Le 27 août 2024, les Sénateurs américains Marsha Blackburn et Jeff Merkley ont adressé une lettre au Commissaire de la NBA, Adam Silver, exprimant leurs profondes préoccupations concernant les liens étroits que la National Basketball Association (NBA) entretient avec le gouvernement rwandais dirigé par le Président Paul Kagame. Cette collaboration, qui remonte à 2018, suscite de vives critiques, notamment en raison des pratiques autoritaires et des violations des droits humains largement documentées sous le régime de Kagame.
Depuis plus de deux décennies, Paul Kagame règne sur le Rwanda avec une poigne de fer, limitant sévèrement la liberté d’expression et la liberté de la presse. Les voix dissidentes, qu’il s’agisse de candidats de l’opposition ou de journalistes, sont fréquemment réprimées par l’incarcération, la disparition forcée, ou pire, l’assassinat. En dépit de cette réalité sombre, la NBA a choisi de renforcer ses relations avec le gouvernement rwandais, notamment en aidant Kagame à construire une nouvelle arène de 104 millions de dollars pour la Ligue Africaine de Basket-ball (BAL), contribuant ainsi à l’expansion de la NBA sur le continent africain.
L’une des principales critiques formulées par les Sénateurs concerne le soutien présumé du gouvernement rwandais au groupe rebelle M23 en République Démocratique du Congo (RDC). Ce groupe, impliqué dans des atrocités telles que le recrutement d’enfants soldats, l’utilisation de violences sexuelles comme arme de guerre, et la torture de civils, a conduit des dizaines de milliers de Congolais à fuir leurs foyers. L’implication de Kagame dans ces conflits soulève de sérieuses questions éthiques sur l’opportunité pour la NBA de continuer à collaborer avec un dirigeant accusé de telles violations des droits humains.
Au-delà des frontières rwandaises, le régime de Kagame a également été impliqué dans la répression transnationale, ciblant des dissidents vivant à l’étranger, y compris aux États-Unis. Ces pratiques de répression à l’échelle internationale sont bien connues et documentées, et pourtant, la NBA continue de traiter Kagame comme un allié digne de confiance, l’invitant à des événements prestigieux organisés à travers l’Amérique du Nord.
Les préoccupations soulevées par Blackburn et Merkley ne se limitent pas au Rwanda. Ils critiquent également la NBA pour ses relations troubles avec la Chine, un autre pays accusé de graves violations des droits humains. Les Sénateurs demandent à la NBA de clarifier sa position et ses politiques, notamment en ce qui concerne l’utilisation de la main-d’œuvre forcée dans le cadre de ses activités commerciales.
Les questions soumises à Adam Silver dans cette lettre visent à comprendre l’étendue de la relation de la NBA avec le gouvernement rwandais et à savoir quelles mesures la ligue prend pour améliorer la situation des droits humains dans le pays. Les Sénateurs soulignent l’importance pour la NBA de respecter les normes internationales en matière de droits humains et de ne pas compromettre ses principes au profit du gain financier.
La NBA, qui s’est longtemps présentée comme un modèle de justice sociale, est aujourd’hui confrontée à un dilemme éthique majeur. Le soutien à des régimes autoritaires comme celui de Kagame envoie un message contradictoire et soulève des questions sur les priorités réelles de la ligue. Alors que le monde assiste à une montée des régimes autoritaires, il est crucial que des institutions influentes comme la NBA prennent position contre les violations des droits humains et utilisent leur pouvoir pour promouvoir des réformes en matière de gouvernance.
La NBA doit se demander si son engagement en faveur de la justice sociale est compatible avec le maintien de relations lucratives avec des régimes autoritaires. Le silence face aux atrocités, que ce soit au Rwanda ou ailleurs, ne devrait jamais être une option pour une organisation qui prétend défendre des valeurs universelles. Les réponses que fournira Adam Silver d’ici le 3 septembre 2024 seront déterminantes pour l’avenir de la relation entre la NBA et le régime de Paul Kagame, et plus largement, pour la crédibilité de la NBA en tant qu’acteur responsable sur la scène internationale.