Rwanda :sectes religieuses ou gang d’escrocs trompant la naïveté des croyants : la justice dans le collimateur 

Par The Rwandan Analyst

Récemment, un prêtre de la paroisse catholique de Rwamagana a été arrêté avec 400 millions de francs rwandais qu’il aurait gardés pour un cousin alors que ces grosses sommes étaient volées par une bande de voleurs. Auparavant, un groupe de voleurs avait organisé un cambriolage chez un pasteur résidant à Kimironko et lui avait volé 70.000 euros. S’adressant à la presse, il se voila le visage et les supplia de ne pas révéler son nom ou sa secte religieuse de peur que les croyants ne lui demandent des comptes sur la source de cette richesse, si elle ne provenait pas réellement de leurs offrandes. Enfin, l’apôtre Dr Paul Gitwaza, chef suprême des Ministères de la Parole authentique alias Zion Temple a été convoqué par l’Office Rwandais d’Investigations pour une affaire impliquant son rôle dans l’extorsion d’argent appartenant à une femme congolaise par ses pasteurs Rugema Gad et Rugwizangoga qu’il avait cautionnés. Ces derniers seront soumis à une procédure de détention provisoire mais libérés apparemment sous pots-de-vin car jusqu’à présent cette femme congolaise n’a pas encore reçu son argent.

En 2015, une femme de la RDC nommée Mamisa Sekikombo qui détient également la nationalité rwandaise et qui réside actuellement à Rubavu avait été en contact avec Apôtre Paul Gitwaza et les deux pasteurs qu’elle a aidés à acheter de l’or et des diamants au Kasaï dont elle est originaire. Au fil du temps, ils l’ont convaincue à apporter ses fonds car ce commerce était florissant ; elle a accepté et leur a donné 22 mille dollars américains et cette transaction fut effectuée en présence de l’apôtre Gitwaza Paul qui s’est porté garant de ses pasteurs. Craignant pour son argent, elle a exigé un contrat qui fut contresigné par Rugema Gad, les deux autres étant témoins à savoir l’apôtre Paul Gitwaza et le pasteur Rugwizangoga.

Depuis lors, ils ont disparu dans la nature et ce n’est qu’en 2018 qu’elle les a débusqués à Nyabugogo ; ils ont tenté de s’échapper mais elle a fait appel aux policiers qui patrouillaient dans les environs ; ils lui ont offert 2000 dollars et ont promis de lui payer le reste dès que possible. Comme ils ne respectaient toujours pas leurs engagements, elle a dû saisir l’Office Rwandais d’Investigations qui a transmis le dossier au Ministère Public et le dossier est parvenu au Tribunal de Base pour une audience de détention provisoire. Le pasteur Rugema Gad s’est vu accorder une liberté provisoire et, plus tard, lors du procès au fond, le tribunal l’a reconnu coupable d’escroquerie et l’a condamné à 2 ans d’emprisonnement et lui a ordonné de rembourser à la femme congolaise son argent.

Cette affaire parmi d’autres prouve suffisamment le vrai visage de nos autorités religieuses qui nous bernent au quotidien.

Pots-de-vin

Avec le dossier RDP 009/2018/TB/KGRMA, le juge a libéré le pasteur Rugema Gad décevant donc toutes les attentes de la dame victime d’escroquerie alors qu’en général la détention provisoire est un bon moyen de coercition et une telle détention aurait pu pousser ce pasteur malhonnête à rembourser la dette afin qu’il puisse exercer sa profession et cela aurait pu éviter une mauvaise image contre la secte religieuse qui bénéficie d’une grande notoriété dans tout le pays et dans la région. Le jugement au fond a satisfait la partie demanderesse mais, étonnamment, il n’a pas été exécuté ; non seulement le pasteur incriminé n’est pas emprisonné mais en plus, il n’a versé aucun centime à la dame.

La justice dans le collimateur

La dame déçue par cette impasse s’est adressée aux membres du gouvernement et surtout a écrit au chef de l’Etat qui d’ailleurs lui avait accordé la nationalité rwandaise. Consterné par ces recours intentés par la malheureuse, le président du tribunal de Grande Instance de Nyarugenge M. Udahemuka Adolphe lui a adressé un petit message lui demandant de ne pas exercer un tel recours en prétendant qu’il n’est pas nécessaire que toutes les autorités examinent son cas. Cette préoccupation du président du tribunal de grande instance conduit tout analyste à concocter deux considérations. D’un côté, comme le montant en jeu est alléchant, le juge qui a traité de la détention provisoire et celui qui a examiné le fond de l’affaire ont été conjointement soudoyés et ont décidé de sacrifier la malheureuse femme congolaise. De l’autre côté, comme contre toute attente la dame décide de ne pas lâcher prise surtout si elle recourt à la présidence, ce laxisme judiciaire frisant la corruption risque de parvenir en haut et déclencher des mesures inattendues et non agréables de la part de ce tribunal, le chef de cette juridiction de la capitale tente d’en prévenir les éventuels méfaits alors que le pire est déjà fait.

Fausses prédications

Certains adorateurs sont assurés que Dieu les couvrira de bénédictions et paiera leurs prêts bancaires et, partant, s’exposent dans des actes qui enfreignent leurs droits humains tels que jeûner pendant une longue période, blesser le corps comme se brûler afin qu’ils souffrent comme Jésus. Certains pasteurs attirent des femmes stériles dans des activités sexuelles avec de fausses promesses qu’elles donneront naissance. Paul Gitwaza, qui est le fondateur et président de l’International Authentic Ministries et pasteur principal du temple de Sion basé à Kicukiro, a récemment déclaré aux fidèles : « Je ne sais pas s’il y a dans ce pays un prophète plus grand que moi. Je ne me vante pas et que Dieu me pardonne si je passe pour un vantard, mais je ne sais pas si vous avez un prophète comme moi dans ce pays ou en Afrique ».

« Peut-être qu’un autre viendra, mais tant que je serai encore en vie, vous n’en trouverez jamais. Allez les chercher, puis dites-moi si vous en trouvez un. Je vous dis la vérité, vous comprendrez cela quand je ne serai plus là ». Le dimanche 23 septembre 2018, l’évêque Rugagi de la Redeemed Gospel Church a exhorté les fidèles à acheter son manuel, qui, selon lui, contient des prophéties qui se produiraient de septembre au 31 décembre. Il a déclaré que ceux qui achèteront les livres sont assurés de la prospérité matérielle, des mariages réussis parmi d’autres promesses comme preuve des faveurs de Dieu.

Face à de telles déclarations, tout analyste attentif peut facilement détecter des plans malveillants que trament ces pasteurs pour attirer la foule des fidèles afin de pouvoir leur extorquer des fonds sur la promesse de faux miracles et cela fonctionne parfaitement dans une société rwandaise sortant du génocide où le recours à Dieu sert comme un remède psychologique, une sorte de counseling.

Même si le droit de culte est légalement garanti, le public doit être vigilant face aux malversations croissantes dans les églises, où apôtres, évêques, prophètes exploitent leur naïveté et commettent contre eux une série de crimes tels que le harcèlement sexuel ; l’escroquerie; abus de confiance et autres délits sous couvert de leurs positions sociales. Malheureusement, le personnel des institutions judiciaires répressives tels que les enquêteurs, les procureurs et les juges attirés par les liasses offertes par ces escrocs en soutane comme une forme de corruption ne soulagent pas la population contre cette criminalité qui sévit dans la multitude des sectes religieuses. A quel Saint devons-nous nous vouer finalement ?