Le jeudi 12 septembre 2023, des affrontements violents ont éclaté autour de Goma, dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), entre le groupe armé M23 et les forces gouvernementales. Cette journée de combats, qualifiée de « très intense » par les témoins locaux, a marqué un nouveau chapitre dans un conflit qui dure depuis des années et pourrait bien précipiter une guerre à grande échelle.
Des combats d’une intensité inédite
Dès les premières heures de la journée, les habitants de la région proche de Sake, à environ 25 kilomètres à l’ouest de Goma, ont rapporté des tirs nourris d’armes légères et lourdes, qui ont résonné pendant la majeure partie de la journée. Selon Marc Zigila, membre de la société civile de la région de Masisi, les combats ont été particulièrement intenses, rappelant des conflits passés, et ont semé la panique parmi la population locale. Plusieurs civils ont fui leurs maisons, fuyant les violences qui se déroulaient à proximité du principal axe routier reliant Sake, Shasha, Bweremana, et Minova.
Des victimes civiles des deux côtés
Le bilan humain reste flou et difficile à vérifier. Le porte-parole politique du M23, Lawrence Kanyuka, a accusé les forces gouvernementales d’avoir tiré des obus dans des zones sous contrôle du M23, tuant cinq civils dans les localités de Bufaransa, Bihambwe, et Tongo. Cependant, des sources locales et certains journalistes à Goma rapportent également qu’un obus provenant des positions du M23 aurait frappé le quartier de Mugunga, au nord-ouest de Goma, causant la mort de trois civils.
Ces affrontements, particulièrement intenses à Bweremana, ont également perturbé la vie quotidienne dans la région. Selon Radio Okapi, soutenue par les Nations Unies, les élèves ont été contraints de rester chez eux toute la journée, en raison des tirs incessants.
La menace d’une guerre ouverte
Ces événements surviennent alors que les tensions entre le M23 et les autorités congolaises s’exacerbent. Le M23, soutenu par l’Alliance Fleuve Congo, accuse le gouvernement du président Félix Tshisekedi de mauvaise gouvernance et réclame la sécurité des Tutsis congolais ainsi que le retour des réfugiés. Plus récemment, le groupe a ajouté à ses revendications la démission du président Tshisekedi.
Dans une déclaration à la suite des combats de jeudi, Lawrence Kanyuka a averti que ces attaques pourraient déboucher sur une guerre ouverte, en dépit des efforts internationaux pour promouvoir la paix dans la région des Grands Lacs. Selon Kanyuka, les actions militaires menées par le gouvernement congolais menacent directement les pourparlers de paix actuellement en cours.
Des négociations en cours et des accusations mutuelles
Alors que les combats se poursuivent sur le terrain, des négociations se déroulent simultanément à Luanda, en Angola, où les représentants des gouvernements de la RDC et du Rwanda, ainsi que des délégués du M23, tentent de trouver une solution diplomatique. Cependant, ces discussions sont entachées par des accusations réciproques entre les deux pays.
La RDC accuse régulièrement le Rwanda de soutenir le M23, une accusation que Kigali rejette catégoriquement, affirmant que Kinshasa collabore avec les Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé hostile au régime rwandais. Cette situation complique davantage la recherche d’une solution durable, malgré la pression exercée par la communauté internationale.
Patrick Muyaya, ministre de la Communication de la RDC, a déclaré lors d’une interview le lundi 11 septembre que les discussions à Luanda portaient sur deux points essentiels : la nécessité de démanteler le FDLR et le retrait des troupes rwandaises de la RDC. Toutefois, la présence ou non de troupes rwandaises en RDC reste un point de friction majeur, alimentant les tensions régionales.
Un avenir incertain
La reprise des hostilités entre le M23 et les forces gouvernementales congolaises met en péril les fragiles accords de cessez-le-feu que Kinshasa et ses alliés internationaux tentaient de consolider. Alors que les négociations se poursuivent à Luanda, la crainte d’une guerre à grande échelle plane sur la région. Le président Félix Tshisekedi, déjà critiqué pour sa gestion de la crise, doit faire face à une situation de plus en plus complexe. De son côté, le M23 continue de renforcer ses positions, tout en avertissant que l’escalade des combats pourrait mener à une guerre totale, malgré les efforts régionaux pour maintenir la paix.
La communauté internationale, en particulier les Nations Unies et l’Union Africaine, doit agir de toute urgence pour éviter une dégradation supplémentaire de la situation dans l’est de la RDC, où des millions de civils sont déjà affectés par des décennies de conflit. La région des Grands Lacs reste, plus que jamais, à la croisée des chemins entre la paix et la guerre.