RWANDA : Qu’y a-t-il derrière la visite de Charles Michel et Louise Mushikiwabo?

Par Marc Matabaro

Selon le compte Twitter du cabinet du président du Rwanda,  dimanche le 7 mars 2021, le président Kagame a reçu Charles Michel, Président du Conseil de l’Union européenne, la Secrétaire Générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), Louise Mushikiwabo et un membre du Parlement européen, Chrysoula Zacharopoulou.

Selon le Bureau du Président, ils sont au Rwanda pour soutenir le programme de vaccination contre le COVID-19 à travers le large programme de vaccination COVAX (COVID-19 Vaccines Global Access), qui prêche une bonne coopération internationale dans la distribution du vaccin contre covid-19 sous le principe de l’égalité entre 200 pays à travers le monde. Mais des observateurs avises de ce qui se passe au Rwanda ces jours-ci, affirment que le voyage ne concerne pas seulement les vaccins (il y en a beaucoup qui sont sceptiques à l’égard de ces vaccins), plutôt  qu’il y  un agenda cache dans les coulisses de la visite, notamment le cas de Rusesabagina et une espèce l’isolement dans lequel  le Président Kagame et son et son régime sont accules par la communauté internationale.

Mais ceux qui suivent de près la vie politique actuelle du Rwanda, affirment que cette visite n’est pas seulement motivée par les vaccins de Covid-19 (surtout qu’il y a beaucoup qui sont sceptiques à l’endroit de ces vaccins) mais plutôt qu’il y a un agenda non officiel, entre autre le procès de Rusesabagina, et une sorte d’isolement dans lequel la communauté internationale accule Kagame et son régime. 

Nous aimerions vous rappeler certains faits qui ont secoué le gouvernement du Rwanda au cours des derniers jours

 – Le Gouvernement rwandais a été invité par de nombreux pays à travers le monde à améliorer la situation des droits de l’homme. C’était dans cadre d’une réunion que l’on appelle l’Examen périodique universel (UPR: Universal Periodic Review), tenu à Genève, en Suisse, le 25 janvier 2021. Dans cette réunion les États membres de l’ONU sont informés de leur situation et avertis en ce qui concerne les droits de l’homme. Dans ce sommet, de nombreux pays se sont opposés au Rwanda d’une manière sans précédent dans l’histoire récente du FPR au pouvoir.

– Le Parlement européen (UE) a publié une déclaration le 11 février 2021 selon laquelle que les membres de l’Union européenne (UE) condamnent les « enlèvement et l’extradition » illégaux  de Paul Rusesabagina vers le Rwanda. Les membres de l’UE ont demandé aux autorités rwandaises de fournir plus de détails  vérifiés par une tierce partie sur « l’arrestation et l’extradition vers Kiglai » de  Rusesabagina. Ils ont également exigé une « enquête internationale, indépendante et crédible sur la manière dont Rusesabagina a été arrêté et extradé ». Les membres du parlement ont appelé l’UE à « prendre des mesures immédiates pour voir si l’arrestation et le jugement de Rusesabagina sont conformes aux normes et au respect des droits de la personne dignes d’un ressortissant de l’UE ». Dans leur recommandation, les députés ont également condamné les affaires à mobile politique au Rwanda, les attaques contre des dissidents et la culpabilisation des personnes avant même le jugement dûment rendu par un tribunal.

– Le 18 décembre 2020, certains membres du Congrès américain, démocrates et des républicains ont écrit au président de la République du Rwanda, Paul Kagame, lui demandant la libération de Paul Rusesabagina. Leur lettre a été rendue publique le 16 février 2021. Cette  lettre a été signée par 14 sénateurs et 21 députés. Dans leur lettre, ils ont demande au président rwandais de rendre Paul Rusesabagina saint et sauf, aux États-Unis, comme résident légal, encore plus honoré d’une  médaille civile décernée par le président des États-Unis appelée «Médaille présidentielle de la liberté», pour regagner sa famille. Ils se disent profondément préoccupés par l’arrestation de Rusesabagina aux Émirats arabes unis et par la façon dont il a été extrade illégalement vers le Rwanda et a été immédiatement placé à l’isolement. 

– La mort de l’ambassadeur d’Italie au Congo a montré que les temps a révolu. Alors que les autorités congolaises et rwandaises accusent (timidement) les FDLR d’être impliquées dans cette mort, la communauté internationale et les médias internationaux ne les croient pas et chose surprenante, le porte-parole des FDLR nie son implication dans cet assassinat et demande plutôt l’ouverture d’une enquête internationale, ce qui est rare au moment où il est bien connu que les FDLR ont jusqu’à récemment, été accusées de toutes les atrocités commises dans l’est du Congo. 

Mais alors que le procès de Rusesabagina se poursuit et que la communauté internationale ne s’est pas encore apaisée, on s’attend a beaucoup d’imprévues jusque même aux sanctions si le gouvernement rwandais continue d’être têtu. 

Personne ne peut s’évertuer et dire que tous les problèmes rwandais prennent racine dans  l’arrestation de Rusesabagina,  il existe plutôt une ferme  volonté internationale de changer le régime au Rwanda, et qu’en dehors des nombreuses années au pouvoir du président Kagame, des mensonges du régime ont commencé à être dévoilé au niveau international, aussi y a-t-il ceux qui trouvent que le président Kagame n’a pas d’avenir à long terme et que plus personne ne peut investir en lui. 

Cette ligne de condamner le gouvernement rwandais en le dévoilant dans l’affaire Rusesabagina qui également soulève d’autres problèmes liés aux droits de l’homme et aux libertés, semble être la ligne éditoriale de  nombreux journaux  de renom mondial et nombreux leaders d’opinion, en particulier ceux qui prenaient Kagame  comme un modèle en Afrique.

Comment le gouvernement rwandais a-t-il réagi?

Pour faire face à cette situation de crise, le président Kagame et son gouvernement ont fait beaucoup de choses différentes, qui auraient été amorcées par l’ancien président français, qui est maintenant devant le tribunal, Nicolas Sarkozy, qui a pris des vacances au Rwanda, d’une manière mystérieusement discrète. Mais d’aucuns doutent  que les vacances ne soient le véritable mobile des  vacances de Sarkozy au Rwanda, d’autant plus qu’il est connu comme l’un des conseillers du président Kagame.

Le gouvernement rwandais, à travers les journaux français  comme Jeune Afrique et Libération, a pu publier un long article expliquant que c’est le prélat Constatin Niyomwungere qui a lui seul ourdi le piège de faire arrêter Paul Rusesabagina avec ses propres astuces, sans l’aide du gouvernement rwandais. 

Cela a été suivi par une interview avec le président Kagame par Richard Quest de CNN, où Kagame  sans vergogne, a prêche qu’il a sa propre démocratie différente de la perception des Européens et  Américains. Il a également tenté d’expliquer que le gouvernement rwandais n’a  joué aucun rôle dans l’arrestation de Rusesabagina.

Toujours dans la tentative de s’emparer des médias internationaux, le ministre de la Justice Johnston Busingye s’est rendu à la télévision internationale Al Jazeera où il s’est ridiculisé devant le journaliste Marc Lamont Hill, admettant que c’est le gouvernement rwandais qui a payé l’avion utilisé pour kidnapper Rusesabagina. Le Ministre a par ailleurs révélé qu’il a envoyé par  erreur à Al Jazeera Television l’interview qu’il a eue avec ses conseillers, dont Terence Fane-Saunders, fondateur d’un Centre de consultance en relations publiques, Chelgate. 

Le gouvernement rwandais n’est pas resté immobile car il a immédiatement fait appel au journaliste Joshua Hammer qui publia un article dans le New York Times, pas très différents de ceux écrits par le journal Rushyashya ou des gens comme Tom Ndahiro. Ce  journaliste, qui tenait à noircir Rusesabagina tout en redorant le blason du président Kagame et à son régime, n’est pas un novice dans les problèmes rwandais car en 1994, quand le Rwanda sombrait, il est apparu dans les médias pour clamer à haute voix que le gouvernement rwandais de l’époque était le seul responsable des meurtres tout en pérorant sur l’innocence du FPR. 

Vient ensuite, la visite du riche Lord Evgeny Lebedev, propriétaire d’une société d’investissement appelée Lebedev Holdings Limited, qui comprend diverses autres sociétés, dont la maison des media The Independent et Evening Standard, meilleures media au Royaume-Uni. Dans un entretien avec le président Kagame, après la signature d’un accord intégrant le Rwanda au Giants Club, un forum de conservation, comme il l’a écrit et publié  ses journaux The Independent et Evening Standard, Kagame a confirmé que de nombreux Hutus ont été tués mais non à cause de leur ethnie, comme ce fut le cas des Tutsis dans le génocide. Cela a été considéré comme un pas majeur effectué par Kagame, incitant ainsi certains politiciens de l’opposition au Rwanda à déclarer un certain nombre de choses, y compris la demande d’une journée pour commémorer le massacre des Hutus.

En fait, le voyage du riche Lord Evgeny Lebedev est un grand mystère; ceux qui s’intéressent à sa vie confirment qu’il a de nombreux amis forts, dont le Premier ministre britannique Boris Johnson et le président russe Vladimir Poutine. Ainsi, en se rapprochant de ce grand richard,  le président Kagame y trouve un stratagème subtil indirect pour se rapprocher de la Russie et avoir un accès aux grands médias et nouveaux leaders d’opinion dans ces moments de crise du pays, vu qu’il perd petit à petit ses anciens alliés.

En conclusion, revenons sur la visite de Charles Michel, président du Conseil de l’Union européenne avec la Secrétaire générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie(OIF), Louise Mushikiwabo, tous deux chefs d’organisations puissantes et influentes et leaders d’opinion, dont le gouvernement rwandais a certainement besoins dans la situation actuelle. L’ancien Premier ministre belge Charles Michel et le fils de Louis Michel, lui aussi  ancien Ministre belge et ami de Kagame, est venu certainement sous les mobiles autres que ceux de COVAX ((que nous analyserons dans un autre article): on peut affirmer que les réels mobiles de cette visite sont plutôt la sauvegarde des intérêts qui puissent pâtir de la perte de notoire de la crédibilité qui fouette Kagame sur la scène internationale. En tant que Belge, Charles Michel sait que son compatriote Paul Rusesabagina est entre les mains de Kagame et que bon nombre des problèmes qui tourmentent le régime de Kagame sont liés à l’enlèvement de Rusesabagina. Ceci indique clairement que sa visite vise à convaincre Kagame de libérer  Rusesabagina. Mais Kagame ne peut pas libérer Rusesabagina sans garantie d’une contre partie surtout l’apaisement de cette tempête qui tourmente sur le pays les problèmes auxquels il est confronté peuvent être exacerbés, mais même dans ce cas, le président Kagame ne peut pas libérer Rusesabagina sans aucun bénéfice ni garantie que la tempête qui souffle sur la pays sera apaisée. En conclusion, on peut dire que la vaccination dare dare de Covid-19 au Rwanda et sous les auspices de dirigeants de calibre mondial tels que Charles Michel et Louise Mushikiwabo cache, peut-être, un plan impérialiste entre les puissances et leurs industries de médicaments et de vaccins avec le régime du président Kagame qui, dans l’agonie, a besoin d’un coup de main pour se remettre.