Par Erasme Rugemintwaza
Voici à peu près une année que Rusesagabina est kidnappé par Gouvernement du Rwanda. Il risque la perpétuité, après un procès dont les erreurs et errements sont manifestes. Pourtant depuis son kidnapping, jour pour jour, ses proches font des tractations, pour demander les rectifications les erreurs afin d’un procès équitable. Son pays, la Belgique se tait et semble plutôt être aux abois devant le Rwanda qui refuse toute collaboration. C’est l’indignation totale!
Le procès de Rusesabagina inquiète le monde entier depuis son kidnapping qui est une violation des droits de l’homme les plus flagrants. Que ce soit l’Union Européenne, les Etats-Unis, la Belgique, sa famille, son avocat le Belge Vincent Lurquin, le HRW, la Fondation Lantos, tous ont d’un moment à l’autre montré que ce procès part d’un mauvais qui ne garanti pas un procès équitable : son enlèvement ne cache rein d’autre que l’iniquité du procès. D’aucuns trouvent que le Rwanda n’est pas qualifié à rendre un procès équitable car tout simplement il est jugé et partie. Mme Els Van Hoof dit de l’arrestation que « C’est une violation flagrante de la convention internationale sur la protection contre les disparitions forcées. Les droits ont été systématiquement bafoués.[…] Si le Rwanda n’est pas en mesure de prévoir les conditions minimales d’un procès équitable, la Belgique doit entreprendre des actions pour permettre un procès équitable dans notre pays ».
Depuis son kidnapping, d’ailleurs accepté élégamment par Kigali par la voix du Ministre de la justice Johnston Busingye, la famille de Paul Rusesabagina plus principalement ses trois enfants Roger Rusesabagina, Anaïse Kanimba et Carine Kanimba avec son avocat, Me Vincent Lurquin, continuent inlassablement leur odyssée en quête de la justice. Ce n’est pas la première fois ni la dernière qu’ils animent une conférence de presse et font des interviews pour retracer le calvaire et l’injustice qui se profile contre Rusesabagiuna et de demander l’intervention de la Communauté internationale.
Le 25 août 2021 Roger Rusasabagina , ses deux sœurs et le Me Vincent Lurquin ont animé une conférence de presse à Bruxelles Cette fois-ci ils s’indignent contre la Belgique qui se fait « victime consentante » de l’arrogance du Rwanda.
Au départ Kagame terrorise la communauté internationale
Pour répondre à l’inquiétude internationale grandissante quant au procès de Rusesabagina que tout voit l’iniquité et pressent l’aboutissement tragique, Kagame a répondu « Bien sur, j’en appelle à un procès équitable de mon cote. Ce n’est pas le Royaume-Uni ou les Etats Unis, ou l’Union Européenne. Non, je souhaite voir un procès équitable aussi. Pourquoi? Oui, vous savez, c’est ainsi que les gens disent des choses insensées et finissent par être racistes. C’est comme si on disait, la seule façon d’être juste en Afrique ou au Rwanda, c’est que cela soit surveillé par l’Europe, les Etats-Unis, ou un autre pays. Non, pas du tout ».
Ii y a trois mois, dans l’interview avec le journal Jeune Afrique le 25/05/2021, voici la réponse que Kagame a réservé à la communauté internationale qui dit que Rusesabagina été kidnappé : « il y a deux aspects bien distincts dans cette affaire. Le premier c’est le processus qui a mené Rusesabagina à Kigali. Le second, c’est de savoir si Rusesabagina est coupable ou non. Il faut arrêter de mélanger les deux. S’il est établi qu’il a été arrêté de manière illégale, alors il serait possible d’argumenter sur ce point, d’en faire une procédure à part et d’en débattre. Mais si d’un autre côté, quelqu’un vous dit que ce même Rusesabagina appartient depuis plusieurs années à un groupe terroriste qui attaque le Rwanda. Que c’est étayé par des preuves qui sont présentées en ce moment même devant une cour de justice, ça ne peut pas être ignoré. Il existe même des déclarations où il se vante d’être leader de l’un de ces groupes qui agissent en RDC ou au Burundi. Si les Etats-Unis ou la Belgique, où il vivait depuis plusieurs années, avaient voulu engager des poursuites pour ces faits-là, nous leur aurions fourni les mêmes preuves ».
« Parce qu’il aurait soit disant arrêté de manière « illégale », il devrait s’en sortir, alors que ce groupe terroriste a tué des gens au Rwanda ? Je préfèrerais que les deux affaires soient traitées séparément. Ou ceux qui le disent prouvent qu’il a été illégalement arrêté. Si une affaire est ouverte, très bien, nous argumenterons. Mais il faut aussi le juger pour ce dont il est suspecté au Rwanda. S’il est innocent il sera libre. S’il est coupable il en paiera le prix. Si les gens pensent qu’il a été arrêté parce qu’il est un héros, statut qui lui a été accordé grâce à un film qui au départ devait être un film de fiction, cela démontre leur niveau de paresse», dit Kagame.
Une collaboration judiciaire à sens unique
Les propos de Kagame prouvent tout simplement son refus de reconsidérer la procédure d’arrestation de Rusesabagina même s’il semble comprendre que cela devrait constituer une délibération judiciaire. Et c’est ce débat judiciaire que Me Vincent Lurquin réclame toujours. Car non seulement Rusesagagina est poursuivi par Kigali mais aussi il y a un procès ouvert en Belgique, qui doit se poursuivre en là-bas, car une enquête est toujours en cours. « Il y a un dossier ouvert en Belgique, qui n’est pas encore clôturé, ce qui nous permet de demander un transfèrement », a ajouté l’avocat qui s’interroge: « pourquoi la Belgique continue-t-elle à se taire? ».
C’est cette quête d’un débat judiciaire digne de ce nom et d’une collaboration respectant les valeurs de la justice universelle, que tel Don Quichotte, Vincent Lurquin, va aller à Kigali pour tenter de voir son client Rusesabagina Ce fut horrible. En fait, ce 19 août 2021, Me Vincent Lurquin, a une nouvelle fois tenté de rencontrer son client Paul RUSESABAGINA, pour son procès en Belgique et non pour le procès de Kigali. Le barreau rwandais qui savait très bien la visite de Me Lurquin va semer une confusion générale qui va transformer me Luqruin en usurpateur. A la prison de Nyarugenge, sa demande de voir soc client Rusesabagina est d’abord rejetée. Me Vincent Lurquin s’insurgea : « J’ai le droit de le rencontrer et aucune autorité dans un Etat de droit ne peut pas me l’interdire ». Et dans sa colère, il vocifère « Le Rwanda viole les droits les plus élémentaires », et s’indigne que « Les juges et la communauté internationale se taisent ». Ce fut un moment chaotique, qui va se transformer à une tragi-comédie pour ridiculiser Me Vincent Lurquin et une fois de plus, se moquer de la Belgique. Me Vincent Lurquin a été chassé du Rwanda, presque à coups de bottes, comme immigrant interdit! Ce fut le comble!
Les précisions sur cette visite au Rwanda vont être plus claires dans la conférence de ce 25 aout 2021 en Belgique. Me Vincent Lurquin a précisé que la Belgique avait collaboré avec la justice rwandaise sur le dossier en Belgique, et qu’il est venu au Rwanda avec l’accord de toutes les autorités habilitées dont le bâtonnier belge pour voir Rusesabagina Que tout simplement il fut surpris quand il a été malicieusement évité par le bâtonnier rwandais. Pourtant, part la voie de sa Ministre des affaires étrangères, Sophie WILMES, la Belgique avait introduit trois demandes aux autorités rwandaise pour qu’il puisse voir son client. Voici ce qu’il a dit de ces demandes : « Je viens de recevoir il y a 15 minutes la réponse à trois notes verbales introduites depuis un an : ils répondent négativement et refusent que j’aille voir mon client à la prison ; le procureur général de Kigali a donné des instructions au juge d’instruction belge pour se dessaisir de son dossier (…). Est-ce que véritablement le parquet de Kigali peut donner des instructions à un juge d’instruction en Belgique sans que personne ne se lève ? On n’a jamais vu cela au niveau judiciaire». Le juge d’instruction belge avait, lui aussi écrit quatre fois au Rwanda, sans réponse.
Me Vincent Lurquin a bien souligné qu’il est allé à Kigali, non pour le procès de Kigali, qui était d’ailleurs au moment de faire tomber le verdict, un procès qui s’est déroulé en Kinyarwanda, la langue qu’il ignore, mais pour le procès en Belgique. Tout ce qui a été dit sur sa visite ne sont que des diffamations, car en un juriste qui s’y connaît, il ne pouvait pas prétendre représenter Rusesabagina devant à la justice rwandaise, sans permission préalable ni consentement explicite de l’autorité compétente ou de collaboration de deux barreaux, belge et rwandais.
Mais tout cela soulève le questionnement. Comment la Belgique qui a laissé les Rwandais emmener des travaux judiciaires en Belgique, dans ce procès de Rusesabagina, jusqu’à la perquisition même du bureau Rusesabagina, se laisse-t-elle intimidée par le Rwanda, jusqu’à expulser son avocat?
Pourtant les canaux qui puissent faciliter un vrai débat judiciaire de l’affaire de Rusesabagina, existent mais semblent être obstrués par Kigali. Car non seulement le parquet rwandais a été permis de travailler en Belgique sur le ce dossier de Rusesabagina mais il y a aussi la jurisprudence dans le cas de Guy THEUNIS, ressortissant belge comme Rusesabagina qui a été intercepté à Kigali pour être traduit devant les juridictions Gacaca. Le cas de Guy THEUNIS, arrêté en 2005, pour la présomption de participer dans le génocide, sera tout simplement traité par l’un des canaux possibles entre des Etat, la diplomatie. L’on sait bien que la coopération belgo-rwandaise date de très longtemps, et qu’elle est très importante en matière de la justice. Les juridictions Gacaca étaient presque totalement financées par la Cooperation technique belge d’antan. De surcroit, la Belgique a fait son mea culpa quant à son rôle dans le Génocide contre les Tutsi. Sur ce point Me Lurquin ne manque pas de monter qu’il y a une certaine « arrogance envers la Belgique » qui est devenue « une victime consentante ».
L’autre canal, toujours possible est la coopération juridique, le procureur fédéral de la Belgique peut le faire. Ici aussi il y a des actes qui témoignent que cela est possible. Le parquet rwandais a bel et bien collaboré avec le parquet de la Belgique. Mais là encore il y a lieu de déplorer que la coopération est à sens unique, qu’il n’y a pas de réciprocité et que cette attitude déroute tout le monde. Les autorités belges se taisent et rejettent tout au chef de la diplomatie belge Madame Sophie WILMES, dont un non catégorique a été donne à ses notes verbales.
Cette conférence du 25 août 2021 avait pour objectif de démontrer combien la Belgique est plus que méprisée par le Rwanda dans l’affaire de Rusesabagina. C’était une occasion pour la famille de crier son indignation envers le gouvernement belge qui abandonne son citoyen tout en cédant à on ne sait quel chantage du Rwanda. La famille de Rusesabagina a ainsi exposé l’injustice de Rusasabagina pour obtenir le soutien de l’union européenne dont, elle aussi, la résolution du 22/02/2021, qui demandait à Kigali de permettre une investigation neutre sur la « légalité » de l’arrestation de Rusesabagina est jusqu’alors restée lettre morte. Qu’attendrait-elle d’autant plus que les faits concordants ont établi que c’est contre son gré que Paul Rusesabagina a été amené au Rwanda. Faits d’ailleurs acceptés par Kigali par le biais du Ministre de la justice Johnston Busingye. Qui finalement va rétablir la justice? Il ne faut pas surtout que ce soit trop tard!