise est en panne. Ceci est attesté par la volonté ferme du régime de Kagame de museler la presse par tous les moyens, Les séquestrations tant corporelles que morales, les violences, arrestations arbitraires, condamnations truquées constituent le lot quotidien des journalistes rwandais. En voici le témoignage de Niyonsenga Dieudonné.
Il n’est pas le premier et jamais le dernier journaliste rwandais d’être arrêté pour le faire taire, le ridiculiser et par là le ruiner. Beaucoup de journalistes, maints journaux ont vu leur image ternie par le régime de Paul Kagame. D’aucuns ont fermé la bouche, d’autres les portes et d’autres se sont vus forcés de quitter leur douce terre, de fuir leur douce patrie qu’ils croyaient pourtant servir ! C’est à la BBC Gahuzamiryango, une émission en Kirundi et Kinyarwanda, bannie du Rwanda depuis 2015, suite à l’émission de BBC2 sur le film « Rwanda Untold Story » que Niyonsenga d’ISHEMA TV, déclare « Ils l’ont fait exprès et voulaient m’amener en prison pour me blesser [Moralement ndlr] ».
Apres onze mois de séquestration, en prison de Kigali, le journaliste Niyonsenga Dieudonné se dit « très heureux » d’avoir été acquitté et libéré de la prison, estimant que l’intention du ministère public n’était autre que la séquestration afin de le faire taire.
Dans une interview accordée à la BBC, Mr. Niyonsenga, 31 ans, également connu sous le nom de Cyuma Hassan, a déclaré: « Ils l’ont fait exprès et voulaient m’amener en prison pour me blesser [Moralement ndlr] ».
Mais il dit pour lui que «rien ne peut changer du tout» dans sa façon de pratiquer sa carrière. «Je dois faire mon métier que je l’ai appris, pas comme [quelqu’un] le veut. Je continuerai à servir la communauté», a-t-il déclaré.
Il dit qu’il va prendre le temps de passer d’abord un examen médical, puis de continuer son travail
Avant son arrestation le 15/04/2020 et sa détention, il travaillait comme journaliste à ISHEMA TV sur YouTube. Il abordait les problèmes les plus cruciaux auxquels la société rwandaise est confronté. Niyonsenga a déclaré que le juge l’avait déclaré innocent de toutes les charges retenues contre lui. Il s’agit notamment de la diffamation à l’encontre des autorités, attaques diffamatoires des fonctionnaires, des coups et blessures délibérés et refus d’obtempérer.
Malgré les prétendues reformes et activités visant la promotion de la presse, le Rwanda reste parmi les pays où le journalisme est une carrière à hauts risques. Il y a des sujets tabous qui restent la chasse gardée des nantis du régime, et une ligne rouge établie et jalousement gardée par les lieutenants du pouvoir. Il y a toujours des inquiétudes concernant la liberté d’expression, le musèlement musclé de la presse même si le gouvernement rejette tout cela, brandissant comme seule explication la naissance et le foisonnement des medias. Mais les professionnels en journalisme, comme Christopher KAYUMBA, ont toujours montré que le journalisme rwandais manque de contenu! En vrai dire, il n’y a pas de journalistes au Rwanda, il y a tout simplement des chargés des RP. Mais en janvier 2021, le ministre rwandais de la Justice, Johnston Busingye, s’est targué d’être le champion des droits de l’homme en osant déclarer, dans une réunion de l’ONU, connue sous le nom d’«Examen périodique universel» (EPU), que les droits de l’homme au Rwanda, comprenant celui de la libre expression, sont garanties!
Niyonsenga conclut son interview par un appel aux forces de sécurité en leur demandant de «garantir et laisser la liberté aux journalistes». Car « Tous les journalistes ne peuvent pas travailler dans la même ligne de louanger le gouvernement », a-t-il déclaré.
Le témoignage de Niyonsenga Dieudonné est, sans ambages, une goutte d’eau puisée dans un océan. L’on sait bien la situation de la liberté d’expression, la force combien musclée du régime de Kagame pour traquer toute voix dissidente : politiciens, journalistes, activistes et même simples paysans. Les arrestations arbitraires, intimidations, les séquestrations, les emprisonnements, les assassinats constituent le lot quotidien des journalistes rwandais. Chaque année, l’Examen Périodique Universel (EPU), en matières des droits de l’homme fait des remarques et critiques acerbes des horreurs du régime de Kagame dans ce domaine. Ce témoignage corrobore aussi, en toute sincérité, le classement mondial de la situation de la liberté d’expression, de la presse/information au Rwanda. Un conseil d’ami, chers lecteurs: Si vous voulez consulter le classement mondial et voir la place du Pays des Mille Collines en matières des droits de l’homme, ne commencez au nombre un, descendez rapidement et soyez attentif à partir de 150!