Quatorze ans après avoir secoué la présidence de Bill Clinton, l’ex-stagiaire de la Maison-Blanche menace de révéler les derniers détails scabreux de leur liaison interdite…
Inspirés par le vice, ses épaisses lèvres rouges esquissent toujours un sourire ovale et ses petits doigts potelés n’ont rien perdu de leur agilité. Monica Lewinsky a aujourd’hui trente-neuf ans, mais l’ex-stagiaire de la Maison-Blanche a repris le traitement de texte, avec un plaisir cette fois non dissimulé. Oubliez la chick lit, place à la bitch lit: après avoir participé à une première biographie larmoyante, rédigée par Andrew Morton, la pulpeuse créature, éclaboussée par les ardeurs présidentielles de Bill Clinton de 1995 à 1997, puis un inévitable scandale d’ampleur internationale en 1998, se refuse à tourner la page et promet, au contraire, de relever encore plus haut les draps sales de leur passion clandestine.
Excitant les éditeurs, prêts à débourser jusqu’à 9,2 millions d’euros pour publier ses mémoires débridées, l’insolente fait circuler la rumeur d’un sommaire sulfureux.De sa passion pour les jeux érotiques avec un cigare à sa tendance à confondre les robes pour des Kleenex, rien ne nous avait été épargné, à propos des pulsions de l’ancien chef d’Etat, dont l’une des mains pouvait appuyer sur le bouton atomique tandis que l’autre faisait claquer la ficelle du string de sa préposée aux photocopies.
Pris en flagrant délit de mensonges, accusé de parjure et menacé de destitution, Bill terminera son mandat, en empruntant la porte de la honte. Hillary Clinton, la cocue magnifique, elle, se forgera un destin d’insubmersible. Alors que madame, actuellement Secrétaire d’Etat de l’administration Obama, nourrit le rêve d’être la deuxième Clinton au 1600 Pennsylvania Avenue, c’est un cauchemardesque retour sur les lieux que Monica lui promet assure. Ponctuant le tout de poèmes pornographiques qu’elle n’osa jamais lui envoyer, celle que le Président surnommait «kiddo» (la gamine) entend en effet détailler le penchant tordu de son mentor pour «les plans à trois», sa curiosité extrême pour «les sextoys en tous genres» et sa fascination pour «les orgies». God bless America!
Pour Hillary, la messe a déjà été dite, il y a belle lurette. Selon miss Lewinsky, à la plume décidément bien trempée, Bill l’aurait convaincue, à l’époque de leurs frottis-frottas peu constitutionnels, que la vie sexuelle de son couple légitime n’était plus qu’un lointain souvenir «risible». A Monica, sa monture pleine de jeunesse, d’entrain et de fougue, il opposait, sans pitié, «ce poisson froid» d’Hillary, qu’il soupçonnait de chercher elle-même satisfaction ailleurs. Cerise déconfite sur le chees-cake : un douloureux avortement serait révélé par l’ex-stagiaire, qui, peu avant de tomber sous le charme du Président, se serait laissée entreprendre par un autre employé de la Maison-Blanche. De quoi faire passer, une fois pour toutes, ce haut lieu de pouvoir pour le dernier des lupanars et l’administration Clinton pour un casting de film X…
Mais pourquoi ce grand déballage, quatorze ans après les (mé-)faits ? Après avoir tenté de commercialiser une ligne de sacs à main réversibles, joué les égéries pour les programmes d’amincissement Jenny Craig, pigé en tant que correspondante américaine pour la chaîne anglaise Channel 5 et participé à des émissions de téléréalité toujours plus médiocres, Monica, réfugiée à Londres et diplômée d’un master en psychologie sociale par la London School of Economics, aux dernières nouvelles, s’inquièterait pour son avenir. « Bill Clinton a bousillé sa vie, plus personne ne veut l’embaucher, elle a besoin de se faire de l’argent d’une manière ou d’une autre », assure-t-on dans son entourage. La vengeance a un prix. Aux Clinton de payer cher…
Thomas Durand