Les fonds de la sécurité sociale saisis par les dignitaires du régime pour leurs affaires, quel est le sort du travailleur rwandais?

Par The Rwandan Analyst

L’Office rwandais de sécurité sociale possède (RSSB) des sommes importantes de travailleurs qui versent chaque mois 3% de leur salaire brut à cette institution. A court d’argent, le régime rwandais dans le cadre de ses investissements se l’est approprié à titre de crédit mais jusqu’à présent il n’a rien remboursé. Quel sera le sort de nos salariés qui ne savent pas où va leurs contributions?

Kagame a saisi les fonds de pension du Rwanda. Ses financiers mettent les fonds de la sécurité sociale du Rwanda dans l’investissement au profit d’au moins huit de ses sociétés commerciales évalués à 45,3 millions de dollars américains qui n’ont versé aucun dividende depuis que l’investissement a été réalisé. La perte annuelle du fonds de pension sur le prix de revient sur cet investissement a atteint 28 millions de dollars américains en 2018. Le général Paul Kagame a longtemps utilisé pour son commerce le fonds de pension du Rwanda – ses sociétés du parti au pouvoir ont été créées avec l’argent de la pension pouvant atteindre 50 pour cent des capitaux propres. Le Fonds monétaire international (FMI) exige le remboursement de ces fonds de sécurité sociale – la pression extérieure a contraint le gouvernement Kagame à promettre de réformer le RSSB et de rendre l’agence transparente et responsable. Reste à savoir si le fonds de pension ainsi saisi sera définitivement libéré. Le général Paul Kagame et son empire commercial de 500 millions de dollars US du Front patriotique rwandais, Crystal Ventures Ltd, et ses filiales : Ruliba Clays, East African Granite Industries Ltd, Inyange Industries Ltd et Crystal Telecom. Chaque année, l’Auditeur Général des Finances du Rwanda documente les énormes pertes de l’Office rwandais de sécurité sociale, notant que les entreprises dans lesquelles le RSSB investit paient rarement des dividendes. En 2018, par exemple, l’auditeur général a signalé que huit sociétés dans lesquelles RSSB a investi 43 537 948 867 Frw ou 43,5 millions de dollars US « n’ont versé aucun dividende depuis le moment de l’investissement initial ou de la création ».

L’auditeur général a indiqué que les pertes de dividendes annuelles du fonds de pension dans les huit sociétés « sont passées de 19 milliards de francs rwandais (19 millions de dollars américains) en 2017 à 28 milliards de francs rwandais (28 millions de dollars américains) en 2018 ». Avec ces énormes pertes pour le fonds de pension du Rwanda, c’est la même chose année après année. Pour le prétendu gardien de l’argent de la retraite du peuple rwandais, à savoir le gouvernement du général Paul Kagame, c’est comme si de rien n’était. Mais il y a du changement dans l’air, grâce à l’intervention du Fonds monétaire international (FMI). Sous la pression du FMI, le gouvernement a promis d’assainir le RSSB dans les termes suivants : « Nous nous engageons à maintenir les finances du RSSB transparentes et viables. Le nouveau plan stratégique du RSSB pour 2020-2025 détaille un ambitieux programme de réformes pour transformer l’agence… Nous restons attachés à la révision prévue de l’allocation d’actifs du RSSB et avons l’intention de l’achever et de soumettre le rapport associé à la direction du RSSB d’ici juin 2021. » Le gouvernement ajoute que l’Office rwandais de sécurité sociale se verra accorder « une autonomie significative dans la détermination de ses politiques stratégiques et opérationnelles affectant ses plans de réforme ». Le gouvernement déclare en outre que « nous restons déterminés à atteindre l’objectif ultime – c’est-à-dire procéder à un examen de l’allocation d’actifs du RSSB » qui doit être achevé d’ici juin 2021. Il reste à voir si le gouvernement a terminé l’examen de l’allocation d’actifs du RSSB d’ici juin 2021 comme promis au FMI.

Analyse

-Le népotisme au service des intérêts du patron

Auparavant, Kagame avait installé son beau-frère, Innocent Gakwaya, en tant que président du conseil d’administration du RSSB. À la mort de Gakwaya, Kagame l’a remplacé par Ephraim Twahirwa, l’ancien PDG de l’empire commercial du parti au pouvoir. Sans surprise, Crystal Ventures Ltd a utilisé l’argent de la pension pour établir ses filiales, notamment Inyange Industries Ltd, East African Granite Industries Ltd, Crystal Telecom et Ruliba Clays Ltd. Espérons que l’utilisation arbitraire du fonds de pension du Rwanda est terminée. Pour s’assurer de la gestion du RSSB par les gens du régime, Cyomoro Ivan Kagame, le fils aîné du président a proposé la nomination de son ami et ancien camarade de classe M. Rugemanshuro Regis qui dirige cette riche institution au poste de directeur général ; une position clé pour leur décaisser facilement les fonds qu’ils souhaitent sans avoir à rendre de comptes à qui que ce soit.

-Politiques pour voler l’argent du travailleur

Alors que la majorité des travailleurs réclamait que l’âge de la retraite soit abaissé de 65 à 60 ans et que la retraite anticipée soit fixée à 55 ans ; ce qui atténuerait au moins en partie le problème du chômage car le grand nombre de retraités serait remplacé par de jeunes recrues pour l’instant au chômage, le régime a opposé une fin de non-recevoir et propose pour le moment de revoir cet âge à la hausse pour atteindre 70 ans et demande aux employeurs limiter les retraites anticipées.

La conséquence est que compte tenu de l’espérance de vie des Rwandais, en avançant cet âge, la plupart des travailleurs mourront au travail sans avoir atteint cet âge et le RSSB continuera à garder l’argent et les ayant droit du défunt auront déjà dépassé l’âge pour en bénéficier. N’est-ce pas une sorte de vol déguisé?

Conclusion

Est-ce que grâce à la pression du FMI, les fonds de pension accaparé sera libéré de Kagame et de son parti au pouvoir pour de bon ? En effet, l’intervention du FMI est une bonne nouvelle car aucune institution nationale ne peut tenir Kagame de responsable. Espérons que l’appropriation des retraites des travailleurs rwandais pour des intérêts privés s’arrêtera désormais. Surtout, espérons que Kagame ne nommera plus de parents ou d’amis aux postes de direction du Conseil rwandais de la sécurité sociale. Naturellement, les réformes envisagées et les lois à promulguer pour revoir le fonctionnement de cette institution n’auront aucun impact compte tenu des modalités de recrutement du personnel au Rwanda qui restent dénuées de toute transparence et que le Rwanda habitué aux pratiques d’influence diplomatique et de corruption indirecte mais efficace a toujours sous-estimé la pression internationale en toute impunité.